Un rapport de l’Unicef rendu public jeudi met l’accent sur la difficulté endurée par les ménages pour accéder à une eau salubre. En cause: les prix de l’eau en bouteille ou celle assurée par les opérateurs privés qui ont plus que doublé depuis un an, ainsi que l’incapacité des offices des eaux à desservir la population, à cause de la crise.

Une fois de plus, l’Unicef tire la sonnette d’alarme, mettant en garde contre l’impact sur les enfants du manque d’accès à l’eau propre et salubre. Dans un rapport publié jeudi, l’agence onusienne a souligné qu’en avril 2022, "les familles, qui dépendaient de l’eau en bouteille pour répondre à leurs besoins en eau potable, devaient débourser une somme trois à cinq fois supérieure à celle versée un an plus tôt". "Une famille de cinq personnes, qui boit 10 litres d’eau par jour, doit compter près de 6,5 millions de livres par an, une somme qui vient s’ajouter au coût de l’eau utilisée à des fins hygiéniques ou pour la cuisine", lit-on dans le rapport.

Le prix de l’eau constitue "un fardeau pour les plus vulnérables, qui doivent souvent réduire leurs dépenses en matière d’alimentation, de santé et d’éducation pour joindre les deux bouts".
©Unicef

Intitulé Lutter pour garder les robinets ouverts, le document souligne que le coût moyen d’un camion-citerne d’eau d’une capacité de 1.000 litres a atteint 145.000 livres en avril 2022, un montant six fois supérieur à celui versé en 2019 pour la même quantité d’eau et deux fois supérieur au coût d’un camion-citerne d’eau en avril 2021.

D’après le rapport, "les multiples crises économiques empêchent le gouvernement d’assurer le carburant nécessaire au fonctionnement des centrales électriques, ce qui s’est traduit par des coupures d’électricité persistantes". "Une situation qui est aggravée par l’inflation et les fluctuations du prix mondial du carburant, rapporte le texte. Cela affecte directement les offices des eaux, qui ont besoin de longues heures d’alimentation en courant pour faire fonctionner les stations de pompage, traiter et distribuer l’eau. Les opérateurs privés sont sévèrement touchés par ces prix et par la pénurie du carburant, puisqu’ils ont besoin de diesel pour faire fonctionner leurs générateurs et camions-citernes."

Parallèlement, constate l’Unicef dans le rapport, "près de 40% de l’eau produite par les offices des eaux est perdue en raison des fuites et de la consommation illégale, alors que nombre du personnel qualifié quitte son emploi à la recherche de meilleures opportunités de travail".

La crise de l’eau affecte également les hôpitaux et les différents centres de soins de santé, comme les écoles, fait remarquer l’Unicef. Or, "un approvisionnement insuffisant en eau salubre représente un risque énorme pour les nourrissons et les jeunes enfants, particulièrement vulnérables aux maladies liées à l’eau qui sont l’une des principales causes de décès chez les enfants de moins de 5 ans".

Selon l’Unicef, "un approvisionnement insuffisant en eau salubre représente un risque énorme pour les nourrissons et les jeunes enfants, particulièrement vulnérables aux maladies liées à l’eau qui sont l’une des principales causes de décès chez les enfants de moins de 5 ans".
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L’Unicef souligne en outre que depuis le début de la crise économique et financière il y a plus de trois ans, l’alimentation en eau par les offices a baissé de manière dramatique. Elle est inférieure à la quantité minimum acceptable, soit 35 litres par jour.

Or en 2022, le gouvernement a publié de nouveaux tarifs pour les abonnements annuels au réseau public d’approvisionnement en eau. Ceux-ci ont été majorés de 268 à 335%. Un mètre cube d’eau par jour coûte désormais au ménage entre 800.000 à 1 million de livres par an. "Cette somme constitue un fardeau pour les plus vulnérables qui doivent souvent réduire leurs dépenses en matière d’alimentation, de santé et d’éducation pour joindre les deux bouts", souligne l’Unicef.

L’agence onusienne souligne enfin que depuis la crise, elle a augmenté son soutien aux services d’approvisionnement en eau pour assurer un accès à l’eau potable.