Vu la moindre virulence du variant Omicron, de nombreuses personnes cherchent à attraper le coronavirus pour " en finir avec l’infection ". Une décision qui est loin d’être judicieuse, selon les spécialistes, surtout si on n’est pas vacciné.

Malgré sa haute transmissibilité, le variant Omicron du coronavirus est moins virulent que ceux qui l’avaient précédé. À tel point que certaines personnes espèrent l’attraper, question " d’en finir avec l’infection ". Une telle option est-elle valable pour le Liban où jusqu’à mardi seules 40,2% des personnes éligibles à la vaccination, c’est-à-dire celles âgées de 12 et ans plus, ont déjà reçu deux doses du vaccin et 21,6% d’entre elles ont eu leur dose de rappel? Nesrine Rizk, professeure adjointe de maladies infectieuses et directrice du programme de gestion antimicrobien au Centre médical de l’Université américaine de Beyrouth, répond aux questions d’Ici Beyrouth.

Vu la moindre virulence du variant Omicron, d’aucuns cherchent à se faire contaminer pour " en finir avec le Covid-19 ". Faut-il le faire?

Selon les données des Centres de contrôle et de prévention des maladies aux États-Unis (CDC) et de grands centres hospitaliers universitaires dans le monde, le variant Omicron semble provoquer des symptômes moins graves chez les personnes vaccinées. Ce qui n’est pas le cas des individus non vaccinés, des observations cliniques ayant montré qu’en termes de sévérité et de mortalité, le variant Omicron est juste légèrement moins virulent que les variants précédents.

Sur un autre plan, les enfants, qui constituent dans de nombreux pays la majorité de la population non vaccinée, sont potentiellement à risque de développer des complications sévères du Covid-19, quel que soit le variant. Jusqu’à présent, nous ignorons quelles sont les complications à long terme d’une infection au variant Omicron chez eux. Aux États-Unis toutefois, les CDC ont constaté que les enfants ayant eu le Covid-19 sont jusqu’à 2,5 fois plus susceptibles d’être diagnostiqués avec un diabète. De même, une augmentation du syndrome inflammatoire multi-systémique, myocardite ou péricardite (inflammation de la paroi du cœur), a été constatée chez eux. Les risques du covid long chez les enfants sont également méconnus.

Donc, comme il n’est pas possible d’affirmer que le variant Omicron sera moins virulent chez les enfants, il est déconseillé de laisser volontairement les enfants l’attraper, surtout s’ils ne sont pas vaccinés.

Avec Omicron, risque-t-on de souffrir également du long covid?

Il faut être très prudent et ne pas se dire que le variant Omicron est moins dangereux, pour deux raisons. D’une part, le coronavirus responsable du Covid-19 n’est pas un virus comme les autres, parce qu’il mute rapidement et qu’il y a un risque que de variants préoccupants émergent. D’autre part, nous n’avons pas assez de recul pour identifier les effets à long terme du covid long causé par les différents variants.

Nous ignorons à ce stade aussi si le vaccin protège du long covid. Des études sont en cours pour déterminer les risques qu’ont les personnes vaccinées ou pas de souffrir d’un long covid en cas d’infection.

Nous savons que le variant Omicron provoque une infection moins grave chez les personnes entièrement vaccinées et chez celles qui ont eu une dose de rappel. En ce qui concerne les non-vaccinées, ils encourent le même risque d’admission à l’hôpital ou en unité de soins intensifs qu’avec les autres variants. De nouvelles études publiées par les CDC montrent que les vaccins à ARN messager protègent à 90% du risque d’hospitalisation en cas de contamination avec Omicron.

Plusieurs pays comme le Royaume-Uni et le Danemark ont levé les mesures restrictives, malgré un fort taux de cas enregistrés au quotidien. Le Liban peut-il se permettre de le faire ?

Les pays qui allègent les mesures restrictives comptent sur un système de santé assez performant et sur des taux de vaccination élevés. Ce qui n’est pas le cas du Liban où le taux de vaccination reste faible.

Il n’en reste pas moins qu’à l’échelle mondiale les préoccupations relatives aux moyens de sortir de la pandémie persistent, d’autant que globalement, le taux de vaccination reste faible et que de nouveaux variants risquent encore d’émerger. Il est dangereux de mettre ensemble des individus vaccinés et non-vaccinés alors que le virus a une capacité d’évolution. Nous savons que les vaccins confèrent une immunité. Il est important donc de vacciner le plus de gens possibles et le plus rapidement possible pour arrêter la propagation du virus et éviter l’émergence de nouveaux variants. Nous avons appris que la contamination au coronavirus ne peut pas à elle seule conférer une immunité durable, d’où l’importance de la vaccination.

Le Liban doit informer davantage sur l’efficacité des vaccins. Le port du masque reste primordial en cette phase, même pour les personnes vaccinées pour arrêter la transmission du virus.