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Ici Beyrouth revient sur l’affaire Sonatrach, entreprise algérienne qui fournit du gaz naturel à l’international et qui approvisionnait le Liban jusqu’en 2021 avant qu’un scandale n’éclate et que le pays du Cèdre ne se tourne vers l’Irak.

Aujourd’hui, lundi, arrive la cargaison de gazole que l’Algérie a offert gracieusement au Liban pour le sortir de la crise "électrique" dans laquelle il se trouve pour la énième fois. C’est l’occasion de revenir sur le contrat que Sonatrach avait conclu en 2009 avec Électricité du Liban (EDL).

Sonatrach est la compagnie nationale des hydrocarbures d’Algérie. Fondée en 1963, c’est l’une des plus grandes entreprises pétrolières et gazières africaines et mondiales. Elle est responsable de l’exploration, de la production, du transport, de la transformation et de la commercialisation du pétrole et du gaz naturel en Algérie.

Sonatrach et Électricité du Liban (EDL) ont signé, en 2009, un contrat en vertu duquel la société algérienne fournissait du gazole pour alimenter les centrales électriques libanaises afin de pallier les pénuries récurrentes de courant au Liban. Le contrat spécifiait les volumes de gaz à fournir, ainsi que les caractéristiques techniques et la qualité du gazole. Le prix était déterminé en fonction des fluctuations des cours mondiaux du pétrole, avec des ajustements périodiques basés sur les conditions du marché. Les livraisons se faisaient par transport maritime sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). La fréquence et la quantité des livraisons étaient définies avec des ajustements possibles en fonction des besoins d’EDL et des conditions d’approvisionnement.

Rupture du contrat en 2021

En 2021, Sonatrach a signifié à EDL qu’elle ne renouvellerait plus son contrat d’importation de carburant. Cette interruption est survenue tout d’abord en raison de la crise économique et financière sévissant au Liban, qui a entraîné des retards de paiement importants et des difficultés à honorer les engagements. Les multiples crises politiques ont également contribué à cette situation entraînant des tensions avec Sonatrach.

Mais l’arrêt du contrat n’est pas anodin après l’affaire du "fuel défectueux" de 2019. En effet, le Liban aurait reçu du carburant non conforme aux normes, même si le certificat de qualité au port de départ de la marchandise assurait qu’il l’était. Puis il y a eu des accusations de corruption. Cette affaire impliquait des allégations de versement de pots-de-vin pour obtenir des contrats de construction et de services au Liban. Elle a fait du bruit en raison des implications potentielles relatives aux relations internationales et aux affaires régionales.

Par conséquent, la justice libanaise a intenté un procès en avril 2020 et des chefs d’accusations ont été retenus contre 22 personnes mais cela a été classé sans suite.

Après Sonatrach, le Liban s’est tourné vers l’Irak pour l’approvisionnement en carburant. Les deux pays ont signé, le 23 juillet 2021, un accord qui est entré en vigueur en septembre 2021 en vertu duquel l’Irak fournit du carburant aux centrales électriques libanaises à des conditions avantageuses, la quantité ayant été fixée à 100.000 tonnes par mois. Cet accord annuel a été renouvelé une première fois en août 2022 et puis une deuxième fois en mai 2023 prévoyant que l’Irak augmente ses livraisons à 1,5 million de tonnes par an. Toutefois, en raison de sa teneur élevée en soufre, le carburant irakien ne peut être utilisé directement dans les centrales libanaises. De ce fait, le Liban achète un type de carburant compatible auprès d’autres fournisseurs sélectionnés par appel d’offres et, en échange, ces derniers reçoivent le carburant irakien.

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