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Depuis lundi, l’armée israélienne a considérablement augmenté le volume de ses frappes à travers le Liban, tuant au passage plus d’un millier de citoyens libanais. L’un des objectifs affichés de cette campagne réside dans la principale menace que fait peser le Hezbollah sur l’État hébreu: son arsenal de roquettes et de missiles de précision.

Une préoccupation traduite par les efforts mis en œuvre par le gouvernement israélien pour justifier ses bombardements. En témoigne la vidéo qui, selon ce dernier, prouve que le Hezbollah conserve des missiles dans des zones résidentielles au Liban-Sud et dans la Békaa.

Car c’est avec ces projectiles que la formation pro-iranienne bombarde quotidiennement le nord d’Israël, principalement avec des systèmes d’armes de courte portée. Mais la récente escalade met de plus en plus en lumière les roquettes à longue portée détenues par le groupe.

Dans son discours prononcé vendredi à l’ONU, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou affirmait que, depuis le 8 octobre, le Hezbollah aurait tiré au moins 8.000 projectiles sur Israël. Soit moins d’un douzième de son arsenal, estimé à plus de 130.000 munitions, selon le think-tank américain Center for Strategic and International Studies (CSIS).

Roquettes à courte portée: l’arsenal de terrain

L’immense majorité de ces munitions sont à courte portée (8 à 40 kilomètres). Selon le CSIS, le Hezbollah en disposerait actuellement d’environ 100.000. Ce type de munitions est généralement classé comme partie intégrante de l’artillerie.

En ce qui concerne les engins à très courte portée (8 à 10 kilomètres), ceux-ci peuvent opérer au niveau tactique, en soutien des unités d’infanterie. Ce fut le cas lors de la bataille d’Al-Qousayr, en 2013.

Depuis le 8 octobre, la formation pro-iranienne utilise ces armes pour bombarder les localités israéliennes frontalières inatteignables en tir direct – comprendre ici les cibles dans la ligne de mire de ses combattants. Quand c’est le cas, celle-ci privilégie les missiles antichars, notamment contre les bunkers et blindés de l’armée israélienne.

Les principaux modèles utilisés sont de fabrication chinoise et iranienne, à l’image du Fajr-1 et surtout du Falaq-1. C’est avec cette munition que le Hezbollah aurait frappé la localité de Majdal Shams, située sur le plateau du Golan annexé par Israël, selon les accusations de Tel-Aviv.

La taille et la puissance explosive de ces munitions varie fortement. Leur ogive pèse entre 19 et 384 kg, selon le modèle. Un facteur qui influe sur leur mise en œuvre, les plus petites roquettes pouvant être mises en œuvre par des combattants à pied, les plus grosses nécessitant d’être déployées depuis des véhicules.

Pour frapper plus en profondeur la zone frontalière israélienne, la formation pro-iranienne a recours à un type de projectile particulièrement répandu dans le monde: les roquettes Katioucha. D’origine soviétique, leur portée va de 4 à 40 km, avec une ogive de 10-20 kg.

Leur faible précision est contrebalancée par leur nombre. Car ces roquettes sont généralement tirées en barrages pour saturer une zone spécifique, depuis des véhicules équipés de lanceurs en batterie de plusieurs projectiles. Lancées en grand nombre, elles permettent ainsi de saturer les dispositifs de défense antimissiles israéliens, à l’image du fameux "Dôme de fer".

Moyenne portée: frapper le nord en profondeur

Au-delà de la frontière, la fonction principale de cet arsenal est de frapper le dispositif israélien en profondeur, notamment les bases militaires et autres objectifs stratégiques situés dans le nord du pays. Ce rôle est dévolu aux projectiles à la portée comprise entre 40 et 75 kilomètres, eux aussi rentrant dans la catégorie de l’artillerie lance-roquettes.

Les projectiles bénéficiant de la plus grande portée dans cette catégorie sont même capables de viser des centres urbains comme la ville de Haïfa, comme le modèle syro-iranien Khaibar-1. Les roquettes de type Fadi, utilisées pour bombarder la base de Ramat David et les installations du fabricant d’armes Rafael System dimanche 22 septembre ou, plus récemment, la base de Glilot dans la matinée de mardi 1er octobre, en font partie.

Ces armes possèdent une portée allant de 43 km à plus de 100 et possèdent une ogive pesant entre 445 et 170 kg d’explosif. Si elles paraissent moins imposantes que certaines roquettes de la précédente catégorie sur ce second point, leur force réside toutefois dans une précision accrue.

En effet, bien que n’étant pas dotées d’un système de guidage, leur conception est plus aboutie que la plupart des modèles précédents. Ces projectiles sont généralement lancés eux aussi par un véhicule surmonté d’un lanceur en batterie.

Précision et longue portée: la terreur de Tel-Aviv

Mais la véritable force du Hezbollah – et hantise de l’armée israélienne – réside surtout dans sa force de frappe à longue portée, au-delà de 100 km. Cette catégorie rassemble le plus faible nombre de projectiles: de plusieurs centaines à "quelques" milliers, tout au plus.

Mais leur faible nombre est contrebalancé par le fait d’être équipés de systèmes de guidage sophistiqués, pouvant toucher leur cible avec une précision de moins de 50 mètres. Pour cette raison, ils sont considérés comme des missiles de précision et non plus des roquettes. Ils sont principalement de fabrication iranienne, si l’on exclut quelques vieux modèles soviétiques.

Les armes de cette catégorie à disposition du Hezbollah ont une portée pouvant aller jusqu’à 550 km. Cela permet de les lancer depuis la profondeur du territoire libanais – depuis la Békaa par exemple – tout en menaçant l’intégralité du territoire israélien.

Cela confère un certain avantage à la formation iranienne, puisqu’il est plus difficile, pour Israël, d’en détecter le lancement. Une discrétion accrue renforcée par le fait que ces missiles peuvent être lancés soit depuis une plate-forme mobile pouvant elle-même être camouflée, soit depuis des silos. Selon le modèle, ces armes possèdent une ogive pesant entre 450 et 600 kg, ce qui leur permet de causer des dégâts considérables à l’impact.

Jusqu’à présent, le Hezbollah semble avoir eu assez peu recours à ces missiles. Une situation qui semble néanmoins être sur le point de changer, en raison de la fuite en avant dans l’escalade qu’il poursuit avec l’État hébreu.

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