Préparé de longue date, l’accord portant sur un échange historique de 24 prisonniers et de deux enfants, survenu jeudi, entre la Russie et des pays occidentaux dont les États-Unis et l’Allemagne, interroge sur ses potentielles conséquences sur la guerre en Ukraine.

" Cet échange de prisonniers révèle que les États-Unis et la Russie ont maintenu des discussions et qu’ils se parlent depuis longtemps " sur ce dossier, souligne Lukas Aubin, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Comme pendant la Guerre froide, une période marquée par de nombreux échanges de ce genre entre Américains et Soviétiques.

"Le MIT (services de renseignement turcs, ndlr) a mené à Ankara l’opération d’échange de prisonniers la plus importante de ces derniers temps, qui a impliqué 26 personnes provenant des prisons de sept pays différents (États-Unis, Allemagne, Pologne, Slovénie, Norvège, Russie et Biélorussie)", a annoncé la présidence turque dans un communiqué.

"Dix prisonniers, dont deux mineurs, ont été transférés en Russie, treize en Allemagne et trois aux États-Unis", précise la présidence turque.

"Les prisonniers ont été transportés en Turquie par sept avions, dont deux des États-Unis, un d’Allemagne, de Pologne, de Slovénie, de Norvège et de Russie, dans le cadre de l’opération d’échange de prisonniers", précise-t-elle encore.

Outre Evan Gershkovich figurent l’ancien marine Paul Whelan, emprisonné en Russie depuis fin 2018, Vadim Krassikov, un agent russe présumé emprisonné en Allemagne pour l’assassinat d’un ex-commandant séparatiste tchétchène à Berlin en 2019, Rico Krieger, un Allemand condamné au Bélarus pour "terrorisme" et "mercenariat" et l’opposant russe Ilia Iachine, condamné fin 2022 à huit ans et demi de prison pour avoir dénoncé des crimes imputés à la Russie en Ukraine.

Les noms des autres prisonniers concernés n’ont pas été communiqués par la présidence turque.

La présidence turque souligne que les services de renseignement turcs ont mené cette opération "depuis le début du processus de négociation jusqu’au moment final où les échanges ont eu lieu".

"Le MIT a veillé à toutes les mesures de sécurité, à la planification logistique, au respect des exigences et a facilité la communication et la coordination entre les parties."

Selon son compte-rendu, "tous les prisonniers ont été débarqués et placés en lieux sûrs, sous la supervision du MIT" où ont été effectuées "des procédures de ratification entre les parties, les contrôles de santé des prisonniers et l’accomplissement des autres formalités requises".

Le président américain Joe Biden a remercié jeudi son homologue turc Recep Tayyip Erdogan après le vaste échange de prisonniers entre la Russie et plusieurs pays occidentaux réalisé à Ankara, a indiqué la présidence turque.

Le Royaume-Uni s’est " vivement félicité " jeudi de l’échange de prisonniers entre la Russie, se disant " particulièrement soulagé " pour ses ressortissants concernés, l’opposant russe Vladimir Kara-Mourza et l’ancien marine américain Paul Whelan, tous deux binationaux.

Les Etats-Unis ont oeuvré à ce que la Russie libère l’opposant Alexeï Navalny avant qu’il ne meure en détention, a affirmé jeudi la Maison Blanche en commentant l’échange " historique " de 24 prisonniers et deux mineurs entre Moscou et les Occidentaux.

Volker Türk " exprime son soulagement après la libération d’Evan Gershkovich, Vladimir Kara-Mourza, Alsu Kurmasheva et Oleg Orlov, entre autres. Tous les journalistes et défenseurs des droits détenus uniquement pour avoir fait leur travail doivent être libérés. Ils doivent pouvoir travailler en toute sécurité, sans crainte ", a indiqué le Haut-commissariat sur le réseau social X.

Ioulia Navalnaïa, veuve de l’ex-ennemi N°1 du Kremlin, Alexeï Navalny, mort en février en prison, elle même en exil, s’est dit jeudi heureuse de la libération de prisonniers politiques dans le cadre d’un important échange entre Moscou et l’Occident.