La liste emmenée par le président sortant de l’ordre des journalistes Joseph Kossaifi a été réélue mercredi soir dans son intégralité, ce qui devrait permettre à M. Kossaifi de briguer un nouveau mandat de trois ans.

La liste "l’Unité syndicale" présidée par M. Kossaifi a obtenu plus de 80% des suffrages exprimés.

Plus de 900 journalistes étaient appelés à élire leurs représentants au sein de l’ordre. Organisé au siège de la CGTL à la Corniche du fleuve (Beyrouth), le scrutin s’est achevé à 17h avec un taux de participation de plus de 73% (671 votes). Les 910 journalistes inscrits à l’ordre qui s’étaient acquittés de leurs cotisations étaient appelés à choisir douze membres du conseil de l’ordre, dont le président.

Hormis les candidats individuels, une liste complète, menée par Joseph Kossaifi, et deux autres incomplètes s’affrontaient pour représenter les journalistes au sein du conseil de l’ordre : "L’Unité syndicale" comptait en plus de M. Kossaifi, Salah Takieddine, Nafez Kawass, Georges Chahine, Ali Youssef, Wassef Awada, Scarlett Haddad, Youmna Chakar Ghorayeb, Walid Abboud, Hanadi Samra, Georges Bkassini et Ghassan Rifi.

L’une des deux listes rivales, celle "des journalistes indépendants", était formée d’Anthony Geagea, Nouhad Topalian, Yakzan el-Takki et May Abboud Abi Akl.
La troisième liste "Journalistes pour un syndicat libre" comptait Rima Khaddaj, Khalil Fleyhane, Daoud Rammal, Marlène Khalifé, Mohammad el-Dika, Jeanne d’Arc Abi Yaghi et Safa Kara Mohammad.

Le scrutin s’est déroulé calmement en dépit des différentes violations enregistrées et soulevées par les candidats et par l’Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE). A titre d’exemple, Joseph Kossaifi aurait ajouté des noms sur les listes électorales durant le scrutin, évoquant une "erreur involontaire" lors de la finalisation des listes. Or le conseil de l’ordre est accusé par différents confrères de ne pas être transparent concernant l’adhésion des membres, qui obéirait aux règles du clientélisme politique.

La journaliste Elissar Kobeissi, au nom du groupe "Un syndicat de presse alternatif " créé à la suite du soulèvement populaire du 17 octobre 2019, s’était également présentée aux élections pour pouvoir surveiller le déroulement du scrutin, notamment à la suite des différentes violations constatées lors des précédents élections. Elle a obtenu 93 voix, soit un peu moins de 14% des suffrages.
Dans un entretien accordé à Ici Beyrouth, la journaliste Elsy Moufarrej a ainsi critiqué le fait qu’un nombre particulièrement élevé de journalistes ne soit toujours pas inscrit à l’ordre, dans une volonté manifeste d’endiguer tout changement intérieur. Une consœur qui souhaitait garder l’anonymat racontait également qu’il "fallait un piston pour entrer à l’ordre et qu’elle n’y avait adhéré que grâce à une collègue", se demandant même si c’était "une bonne chose d’en faire partie".

Le nouveau conseil doit se réunir dans les prochains jours pour officialiser le retour de Joseph Kossaifi à la présidence de l’ordre et se mettre au travail. Plusieurs défis de taille attendent le syndicat, notamment des enjeux sociaux tels que l’adhésion des journalistes à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), pour faire en sorte que tous les journalistes membres de l’ordre puissent bénéficier d’une assurance médicale et d’une assurance vieillesse, et mettre en place une caisse mutuelle.

L’ordre doit aussi protéger les journalistes qui se retrouvent souvent malmenés et violentés sur le terrain dans le cadre de leur mission, ou convoqués par es tribunaux civils ou militaire.
Il convient de noter qu’un projet de loi pour la réorganisation du secteur de l’information, actuellement à l’étude au Parlement, est contesté par les journalistes qui trouvent que le projet comporte des éléments qui contreviennent aux libertés fondamentales. Il appartiendra au nouveau conseil de l’ordre de protéger et sanctuariser ces libertés.