Dans le cadre de la campagne des seize jours d’action contre la violence basée sur le genre, un appel à renforcer les sanctions contre les auteurs des agressions sexuelles a été lancé par l’ONG Abaad.

"Une peine sérieuse pour un crime sérieux", "J’ai déshonoré ma famille. Je dois mourir pour sauver son honneur", "Chers députés, sanctionnez mon agresseur", "La justice est mon honneur"… Ces slogans inscrits en rouge sur des vêtements blancs ont été étalés samedi sur des fils à linge dressés place de l’Étoile, au centre-ville de Beyrouth, par une dizaine de militantes venues dénoncer les agressions sexuelles commises contre les femmes. Elles ont appelé les législateurs à amender les lois de manière à renforcer les sanctions contre les auteurs de ces crimes.

Ce rassemblement a été organisée par l’ONG Abaad qui lutte pour les droits de la femme, dans le cadre de la campagne des seize jours d’action contre la violence basée sur le genre. Lancée vendredi, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, fixée au 25 novembre, elle se poursuivra jusqu’au 10 décembre, date de la Journée internationale des droits de l’homme.

Ghida Anani, directrice de Abaad, a souligné à cette occasion l’absence de chiffres précis sur les cas d’agressions sexuelles. Elle a en outre invité les femmes à rapporter les agressions sexuelles dont elles font l’objet, "parce que la protection et la sécurité de la survivante est une priorité" et qu’elle a "le droit d’accéder à la justice".

"Chers députés, sanctionnez mon agresseur", peut-on lire sur cette chemise, lors d’un rassemblement organisé samedi place de l’Étoile pour dénoncer les agressions sexuelles commises contre les femmes. ©Photo tirée de la page Facebook de l’ONG Abaad

Six femmes sur 10 se taisent

Et pour cause, puisque six femmes sur dix ayant été victimes d’agressions sexuelles ne dénoncent pas le crime, selon un rapport publié vendredi par Abaad, par peur de d’entacher "l’honneur de la famille". D’après le document, 75% des femmes interrogées estiment que l’agression sexuelle constitue avant tout une agression physique et psychique et 71% d’entre elles affirment que la société considère ce crime comme une atteinte à l’honneur de la famille.

Cette étude, menée auprès de 1.800 femmes âgées entre 18 et 50 ans, avait pour objectif de mettre l’accent sur les agressions sexuelles au Liban, mais aussi de savoir si les victimes signalaient ce crime et les raisons pour lesquelles elles préfèrent se taire. Il en ressort que 55% des femmes qui ont été victimes d’agressions sexuelles n’ont pas signalé le crime. De plus, 60% des femmes interrogées se sont prononcées en faveur du renforcement des sanctions, plaidant pour la prison à perpétuité.

Selon les chiffres des services de sécurité, 37 cas de harcèlement sexuel, 20 cas de viol et 57 cas d’agression sexuelle ont été signalés en 2022.

Ghida Anani déclare à cet égard que l’ONG Abaad œuvre pour l’amendement du Code pénal afin de renforcer les sanctions contre les agressions sexuelles et ainsi rendre justice aux victimes.

Une femme sur trois, victime de violence

De leur côté, les Nations unies, le Groupe de travail sur le genre, le Groupe de travail pour la lutte contre la violence basée sur le genre et la Commission nationale de la femme libanaise ont également donné vendredi le coup d’envoi à la campagne de 16 jours. Placée sous le thème "Unissons-nous pour mettre fin aux violences faites aux femmes", elle a pour objectif de pousser les partenaires de l’ONU, les autorités concernées et la société à lutter contre ce fléau. À juste titre, puisque selon l’ONU la violence dont sont victimes les femmes reste l’une des principales violations aux droits de l’homme, touchant une femme sur trois à l’échelle internationale. De fait, selon les chiffres internationaux, une femme dans le monde est tuée toutes les 11 minutes par l’un des membres de sa famille.

"Vos souhaits ne l’aideront pas et vos jurons ne l’arrêteront pas. Vos actions le feront", peut-on lire sur cette affiche de la campagne de 16 jours pour lutter contre les violences faites aux femmes.