Dans un entretien accordé à Ici Beyrouth, Mayssa Mouawad revient sur son expérience aux championnats du monde U20 d’athlétisme, où elle a pulvérisé son record personnel sur 100 mètres. 

Mayssa Mouawad a pulvérisé son record personnel sur 100 mètres au cours des championnats du monde d’athlétisme U20, qui ont eu lieu en Colombie du 1er au 6 août. La jeune libanaise a, en effet, couru la distance en 12:09 secondes, alors que son précédent record était à 12:19 secondes. Mayssa est donc désormais à seulement 8 centièmes du record du Liban U20 sur 100 mètres, détenu par Gretta Taslakian. Entretien.

Racontez-nous votre course sur 100 mètres, au cours des championnats du monde U20?

Je suis ravie d’avoir pu battre mon record personnel de 12:19 secondes. Cela faisait un moment que je n’avais pas amélioré mon score. Je sais que je peux courir plus vite. Mon équipe m’a soutenue tout ce temps et je leur suis très reconnaissante. Au cours des championnats du monde, mon départ a été très lent. Mon temps de réaction n’a été que de 0:22 seconde au départ.

Ce mauvais départ s’explique en partie par le fait que je suis arrivée moins de 72 heures avant la course en Colombie. J’avais fait plus de 24 heures de vol et j’ai dû m’adapter au décalage horaire de huit heures à mon arrivée. Et être grand de taille est déjà à la base un handicap pour le départ.

Un autre élément qui a joué en ma défaveur est que j’ai dû m’adapter à de nouveaux types de "Starting blocks", qui sont différents de ceux que nous avons au Liban. En contrepartie, j’avais des conditions favorables pour courir vite, avec des concurrentes très rapides, l’altitude qui aide pour le sprint et la motivation de représenter le Liban.

Comment était cette expérience sur le plan extra-sportif? Qu’est-ce que cela vous a fait de côtoyer les meilleurs athlètes au monde de votre génération?

C’était une superbe expérience sur le plan extra-sportif. Le fait de côtoyer des athlètes de différentes nationalités et cultures était très enrichissant. Le contact a été facile du fait de ma sociabilité et de notre passion commune pour l’athlétisme. Le fait que je sois trilingue (français, arabe, anglais) m’a beaucoup aidée. À l’hôtel, il y avait par exemple la délégation française, des délégations arabes et la délégation néo-zélandaise, et j’ai pu communiquer avec tout le monde.

Un autre aspect positif était la présence de recruteurs américains, qui m’ont montré beaucoup d’intérêt. On m’a déjà fait des offres pour rejoindre des clubs américains et j’envisage cette option en faisant un master aux États-Unis, après avoir fini mes deux dernières années à l’AUB.

Mon seul regret est que Cali est une ville dangereuse. La fédération internationale nous a laissées sortir, mais certaines délégations avaient imposé des règles strictes à ses athlètes. Au final, nous n’avons pas fait de tourisme du fait de la dangerosité de la ville.

Est-ce que cette expérience dans les championnats du monde vous incite à poursuivre votre carrière ou, au contraire, vous vous dites que la différence de niveau avec les meilleurs athlètes au monde est trop dure à combler en s’entraînant au Liban?

Cette expérience m’a beaucoup encouragée à poursuivre ma carrière. Je me suis d’ailleurs rendu compte que je ne suis pas si loin du très haut niveau. Certes, il y a du travail à faire, mais plusieurs spécialistes m’ont dit que j’avais énormément de potentiel. J’ai encore une marge de progression de la musculation que je vais faire dans les années à venir.

Parallèlement, cette expérience m’a permis de réaliser combien la différence de moyens entre le Liban et les meilleures nations au monde est importante. La crise au Liban a rendu nos moyens encore plus limités. Les athlètes d’autres nations étaient par exemple très étonnés que je ne sois pas accompagnée de ma coach. Je n’étais accompagnée que par la vice-présidente de la Fédération libanaise d’athlétisme, Nadia Nehme. Mon autonomie pour gérer la préparation de la course a été très appréciée et saluée par d’autres équipes.