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Le gouvernement n’a pas respecté son engagement de fournir un salaire décent aux fonctionnaires, en particulier les militaires à la retraite, qui sont une nouvelle fois descendus mardi dans la rue pour manifester leur colère.

Le problème de l’érosion du pouvoir d’achat des salaires et des pensions des militaires, de leurs retraités, ainsi que des fonctionnaires du secteur public ne date pas d’hier. Depuis le début de la crise multidimensionnelle en 2019, tous les fonctionnaires, sans distinction, vivent une véritable tragédie. Le salaire moyen d’un fonctionnaire en activité s’élève à environ 300 dollars, tandis que celui des retraités n’atteint que 150 dollars. Quant aux indemnités de fin de service, elles sont insignifiantes, avoisinant en moyenne 4.000 dollars après 27 ans de service.

Le salaire des fonctionnaires a d’abord été affecté par la suppression du taux de change fixe entre la livre libanaise et le dollar, puis par la dévaluation de la monnaie nationale, la dollarisation de l’économie, et enfin par l’inflation, qu’elle soit interne ou importée. Cette inflation a des répercussions directes sur la consommation, l’épargne et l’investissement.

Pas de réajustement de salaire

Les retraités des forces armées ont vainement attendu que le gouvernement tienne sa promesse d’ajuster les salaires en juin dernier. Ce qui a provoqué leur colère mardi, c’est l’absence de crédits dédiés au financement d’une augmentation salariale dans l’avant-projet de budget 2025. Parallèlement, les impôts ont été augmentés globalement d’environ 30 % pour les personnes à revenus limités. Quant aux recettes estimées de la TVA dans cet avant-projet de budget, elles atteignent 140.000 milliards de livres, soit 40.000 milliards de plus qu’en 2024.

Ce chiffre, impressionnant, suscite des interrogations, d’autant plus que le pays est en récession et qu’il n’y a pas de perspectives d’augmentation des importations ou des exportations.

Dans ce contexte, pourquoi le gouvernement, qui prétend vouloir présenter un budget 2025 avec un déficit nul, ne se tourne-t-il pas vers la régularisation des domaines maritimes, par exemple, pour accroître ses revenus? Cette mesure ne toucherait pas les salariés.

Inégalité

Les manifestants ne réclament rien d’excessif. Ils demandent simplement que justice soit faite et que les inégalités dans l’attribution des allocations sociales, telles que définies par le gouvernement, soient éliminées. Actuellement, ces allocations représentent près de quinze fois le salaire des fonctionnaires considérés comme "productifs" en 2019, excluant de fait les retraités, qui ne reçoivent que quatre salaires supplémentaires. Cela dit, les manifestants ne seront pas satisfaits d’un ajustement salarial inférieur à 40% de ce qu’ils percevaient en 2019.

Ajustement graduel

Dans ce contexte, le Conseil de la fonction publique a conçu un plan pour un réajustement progressif des salaires et des pensions sur une période de quatre ans, ainsi que pour des réformes touchant le système de retraite, l’indemnité de fin de service, et l’augmentation de l’âge de la retraite, parmi d’autres mesures.

Toutefois, la mise en œuvre de ce plan dépend de l’adoption d’une loi par le Parlement, à la suite d’une proposition du gouvernement. Selon ce plan, les employés du secteur public commenceront par recevoir environ 20 fois leur salaire de 2019, avec une augmentation de huit salaires par an pour atteindre 46 fois le salaire de 2019 au bout de quatre ans. La mise en œuvre est prévue pour le 1ᵉʳ janvier 2026, lorsque les recettes de l’État permettront d’inclure toutes les compensations supplémentaires dans les salaires.

À partir de là, c’est au gouvernement de faire ses comptes.