À l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, une réflexion s’impose à moi comme une évidence. S’il y a des femmes qui forcent l’admiration et le respect, ce sont bien les femmes ukrainiennes.


"On voudrait avoir ce courage des oiseaux en hiver."- Françoise Lefèvre

Cette citation m’a toujours touchée au plus profond parce qu’elle exprime, au plus juste et au plus vrai, la vulnérabilité d’un être vivant, quel qu’il soit, un frêle oiseau en l’occurrence, faisant face au froid de l’hiver, souvent impitoyable.

Or, c’est toujours la température qu’il fait au-dedans de chacun-e de nous qui compte. Les intempéries personnelles ont de loin un plus grand impact que celles prévues (ou pas) par la météo.

La guerre a frappé l’Ukraine du jour au lendemain et une population entière qui vivait normalement, qui avait acquis son indépendance démocratiquement, s’est vue contrainte de se défendre contre la mise à mort d’un tyran mégalomane ambitionnant de reconstruire son Empire, celui de l’URSS, pour assouvir sa revanche sur la vie, celle d’un petit garçon qui a été élevé dans des conditions extrêmement difficiles, ses parents étant rescapés de la Seconde Guerre. Poutine a été l’enfant-médicament conçu pour pallier l’absence de ses deux frères tragiquement disparus. On lui a donné le prénom de son père, histoire de prolonger ce dernier ; ce père-absent pas si jeune que ça, que la présence d’une mère (quarantenaire, ce qui était rare à l’époque), était aussi éloignée de la tendresse maternelle que de la Lune. Ceci n’a bien entendu pas réussi à combler ce qui deviendra le talon d’Achille de Poutine : le manque sur tous les plans.

Cette petite mise in situ permettra peut-être de comprendre le fonctionnement de celui qui est devenu un homme tyrannique dont l’ambition ne connaît aucune limite. Ce qu’il a vécu, enfant, ne l’excuse pas pour autant.

Du jour au lendemain, les Ukrainiens se sont transformés en boucliers humains pour protéger leur droit à l’indépendance et surtout pour défendre leurs villes, leurs maisons, leur pays. Les Ukrainiennes ont également pris les armes. Creuser des tranchées, se barricader, s’entraider… jamais, au grand jamais un peuple n’a autant forcé l’admiration. Aujourd’hui, nous sommes au treizième jour de la guerre menée par la plus grande puissance mondiale qui utilise des armes de dissuasions massives, rasant tout, absolument tout, partout.

" J’ai laissé ma vie à @Stanford derrière moi ce matin. Ma vie, ainsi que celle de millions d’Ukrainiens, a changé pour toujours la semaine dernière. Alors que je me dirige vers Cracovie pour commencer mon prochain voyage, mon sweat-shirt représente un dernier adieu à la vie que j’avais avant la guerre. "

En une semaine, les dégâts en Ukraine sont plus élevés que nos quinze ans de guerre civile au Liban.

Quant au rôle des femmes ukrainiennes en tant que militaires au sein de cette guerre, cet appel au combat, elles le comprennent parfaitement. Après l’annexion par la Russie de la Crimée en 2014 et le début de la guerre au Donbass, déclenchée par des séparatistes russes soutenus par le Kremlin, bon nombre d’entre elles sont devenues tireuses à vue. Une combattante, habitante de Kiev, déclare qu’il n’y a pas un bâtard qui a le droit de déchirer son pays en morceaux!

Au début, le rôle de beaucoup de femmes dans les forces armées n’a pas été reconnu. Elles étaient au front, mais elles avaient davantage des titres militaires qui n’avaient rien à voir avec leur véritable rôle sur le terrain.

Un documentaire, Le Bataillon invisible, a été consacré à ces combattantes de l’ombre qui ont lutté pour que leur apport soit reconnu. Et pour que celles qui viennent après aient leur juste place.

Depuis 2018, grâce à un changement législatif, les femmes ukrainiennes ont les mêmes droits que les hommes au sein des forces armées du pays. À la veille de la guerre actuelle, elles formaient 17% des effectifs. Aujourd’hui, avec l’enrôlement spontané de milliers de femmes, la donne a considérablement changé.

Alors, lorsque j’entends des analystes politiques décréter qu’il ne faut surtout pas que l’Ukraine se "libanise", j’ai, pour ma part, un autre souhait à formuler: il est temps que les Libanais s’ukrainisent, en particulier les magnifiques Libanaises qui ont été aux premières lignes de la révolution du 17 octobre 2019 et qui ont forcé l’admiration du monde entier. La bataille, notre bataille, peut être encore gagnée.

En ce 8 mars 2022, s’il y a un exemple à suivre, c’est bien celui des Ukrainiennes qui nous donnent une leçon de courage admirable.

Slava Ukrayiny! хай живе україна хай живуть українці хай живуть українці!