Le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian est arrivé mercredi en Irak pour sa première visite à l’étranger depuis son élection, un déplacement de trois jours visant à approfondir les liens économiques et sécuritaires déjà étroits entre les deux pays voisins.

À quelques heures de son arrivée, dans un contexte régional tendu, une "explosion" a eu lieu, tard mardi soir, sur une base utilisée par la coalition internationale antijihadiste à l’aéroport de Bagdad. Les forces de sécurité irakiennes ont assuré ne pas être en mesure de déterminer "l’origine de l’explosion" tout en assurant que le trafic aérien n’a pas été perturbé.

Les liens entre l’Iran et l’Irak, deux pays à majorité chiite, se sont resserrés depuis l’invasion de l’Irak en 2003 par les États-Unis qui renversa le régime du dictateur Saddam Hussein.

Téhéran est aujourd’hui un allié incontournable du gouvernement irakien et jouit d’une forte influence auprès des principaux partis politiques chiites du pays, mais aussi des groupes armés désormais enrôlés au sein de l’appareil sécuritaire irakien, les ex-paramilitaires du Hachd al-Chaabi.

"Le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani reçoit le président de la République islamique d’Iran", a annoncé mercredi matin un communiqué succinct de Bagdad, accompagné d’une photo montrant les deux hommes se serrant la main sur le tarmac de l’aéroport.

Lors de cette visite de trois jours, durant laquelle il se rendra dans les villes saintes chiites de Najaf et Kerbala, le président iranien sera également reçu au Kurdistan, région autonome dans le nord de l’Irak qui entretient avec Téhéran des relations en dent de scie.

M. Pezeshkian doit signer une dizaine d’accords notamment dans le domaine économique, selon un diplomate iranien.

"Ce voyage sera bon et utile pour créer et approfondir les liens économiques, culturels, politiques et sécuritaires (…) à commencer avec l’Irak, afin de résoudre de nombreux problèmes qui pourraient exister", s’est réjoui le président iranien avant de quitter Téhéran.

"Pression des sanctions"

M. Pezeshkian, qui a pris ses fonctions fin juillet, succédant à Ebrahim Raïssi tué dans un accident d’hélicoptère, s’est engagé à faire des relations avec les pays voisins une priorité, car il cherche à atténuer l’isolement international de l’Iran et à limiter l’impact des sanctions américaines sur son économie.

"Les relations avec les pays voisins peuvent réduire considérablement la pression des sanctions", déclarait-il en août.

L’Iran a subi des années de sanctions occidentales, en particulier après le retrait unilatéral des États-Unis, ennemi juré de Téhéran, de l’accord international sur le nucléaire iranien en 2018 sous la présidence de Donald Trump.

Mardi, les gouvernements américain, français, allemand et britannique ont annoncé de nouvelles sanctions contre Téhéran, visant notamment la compagnie aérienne Iran Air, accusant Téhéran d’avoir livré des missiles balistiques à la Russie pour frapper l’Ukraine.

"Marché irakien"

Outre les dossiers sécuritaires, il souligne la dimension économique de la visite. "L’Iran a besoin du marché irakien pour ses exportations, tout comme il a besoin des importations énergétiques irakiennes", rappelle M. Baidar.

L’Iran exporte des millions de mètres cubes de gaz par jour vers l’Irak pour alimenter ses centrales électriques, en vertu d’une dérogation régulièrement renouvelée aux sanctions américaines.

Les échanges hors pétrole entre l’Iran et l’Irak se sont élevés à près de 5 milliards de dollars au cours des cinq mois écoulés depuis mars 2024, selon des médias iraniens.

En mars 2023, Téhéran a signé un accord de sécurité avec le gouvernement fédéral de Bagdad, après avoir mené des frappes aériennes contre des bases de groupes rebelles kurdes iraniens dans le Kurdistan irakien.

Les deux parties ont depuis accepté de désarmer les rebelles et de les éloigner des zones frontalières.

Par Salam FARAJ avec AFP