À l’approche de la réouverture de Notre-Dame de Paris, prévue pour le 7 décembre, artisans et  bâtisseurs s’unissent pour un hommage musical inédit, célébrant l’aboutissement de cinq ans de restauration. 

À deux mois et demi de la réouverture tant attendue de Notre-Dame de Paris, l’effervescence gagne les artisans et bâtisseurs engagés dans sa restauration. Parmi eux, un groupe de compagnons s’apprête à offrir à la cathédrale un hommage musical d’envergure: Le Cantique de Jean Racine de Gabriel Fauré, qu’ils répètent assidûment depuis plusieurs mois.

"Comment résister à une telle proposition? C’est magnifique!", s’enthousiasme Nathan Degrange-Roncier, tailleur de pierres, tout sourire alors qu’il révise les partitions de Fauré. Le 11 décembre, lors de la messe de réouverture, lui et ses collègues se produiront sous les voûtes gothiques de Notre-Dame. Pour ce choriste chevronné de 32 ans, ce "chœur des bâtisseurs" symbolise la synergie des efforts déployés depuis des mois pour restaurer ce joyau du patrimoine.

Bouteille à la mer

Cette initiative a vu le jour grâce à Stéphanie Duchêne, chimiste spécialisée en peinture murale au laboratoire de recherche des monuments historiques, et sa collègue Dorothée Chaoui-Derieux. Leur idée, lancée il y a deux ans, a été accueillie avec un enthousiasme débordant. "J’ai lancé une bouteille à la mer en novembre il y a deux ans et j’ai reçu une centaine de messages de restaurateurs, artisans, compagnons, agents de la sécurité ou de la logistique, archéologues qui m’ont dit adorer l’idée et vouloir en faire partie", raconte Mme Duchêne. Aujourd’hui, plus de 80 participants forment ce chœur unique.

À l’approche de la fin du chantier, certains, comme Mme Duchêne, ressentent un "petit pincement au cœur" face à l’arrêt imminent des travaux qui, depuis cinq ans, ont permis de redonner son éclat à l’édifice ravagé par l’incendie du 15 avril 2019. "Tous ces gens de corps de métiers si différents qu’on a côtoyés, et qu’on ne côtoie jamais d’habitude parce qu’on travaille en silo, toute cette ambiance, cette fourmilière, on va la regretter un peu", confie-t-elle. Pour beaucoup, chanter ensemble est une façon de prolonger l’aventure, tout en consolidant les amitiés nouées au fil des années.

Point d’orgue

Emma Groult, maître-verrier de 38 ans, partage cette émotion. Ayant travaillé à la restauration des vitraux, elle se souvient de son entrée dans la cathédrale, une semaine après l’incendie, ne sachant pas ce qu’elle allait y trouver. Pour elle, le chœur constitue "le point d’orgue" d’un chantier marqué par des liens humains profonds.

Romain Renaud, charpentier compagnon depuis 24 ans, porte fièrement les couleurs de son savoir-faire. Ayant œuvré sur la flèche, la nef et les beffrois, il qualifie ce chantier d’exceptionnel. "Nous travaillons pour la mère des cathédrales, dans les pas des bâtisseurs d’autrefois", affirme-t-il, conscient de la portée historique de sa contribution.

Dans l’amphithéâtre où les répétitions ont lieu, les voix des sopranos, altos, ténors et basses s’élèvent avec une énergie communicative, entrecoupées de rires. "C’est de mieux en mieux!", s’exclame Frédéric Pineau, chef de ce chœur atypique, dans un mélange d’exigence et d’humour, créant une ambiance aussi studieuse que conviviale.

Avec AFP

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