La PDG de notre confrère an-Nahar, Nayla Tuéni, et le président du Conseil économique et social, Charles Arbid, avaient lancé le 1er décembre dernier un appel solennel à toutes les factions locales afin qu’elles accordent au peuple libanais un mois de répit, sans conflits … Trente jours sans polémiques ni surenchères ; des périodes de fêtes sans injures ni invectives. L’initiative était fort louable, mais au grand dam de la population, elle n’a duré que ce que durent les roses…
Ce n’est pas d’un court répit passager dont a besoin aujourd'hui le Liban, mais plutôt d’un véritable sursaut national de la part de ceux qui détiennent réellement les rênes du pouvoir. Ce dont a besoin le pays de manière impérieuse c’est d’être mené sur la voie de l’antithèse du climat guerrier que le Hezbollah s’emploie à imposer de façon permanente sous couvert d’une « résistance » qui s’avère sans horizons, dont la finalité et les contours restent nébuleux et ne s’expliquent qu’à la lumière des visées expansionnistes débordantes du nouvel empire perse.
L’effroyable effondrement généralisé vers lequel le Hezbollah nous a entraînés au fil des ans de manière savamment orchestrée, grâce à la complicité de son allié chrétien et la complaisance de certaines parties qui étaient censées lui faire face, impose de crier haut et fort certaines vérités, sans détours ni fioriture.
Sans remonter trop loin dans l’histoire, et pour s’en tenir uniquement à la période contemporaine, l’on ne peut s’empêcher de constater que le Liban a été pratiquement pris en otage depuis plus de cinquante ans par les puissances palestinienne, syrienne, et actuellement iranienne – sans compter le jeu israélien. Afin de donner libre court à leurs manœuvres, ces puissances régionales ont fait délibérément obstruction à l’émergence d’un Etat central digne de ce nom, maître de ses décisions, véritablement souverain, capable d’être le garant des droits et intérêts des différentes composantes locales.
Cela fait ainsi cinquante ans que le Liban subit les retombées des multiples « guerres des autres » sur son territoire, pour reprendre l’expression de Ghassan Tuéni. Cela fait plus d’un demi-siècle que les Libanais – ou du moins certains d’entre eux – se plaisent à défendre corps et âme des causes étrangères dont on n’a cure, qui s’avéraient être chimériques, voire carrément mensongères. Cette funeste déviation, aux effets centrifuges, du comportement national a eu pour conséquences le laminage de l’autorité du pouvoir central, la spoliation continue de la souveraineté de l’Etat, et le torpillage du monopole de la violence légitime, provoquant l’effondrement politique, institutionnel, économique, financier, monétaire et social auquel nous assistons. Un effondrement patiemment orchestré et implémenté par tous ceux qui ont fait prévaloir les visées des acteurs régionaux au détriment des intérêts vitaux et des droits les plus élémentaires de la population libanaise.
C’est cette aliénation de la volonté et de la souveraineté nationales qu’il est devenu impératif de stopper net. Naïveté, utopie, angélisme primaire, s’exclameront certains, arguant du fait que la région est en pleine mutation et que, par voie de conséquence, le Liban ne saurait être isolé des bouleversements en cours dans son environnement. Certes… sauf si les Libanais, ou plutôt leurs dirigeants et responsables politiques, en décident autrement et prennent leur sort entre leurs mains. Vouloir c’est pouvoir, même dans les situations les plus complexes.
C’est dans un tel contexte qu’interviennent les prises de position critiques du président Michel Aoun, lundi soir, et du chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, il y a quelques jours, au sujet de la ligne de conduite du Hezbollah. Trop tard, trop peu… Ces critiques restent bien en-deçà du niveau requis qu’imposent les grands enjeux d'aujourd'hui. Les ténors du courant aouniste ont encore un très long chemin à parcourir pour convaincre l’opinion – si tant est que cela puisse encore être possible – que leur nouvelle attitude est bien plus qu’une classique manœuvre de pure forme visant, dans la perspective des élections législatives, à regagner ne fut-ce qu’une infime partie du terrain qu’ils ont perdu au niveau de la rue chrétienne.
