L’ex-président français François Hollande a annoncé samedi sa candidature aux législatives en Corrèze sous la bannière du Nouveau Front populaire, tandis qu’une crise éclatait au sein de La France Insoumise (LFI) autour de conflits liés aux investitures.

L’ancien président de la République François Hollande est candidat aux législatives en Corrèze sous la bannière du Nouveau Front populaire, faisant ainsi son retour dans la vie politique, a appris samedi l’AFP auprès de son entourage.

L’ex-député socialiste de Corrèze et ex-maire de Tulle sera candidat "dans la première circonscription" du département, a-t-on précisé, confirmant une information de La Montagne. Il devrait s’exprimer dans la journée.

Jeudi soir, l’ancien chef de l’État (2012-2017), détesté par une partie de la gauche radicale et entretenant des relations glaciales avec le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, s’était dit "favorable" à l’union à gauche sous la bannière du Nouveau Front populaire pour faire barrage à l’extrême droite.

Il avait plaidé, au second tour, pour un soutien aux candidats les mieux placés pour "éviter l’extrême droite", même s’ils sont LR ou de la "majorité" présidentielle, défendant un "principe de désistement" de la gauche le cas échéant.

Sa candidature constitue une surprise. Selon un cadre socialiste, c’était Bernard Combes, maire de Tulle et ami de François Hollande, qui avait été investi.

Âgé de 69 ans, l’ancien président a été député de Corrèze de 1988 à 1993 et de 1997 à 2012.

Coup de massue

Toujours à gauche, coup de massue du côté de LFI après la décision de ne pas réinvestir plusieurs figures opposées à Jean-Luc Mélenchon, mettant ainsi le feu aux poudres au sein du Nouveau Front Populaire.

La patronne des Écologistes, Marine Tondelier, "extrêmement choquée", dénonce "une purge" et réunit la direction de son parti, EELV.

Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, accuse La France insoumise de "salir" le Nouveau Front populaire par "des décisions irresponsables" et tente de "régler la scandaleuse éviction".

Les causes de la gronde sont doubles: un proche de Jean-Luc Mélenchon, Adrien Quatennens, député sortant du Nord, condamné en 2022 à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour violences conjugales, a été réinvesti vendredi soir par la formation de gauche radicale.

En revanche, Danielle Simonnet, élue à Paris, ainsi que Raquel Garrido et Alexis Corbière, députés de Seine-Saint-Denis, opposés à la ligne du tribun, ont été brutalement écartés et remplacés par d’autres candidats inconnus du grand public.

"Un parti politique émancipateur, ça ne fonctionne pas comme une entreprise privée où le patron vous licencie car il ne peut plus vous encadrer", a tonné Alexis Corbière, samedi, sur Franceinfo, accusant Jean-Luc Mélenchon de "régler ses comptes" avec ses anciens proches.

"On n’a pas décidé ça comme ça, de manière autoritaire, on a eu des remontées de militants et nous avons maintenant des candidatures de figures qui incarnent le Front populaire", s’est défendu après de l’AFP un proche du fondateur de LFI.

Une question est cependant dans tous les esprits: les divisions au sein de LFI ne risquent-elles pas d’affaiblir le Nouveau Front populaire, à deux semaines du premier tour?

"Les “purgés” doivent être soutenus. Et l’accord doit tenir, le programme doit être défendu. La campagne doit être menée", a lancé sur X François Ruffin, autre frondeur.

Mais "il faut être dingue pour penser que de telles méthodes n’auront pas d’influence sur la mobilisation", a regretté Alexis Corbière.

Ligne unitaire

Raquel Garrido, Danielle Simonnet et Alexis Corbière ont expliqué qu’ils maintiendraient leur candidature aux législatives, même sans l’étiquette du Nouveau Front populaire.

Ce qui laisse mathématiquement présager d’une division des voix, même si leurs circonscriptions, plutôt populaires, semblent promises à la gauche, avec ou sans le logo de LFI.

"Ces gens-là prévoyaient de ne pas être dans notre groupe parlementaire après l’élection", accuse le proche de Jean-Luc Mélenchon. Leur éviction "ne va pas parasiter le lancement du Front populaire, on parle juste de personnes", assure cette même source.

Deux autres députés sortants, Hendrik Davi (Bouches-du-Rhône) et Frédéric Mathieu (Ille-et-Vilaine), ne sont pas non plus dans la liste des candidats de La France insoumise pour le scrutin des 30 juin et 7 juillet.

Aux yeux de la direction, ces cinq élus sont coupables d’avoir dénoncé le manque de démocratie au sein du mouvement et, selon M. Corbière, d’avoir "porté une ligne plus unitaire", alors que les divisions ne cessaient de s’accentuer entre les différentes formations de gauche.

Leur éviction semble donc paradoxale alors que l’union vient de se faire avec la création du Nouveau Front populaire.

"Sans laisse ni muselière"

"L’extrême droite tape à la porte du pouvoir. Et que font-ils? Ils divisent. Ils purgent des candidats sortants, sans autre motif qu’ils et elles ont une parole libre, sans laisse ni muselière", a également dénoncé, samedi, François Ruffin.

Plus discret médiatiquement que d’autres dans sa dénonciation de la machine insoumise, le député de la Somme a semblé acter dès vendredi soir sa rupture avec LFI.

Il a d’ailleurs été investi comme "porte-parole de Picardie Debout", son micro-parti, et rangé avec les candidats d’ouverture, comme Philippe Poutou.

Clémentine Autain, autre frondeuse en conflit avec la direction insoumise, a accusé cette dernière de "créer du dégoût de la politique".

À part les concernés, les élus insoumis ont peu réagi après l’annonce des investitures.

Jérémy Marot, avec AFP