L’opposition vénézuélienne, qui conteste la réélection de Nicolas Maduro, appelle à une nouvelle manifestation ce mercredi, marquée par la montée en puissance de Diosdado Cabello, nouvel homme fort du ministère de l’Intérieur.

L’opposition vénézuélienne, qui revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet, va à nouveau manifester ce mercredi contre le président Nicolas Maduro, auteur d’un remaniement qui a vu Diosdado Cabello, homme fort du pouvoir prendre les rênes de l’Intérieur.

"Dans la rue le 28! Un mois après la victoire du 28 juillet, le Venezuela et le monde refusent la fraude de Maduro et son régime", a écrit l’opposition sur les réseaux sociaux, appelant à des rassemblements dans le pays.

Parallèlement, une manifestation pro-Maduro est programmée à Caracas.

C’est le quatrième grand rassemblement auquel appelle l’opposition après ceux des 30 juillet, 3 et 17 août. À deux reprises, la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado, qui vit dans la semi-clandestinité depuis le scrutin, avait fait un discours avant de disparaître à moto. Les deux précédentes manifestations se sont déroulées sans incidents majeurs.

L’annonce de la réélection de Nicolas Maduro, 61 ans, avait toutefois provoqué des manifestations spontanées qui ont fait 27 morts et 192 blessés, de source officielle. Quelque 2.400 personnes ont en outre été arrêtées, selon la même source.

"Ils (le pouvoir) essaient de nous briser, de nous déconcentrer et de nous terrifier. Nous allons de l’avant, pour Perkins (Rocha), pour tous les prisonniers et les persécutés, et pour le Venezuela dans son ensemble", a lancé Mme Machado, évoquant l’arrestation du célèbre avocat de l’opposition mardi.

M. Maduro, dont les partisans vont aussi défiler mercredi pour fêter "sa victoire", a opéré mardi un important remaniement ministériel avec plusieurs changements de portefeuilles.

"Persécution"

Le plus important: le puissant Diosdado Cabello prend en main l’Intérieur et la Justice. Souvent considéré comme un dur du pouvoir, M. Cabello, ancien compagnon d’armes de l’ex-président Hugo Chavez, a aussitôt donné le ton: "Je reviens à ce ministère 22 ans plus tard, j’étais ministre de l’Intérieur en 2002. Nous étions dans cette bataille aux côtés du président Chavez et nous les avons vaincus à ce moment-là", a-t-il dit, faisant référence aux manifestants antigouvernementaux en 2002.

Le président Maduro a aussi "ratifié" au poste de la Défense le général Vladimir Padrino Lopez, qui a juré à plusieurs reprises sa "loyauté absolue" au pouvoir malgré les appels de l’opposition à se rallier à elle.

Le 22 août, sans surprise, le Tribunal supérieur de justice (TSJ), considéré comme inféodé au pouvoir, a validé la réélection de M. Maduro pour un troisième mandat.

Ce dernier a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE), qui n’a cependant pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d’un piratage informatique.

Une telle attaque est jugée peu crédible par l’opposition et de nombreux observateurs, qui y voient une manœuvre du pouvoir pour éviter de divulguer le décompte exact.

Selon l’opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des voix.

Vivant lui aussi dans la clandestinité depuis trois semaines, M. Gonzalez Urrutia a ignoré pour la deuxième fois en deux jours mardi une convocation du parquet dans le cadre d’une enquête pour usurpation de pouvoir, le site Internet de l’opposition le proclamant vainqueur du scrutin du 28 juillet.

La coalition de l’opposition Plateforme Unitaire (PU) dénonce un "harcèlement judiciaire", disant craindre désormais "un mandat d’exécution (mandat d’arrêt) contre notre candidat vainqueur, afin d’accentuer sa persécution".

L’ancien ambassadeur de 74 ans, qui a dénoncé l’absence de "garantie d’indépendance" de la justice, risque l’arrestation. Le parquet a ouvert, début août, une enquête contre lui et Mme Machado, pour "usurpation de fonctions, diffusion de fausses informations, incitation à la désobéissance aux lois, incitation à l’insurrection, association de malfaiteurs".

Par Patrick FORT, AFP

 

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