Ce changement de cap et cette nécessaire distanciation vis-à-vis du Hezbollah pour d’évidentes considérations électorales apportent en tout état de cause la preuve éclatante que la funeste alliance « stratégique » avec le parti pro-iranien, sur base de l’accord de Mar Mikhaël, est contre-nature et se situe aux antipodes des valeurs chrétiennes, en particulier, et des convictions profondes libanaises, en général.
L’heure n’est plus aux manœuvres électorales et partisanes. Un demi-siècle d’épreuves et de sacrifices au service d’autrui suffit… D'autant que le bilan de toutes ces années de souffrances a été à plus d’un égard largement négatif et destructeur. Il est donc grand temps, face à l’effondrement généralisé, de se livrer à un véritable sursaut national, à une prise de conscience, et de stigmatiser la prise d’otage dont le Liban est victime depuis des décennies. Il est grand temps que les Libanais puissent bénéficier d’une vie simplement… normale, afin qu’ils apprennent à mieux se connaître, qu’ils aient l’opportunité de débattre entre eux, dans une atmosphère calme et sereine, d’un nouvel équilibre politique pérenne, qu’ils planchent sur des projets de développement équilibré, intégrés dans une planification globale au bénéfice des régions périphériques.
Le peuple libanais mérite bien plus que le fait accompli cauchemardesque et inhumain qui lui est imposé. Cela est surtout vrai pour les jeunes cadres du Hezbollah. Les combattants du parti chiite ont droit à un sort autre que celui qu’ils subissent sur les terrains de combat en Syrie ou dans les camps d’entraînement en Irak et au Yémen. Leur avenir est dans des rapports équilibrés et bien compris qu’ils doivent tisser avec les autres composantes du tissu social libanais. Parce que les relations internes fondées sur la seule logique de l’équilibre des forces ne peuvent être qu’éphémères car largement tributaires du jeu des nations… Et surtout de l’aboutissement du bras de fer auquel se livre la République islamique iranienne avec les pays du Golfe et le monde occidental.
Ce n’est pas d’un court répit passager dont a besoin aujourd'hui le Liban, mais plutôt d’un véritable sursaut national de la part de ceux qui détiennent réellement les rênes du pouvoir. Ce dont a besoin le pays de manière impérieuse c’est d’être mené sur la voie de l’antithèse du climat guerrier que le Hezbollah s’emploie à imposer de façon permanente sous couvert d’une « résistance » qui s’avère sans horizons, dont la finalité et les contours restent nébuleux et ne s’expliquent qu’à la lumière des visées expansionnistes débordantes du nouvel empire perse.
L’effroyable effondrement généralisé vers lequel le Hezbollah nous a entraînés au fil des ans de manière savamment orchestrée, grâce à la complicité de son allié chrétien et la complaisance de certaines parties qui étaient censées lui faire face, impose de crier haut et fort certaines vérités, sans détours ni fioriture.
Sans remonter trop loin dans l’histoire, et pour s’en tenir uniquement à la période contemporaine, l’on ne peut s’empêcher de constater que le Liban a été pratiquement pris en otage depuis plus de cinquante ans par les puissances palestinienne, syrienne, et actuellement iranienne – sans compter le jeu israélien. Afin de donner libre court à leurs manœuvres, ces puissances régionales ont fait délibérément obstruction à l’émergence d’un Etat central digne de ce nom, maître de ses décisions, véritablement souverain, capable d’être le garant des droits et intérêts des différentes composantes locales.
