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L’attaque "cybernétique" israélienne menée contre le réseau de communication du Hezbollah, ainsi que l’attaque contre la banlieue sud de Beyrouth (Dahieh) et l’assassinat de son plus haut responsable de sécurité, Ibrahim Akil, commandant de la brigade Radwan, parmi une cinquantaine d’autres personnes, coïncident avec les réunions des ambassadeurs du Quintette (États-Unis, Arabie Saoudite, France, Qatar, Égypte) avec les dirigeants politiques libanais.

Selon des sources informées, ces réunions avaient pour but de trouver des solutions à l’élection présidentielle, après que des signes positifs d’Amal et du Hezbollah ont été perçus dans ce sens. Des milieux proches du Quintette estiment que la première étape vers une résolution serait d’élire un président capable de négocier au nom de l’État et de former un gouvernement chargé de superviser l’application de la résolution 1701.

Cependant, un leader de l’opposition a noté que les récentes attaques ont chamboulé toute la situation, surtout après que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré dans son dernier discours: "L’agression cybernétique recevra une réponse sévère et une juste rétribution", précisant que les détails de l’opération sont gardés dans un groupe restreint.

Dans ce contexte, l’ambassadeur saoudien, Walid Boukhari, a déclaré, lors d’une visite à Maarab, mardi dernier: "Nous nous trouvons désormais dans une situation totalement différente après l’agression israélienne qui a transgressé les efforts diplomatiques du Quintette", ajoutant que "cet incident a créé une nouvelle réalité aux conséquences graves. Partant, tous les développements positifs concernant l’élection présidentielle sont mis de côté".

Par ailleurs, selon des sources proches du Quintette, l’Iran avait communiqué à la France une nouvelle position d’Amal et du Hezbollah, centrée sur un troisième choix. En réponse à cette évolution, l’envoyé français, Jean-Yves Le Drian, a visité l’Arabie saoudite, l’Égypte et le Qatar pour discuter des modalités pratiques permettant de traduire cette position. Mais en quoi consiste exactement ce troisième choix proposé par le Quintette?

Selon certaines sources, cela impliquerait que l’axe obstructionniste retire son candidat, Sleiman Frangié, et que, par ailleurs, l’opposition, y compris ses alliés au sein du Courant patriotique libre (CPL), accepte d’abandonner Jihad Azour. Les deux parties s’efforceraient ensuite de se mettre d’accord sur un ensemble de critères pour un troisième candidat acceptable pour tous. La flexibilité d’Amal et du Hezbollah s’est reflétée dans les récentes déclarations du président du Parlement, Nabih Berry, lors de ses discussions avec les ambassadeurs du Quintette.

Pendant ce temps, l’opposition a souligné que "le troisième candidat doit être crédible, répondre aux critères du Quintette et ne pas être perçu par les deux camps comme un défi ou une victoire".

Cependant, selon un leader de l’opposition, l’attaque cybernétique a introduit "une nouvelle phase de confrontation entre le Hezbollah et Israël, alors que le troisième choix pour l’élection présidentielle était presque dans la poche".

Le conflit a désormais pris une tournure essentiellement sécuritaire, Netanyahou cherchant à établir une zone tampon au Liban-Sud pour assurer le retour sécurisé des colons dont il doit fixer une nouvelle échéance après avoir failli à sa promesse de les ramener début septembre.

D’un autre côté, en Israël, Netanyahou fait face à une pression croissante de la part des colons et des familles des prisonniers. Les voix se multiplient également pour demander sa démission et la formation d’un nouveau gouvernement modéré, favorable à une solution à deux États et à la création d’un État palestinien indépendant.

En guise de réponse, Netanyahou a laissé en plan la guerre de grande envergure décriée par les États-Unis, la communauté internationale et les puissances régionales au profit d’opérations sécuritaires ciblées, comme le prouvent les récentes attaques contre les réseaux de communication, ainsi que celles menées dans la banlieue sud de Beyrouth et le Liban-Sud.

Au Liban, un ancien responsable a estimé qu’aucun président ne sera élu avant l’élection d’un nouveau président américain, ce qui pourrait accélérer le règlement prévu pour le nouveau Moyen-Orient.

Par conséquent, les Nations unies et les capitales décisionnaires se démènent pour mettre fin au conflit au Liban-sud et résoudre les questions litigieuses entre le Liban et Israël.

À ce niveau, sera entamé le "dialogue" sur ce que veut le Hezbollah et ce que veut l’Iran.

Selon une source informée, le Hezbollah ne fera aucune concession sans l’aval de l’Iran qui attend une éventuelle entente avec Washington.

La source souligne que tout cela se ferait après l’élection présidentielle américaine et que Netanyahou devrait poursuivre ses opérations sécuritaires au Liban, ciblant l’infrastructure militaire du Hezbollah, ses dirigeants, ses entrepôts et ses sites de production d’armes.