Iran: trois nouvelles condamnations à mort
Trois nouveaux Iraniens ont été condamnés à mort ce 9 janvier. Ils ont été reconnus coupables de "moharebeh (guerre contre Dieu en persan)", car accusés d'être impliqués dans la mort de trois membres des forces de l'ordre lors de manifestations dans la province centrale d'Ispahan le 16 novembre 2022. 

La justice iranienne a annoncé lundi trois nouvelles condamnations à mort liées au mouvement de contestation déclenché en Iran par la mort en détention de Mahsa Amini.

La jeune femme de 22 ans est décédée le 16 septembre 2022, trois jours après son arrestation par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique imposant notamment le port du voile en public pour les femmes.

Selon Mizan Online, l'agence du pouvoir judiciaire, Saleh Mirhashemi, Majid Kazemi et Saïd Yaghoubi, accusés d'être impliqués dans la mort de trois membres des forces de l'ordre lors de manifestations dans la province centrale d'Ispahan le 16 novembre 2022, ont été condamnés à mort en première instance.

Ils ont été reconnus coupables de "moharebeh (guerre contre Dieu en persan)", a précisé Mizan Online.

Dans le même procès, deux autres personnes ont été condamnées à des peines de prison. Parmi elles, le footballeur Amir Nasr-Azadani, 26 ans, qui évolue dans un club local, a été condamné à 26 ans de prison cumulés. Mais selon la loi, il devrait purger la plus longue des sentences qui est de 16 ans.

Le guide suprême iranien Ali Khamenei a qualifié, le 9 janvier, les actions des manifestants de "trahison" (AFP)

Toutes les condamnations annoncées lundi peuvent faire l'objet d'un appel devant la Cour suprême, a-t-elle ajouté.

Les autorités iraniennes qualifient généralement les protestations d'"émeutes" encouragées par des pays et des organisations hostiles à l'Iran.

Elles affirment que des centaines de personnes, dont des membres des forces de sécurité, ont été tuées pendant les protestations et des milliers arrêtées.

Lundi, le guide suprême d'Iran Ali Khamenei a souligné qu'il y avait "sans aucun doute des problèmes économiques" dans le pays. "Mais ces problèmes peuvent-ils être résolus en brûlant des poubelles et en provoquant des émeutes dans la rue?"


"Sans aucun doute, ces actions sont de la trahison, et les institutions responsables traitent la trahison avec sérieux et de manière juste", a-t-il lancé, cité par son site.

Les nouvelles condamnations à mort portent à 17 le nombre de personnes condamnées à la peine capitale en lien avec la contestation, selon un décompte établi par l'AFP à partir d'annonces officielles.

Parmi elles, quatre ont été exécutées et deux ont vu leur peine confirmée par la Cour suprême. Les autres attendent de nouveaux procès ou peuvent faire appel.

Depuis le début de l'année, deux manifestants, Mohammad Mahdi Karami et Seyyed Mohammad Hosseini, ont déjà été exécutés (AFP)

Les deux dernières exécutions, annoncées samedi, ont suscité un tollé international: deux hommes reconnus coupables d'avoir tué un paramilitaire lors des manifestations ont été pendus.

Lundi, le pape François a appelé à la fin de la peine capitale dans le monde, y compris en Iran.

"La peine de mort ne peut être employée pour une prétendue justice d'État, car elle ne constitue pas un moyen de dissuasion ni ne rend justice aux victimes, mais ne fait qu'alimenter la soif de vengeance", a-t-il dit.

À Paris, le ministère des Affaires étrangères a jugé que "les condamnations à mort et les exécutions (...), qui s'ajoutent aux nombreuses autres violations graves et inacceptables des droits et libertés fondamentales commises par les autorités iraniennes, ne peuvent tenir lieu de réponse aux aspirations légitimes de liberté du peuple iranien".

Selon Amnesty International, l'Iran est le pays qui exécute le plus de condamnés à mort, hormis la Chine.

Avec AFP