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Le 1er octobre 2024, une nouvelle directive du gouverneur par intérim de la Banque centrale du Liban (BDL), Wassim Mansouri, est entrée en vigueur, à la suite d’une décision du Conseil central le 25 septembre 2024. Elle contraint les banques à tripler les plafonds de retraits en espèces pour les bénéficiaires des circulaires 158 et 166 durant le mois d’octobre.

Cette décision exceptionnelle et ponctuelle permet aux bénéficiaires de recevoir l’équivalent de trois mois de retraits en un seul versement, augmentant ainsi considérablement la liquidité disponible.

En relevant les plafonds de retrait des déposants, cette initiative vise à alléger temporairement la crise financière et économique que traverse le Liban.

Les conséquences d’une telle mesure, notamment son impact sur l’augmentation de la liquidité en dollars sur le marché, se traduisent dans les chiffres officiels qui montrent qu’environ 150.000 bénéficiaires sont inscrits à la circulaire 158, recevant des versements mensuels allant de 300 à 400 dollars. Ces personnes pourront donc retirer entre 900 et 1.200 dollars en une seule transaction pendant le mois d’octobre.

Par ailleurs, la circulaire 166 permet des retraits mensuels de 150 dollars pour environ 50.000 à 60.000 bénéficiaires, leur permettant ainsi de retirer 450 dollars d’un seul coup ce mois-ci.

Le coût total de cette mesure s’élève à environ 200 millions de dollars pour le mois en cours.

Ce financement sera assuré de la manière suivante:

  • La BDL financera deux des trois paiements, prélevés sur les réserves obligatoires des banques.
  • Le troisième paiement sera réparti à parts égales entre la BDL et les banques, conformément au mécanisme établi pour le règlement des transactions en dollars.

Selon des sources de la BDL, bien que l’ajustement des plafonds de retrait ne soit prévu que pour un mois, le Conseil central réévaluera la situation avant la fin du mois pour décider des mesures à prendre pour le mois suivant.

Il faut toutefois savoir que cette décision vise à augmenter temporairement les limites de retrait mensuel des déposants sur leurs anciens comptes.

D’un autre côté, la BDL a de nouveau facilité le paiement des salaires du secteur public en dollars. Le ministère des Finances a transféré les salaires du secteur public de ses comptes en livres libanaises à la BDL. Cette dernière est ensuite intervenue en achetant ces livres pour assurer des dollars, permettant ainsi le versement des salaires et des pensions.

Partant, la BDL a injecté environ 130 millions de dollars sur le marché ce mois-ci. Ce montant s’ajoute aux fonds injectés via les circulaires 158 et 166, portant l’injection totale de liquidités à 330 millions de dollars sur le marché par l’intermédiaire des banques.

Les chiffres officiels montrent que la masse monétaire en livres libanaises continue de diminuer, atteignant environ 53.000 milliards de livres, contre 58.000 milliards le mois précédent. Cette baisse reflète la politique de retrait en cours de la monnaie en circulation.

Notons également qu’avec la contraction de la masse monétaire en livres libanaises, les taux d’intérêt interbancaires augmentent. Bien que les emprunts interbancaires en livres libanaises existent depuis des années, ils se sont récemment intensifiés en raison de la rareté de la monnaie. Cette pénurie découle des politiques monétaires et fiscales de la BDL, axées sur le contrôle de l’offre de livres libanaises et l’absence d’expansion de la base monétaire sans émission supplémentaire de monnaie.

Le taux d’intérêt journalier est déterminé par l’offre et la demande sur le marché, augmentant en période de pénurie de livres libanaises et diminuant lorsque l’offre s’améliore. En guise d’indicateur de cette rareté, les taux d’intérêt interbancaires en livres libanaises ont atteint 120%, un niveau exceptionnellement élevé qui souligne la demande urgente de cette devise face à une offre limitée.

Dans un autre contexte, le taux de change du dollar sur le marché reste stable autour de 89.500 LBP.

Cependant, une situation inquiétante concerne la résurgence d’applications électroniques frauduleuses opérées depuis l’étranger. Ces dernières visent à manipuler le taux de change de la livre libanaise et à semer la confusion sur les marchés.

Cette situation soulève des interrogations sur le timing de la réapparition de ces applications et leurs véritables intentions. L’on peut observer dans certains rapports que les forces de sécurité surveillent activement les spéculateurs qui ont réactivé leurs groupes WhatsApp pour diffuser des taux provenant de ces applications frauduleuses, dans le but de faire des profits et de manipuler le marché.

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