L’avocat Rami Alleik a été radié du Barreau de Beyrouth, selon des sources proches de l’ordre des avocats. Cette décision datant du 18 novembre 2021, fait suite à une plainte déposée par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) contre lui pour outrage à la justice, diffamation et calomnies à l’encontre du pouvoir judiciaire, ainsi que pour menaces contre le procureur général de la Cour de cassation, Ghassan Oueidate.
D’après une source informée, M. Alleik avait aussi été déféré devant le conseil disciplinaire du Barreau pour une série d’infractions à la loi relative à l’organisation de la profession d’avocat, ainsi que du code de déontologie. Cette radiation est irréversible et exécutoire. Toutefois, M. Alleik pourra faire un recours, mais il sera du ressort de la cour d’appel de l’ordre de le rejeter ou de l’infirmer.
À titre de rappel, Rami Alleik devait se présenter devant les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) pour répondre des accusations faites à son encontre. Il avait refusé de se soumettre, ce qui lui a valu une arrestation violente en pleine rue, en mai dernier.
L’ancien bâtonnier du Barreau de Beyrouth, Melhem Khalaf, avait organisé des rassemblements de soutien avec M. Alleik et imposé une grève, dans le but de dénoncer " une violation des lois et un glissement vers l’État policier ", lorsqu’une décision judiciaire interdisant l’avocat d’exercer pendant deux mois avait été rendue. M. Khalaf avait déclaré quelques jours plus tard en avoir " ras-le bol d’une magistrature soumise, hautaine, improductive, et non libre ". Il avait aussi appelé à ce que la justice reste indépendante et loin du " cartel politique, judiciaire et sécuritaire ". L’ancien bâtonnier insistait à réitérer que seul le conseil de l’ordre des avocats détenait la compétence de prendre ce genre de décision, à l’encontre de l’un de ses membres, et que la décision rendue du CSM portait atteinte de manière flagrante à l’action du conseil de l’Ordre.