Autour du ministre sortant de l’Information, Ziad Makari, des représentants d’un grand nombre de médias locaux ont engagé une réflexion vendredi autour des moyens d’optimiser la transmission de l’information et, surtout, de barrer la voie au discours de la haine, dont certains sites, pour la plupart opérant sans licences, se font l’écho. Un exercice parfois difficile dans un pays où le discours de la haine n’est pas celui des médias, mais celui des hommes politiques qui bâtissent leur popularité sur un langage qui divise. Cette problématique a été longuement évoquée avec le ministre à la faveur d’un état des lieux dressé du paysage médiatique au Liban. Celui-ci reste, en dépit de la crise, une source de fierté pour le ministre, à cause de son dynamisme et de la qualité de l’information qu’il produit, malgré les difficultés auxquelles il est exposé et qui ne sont pas toujours d’ordre financier. Car, les médias restent dans la ligne de mire de certains politiques qui ne tolèrent pas la critique. "Le corps médiatique et moi-même sont fiers de la liberté de l’information au Liban et de notre industrie médiatique", a lancé Ziad Makari devant ses convives.

Le ministre a cependant relevé qu’il existe au Liban plus de 2.000 sites qui opèrent sans licence et qui se contentent de notifier les ministères concernés de leur naissance. Il a expliqué que son département s’efforce d’établir un mécanisme simple pour les recenser, depuis que certains essaient de provoquer la discorde, d’entretenir un discours de haine et de s’en prendre à des personnalités politiques, à des journalistes, voire même, à des Libanais qui n’ont pas une qualité officielle.

La discussion a d’ailleurs tourné autour de ce thème. L’importance de la promulgation d’une loi sur l’information qui préserve la liberté de la presse et qui protège les journalistes, tout en régissant le secteur de l’information, a été mise en relief en même temps que la problématique de l’emprisonnement d’un journaliste, toujours prévu par la loi. Ziad Makari a rappelé dans ce contexte qu’un projet de loi sur l’information est sous examen en commission parlementaire. Son problème, a-t-il cependant observé, est qu’il doit être sérieusement amendé parce qu’il ne correspond plus au paysage médiatique actuel, en pleine évolution.

Le ministre a en outre révélé qu’il a rendu visite au procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, pour discuter avec lui de tout le dossier des poursuites engagées contre des journalistes et des abus dont ces derniers sont parfois victimes. L’idée étant que toute plainte contre un journaliste soit seulement suivie au niveau du tribunal des imprimés, alors que pour le moment, certains sont convoqués devant le bureau de lutte contre la cybercriminalité.

Quoi qu’il en soit, au terme des débats, une dizaine de recommandations ont été adoptées. L’accent a été mis en particulier sur la liberté de l’information, mais une liberté "responsable fondée sur les critères et les valeurs qui constituent le pilier du journalisme, écrit ou audiovisuel". Les principes mis en avant vont ainsi tous dans le sens d’une responsabilisation afin de faire primer les considérations nationales ainsi que les éléments qui rassemblent les Libanais.