Cela fait ainsi cinquante ans que le Liban subit les retombées des multiples « guerres des autres » sur son territoire, pour reprendre l’expression de Ghassan Tuéni. Cela fait plus d’un demi-siècle que les Libanais – ou du moins certains d’entre eux – se plaisent à défendre corps et âme des causes étrangères dont on n’a cure, qui s’avéraient être chimériques, voire carrément mensongères. Cette funeste déviation, aux effets centrifuges, du comportement national a eu pour conséquences le laminage de l’autorité du pouvoir central, la spoliation continue de la souveraineté de l’Etat, et le torpillage du monopole de la violence légitime, provoquant l’effondrement politique, institutionnel, économique, financier, monétaire et social auquel nous assistons. Un effondrement patiemment orchestré et implémenté par tous ceux qui ont fait prévaloir les visées des acteurs régionaux au détriment des intérêts vitaux et des droits les plus élémentaires de la population libanaise.
C’est cette aliénation de la volonté et de la souveraineté nationales qu’il est devenu impératif de stopper net. Naïveté, utopie, angélisme primaire, s’exclameront certains, arguant du fait que la région est en pleine mutation et que, par voie de conséquence, le Liban ne saurait être isolé des bouleversements en cours dans son environnement. Certes… sauf si les Libanais, ou plutôt leurs dirigeants et responsables politiques, en décident autrement et prennent leur sort entre leurs mains. Vouloir c’est pouvoir, même dans les situations les plus complexes.
C’est dans un tel contexte qu’interviennent les prises de position critiques du président Michel Aoun, lundi soir, et du chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, il y a quelques jours, au sujet de la ligne de conduite du Hezbollah. Trop tard, trop peu… Ces critiques restent bien en-deçà du niveau requis qu’imposent les grands enjeux d'aujourd'hui. Les ténors du courant aouniste ont encore un très long chemin à parcourir pour convaincre l’opinion – si tant est que cela puisse encore être possible – que leur nouvelle attitude est bien plus qu’une classique manœuvre de pure forme visant, dans la perspective des élections législatives, à regagner ne fut-ce qu’une infime partie du terrain qu’ils ont perdu au niveau de la rue chrétienne.
Ce changement de cap et cette nécessaire distanciation vis-à-vis du Hezbollah pour d’évidentes considérations électorales apportent en tout état de cause la preuve éclatante que la funeste alliance « stratégique » avec le parti pro-iranien, sur base de l’accord de Mar Mikhaël, est contre-nature et se situe aux antipodes des valeurs chrétiennes, en particulier, et des convictions profondes libanaises, en général.
L’heure n’est plus aux manœuvres électorales et partisanes. Un demi-siècle d’épreuves et de sacrifices au service d’autrui suffit… D'autant que le bilan de toutes ces années de souffrances a été à plus d’un égard largement négatif et destructeur. Il est donc grand temps, face à l’effondrement généralisé, de se livrer à un véritable sursaut national, à une prise de conscience, et de stigmatiser la prise d’otage dont le Liban est victime depuis des décennies. Il est grand temps que les Libanais puissent bénéficier d’une vie simplement… normale, afin qu’ils apprennent à mieux se connaître, qu’ils aient l’opportunité de débattre entre eux, dans une atmosphère calme et sereine, d’un nouvel équilibre politique pérenne, qu’ils planchent sur des projets de développement équilibré, intégrés dans une planification globale au bénéfice des régions périphériques.
Le peuple libanais mérite bien plus que le fait accompli cauchemardesque et inhumain qui lui est imposé. Cela est surtout vrai pour les jeunes cadres du Hezbollah. Les combattants du parti chiite ont droit à un sort autre que celui qu’ils subissent sur les terrains de combat en Syrie ou dans les camps d’entraînement en Irak et au Yémen. Leur avenir est dans des rapports équilibrés et bien compris qu’ils doivent tisser avec les autres composantes du tissu social libanais. Parce que les relations internes fondées sur la seule logique de l’équilibre des forces ne peuvent être qu’éphémères car largement tributaires du jeu des nations… Et surtout de l’aboutissement du bras de fer auquel se livre la République islamique iranienne avec les pays du Golfe et le monde occidental.