©(ARCHIVES) La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, parle lors d'une interview dans un hôtel de New York, le 22 septembre 2022. (Ed JONES / AFP)
Sheikh Hasina, Première ministre démissionnaire du Bangladesh, a longtemps incarné un espoir démocratique pour le pays en contribuant à la chute de la dictature militaire dans les années 1980, avant d'exercer un pouvoir de plus en plus autoritaire.
Lundi matin, elle a démissionné et a fui le pays en direction de l'Inde, tandis que des milliers de manifestants antigouvernementaux ont pris d'assaut sa résidence officielle.
Depuis juillet, la Première ministre était confrontée à des manifestations de masse qui ont commencé par des rassemblements contre les quotas d'emploi dans la fonction publique, puis se sont transformées en une crise parmi les plus graves de ses 15 années de mandat, les opposants exigeant sa démission.
La dirigeante de 76 ans, à l'histoire personnelle indissociable des remous du pays, a remporté, en janvier, un cinquième mandat lors d'une élection controversée boycottée par l'opposition.
Ses détracteurs accusent son gouvernement d'une multitude de violations des droits de l'homme, y compris le meurtre d'opposants.
Ascension politique
Fille aînée de Sheikh Mujibur Rahman, le père fondateur du Bangladesh qui a pris son indépendance du Pakistan en 1971, elle a 27 ans et se trouve à l'étranger avec sa sœur quand son père, sa mère et ses trois frères sont assassinés à Dacca lors d'un premier coup d’État militaire.
Elle revient d'exil en Inde en 1981 pour prendre les rênes de l'Awami League, le parti fondé par son père et est soumise à de fréquentes périodes d'assignation à résidence.
Elle s'allie alors à Khaleda Zia, devenue responsable du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) après l'assassinat de son mari Ziaur Rahman, président du Bangladesh, lors d'un autre coup d’État militaire en 1981.
Unies contre la dictature militaire de Hossain Mohammad Ershad, les deux femmes et leurs partis entrent dans une féroce rivalité au retour de la démocratie en 1991, année où Khaleda Zia est élue.
Sheikh Hasina lui succède pour un premier mandat à la tête du pays en 1996, mais doit à nouveau s'incliner face à elle en 2001.
Les rivales sont finalement toutes deux emprisonnées pour «corruption» en 2007, lors d'un nouveau coup de force orchestré par l'armée. Elles bénéficient d'un non-lieu et l'année suivante Sheikh Hasina remporte largement les législatives.
Elle est ensuite réélue en 2014, en 2019 et en 2024.
Sous sa direction, le pays de 170 millions d'habitants, naguère l'un des plus pauvres au monde, a bénéficié d'un net essor économique grâce notamment au développement de son industrie textile.
Le Bangladesh a enregistré une croissance annuelle de plus de 6% en moyenne depuis 2009 et a dépassé l'Inde en revenu par habitant en 2021, malgré la persistance de fortes inégalités. Quelque 95% de la population a désormais accès au réseau d'électricité.
Avec un nouveau mandat, «nous transformerons l'ensemble du Bangladesh en un pays développé et prospère», a promis Sheikh Hasina fin 2023, mais 18 millions de jeunes bangladais sont toujours sans emploi, selon les données du gouvernement.
La communauté internationale avait également salué l'ouverture du pays en 2017, sous sa direction, à des centaines de milliers de réfugiés rohingyas fuyant des massacres en Birmanie voisine.
«Disparitions forcées»
Mais son règne est aussi devenu synonyme de dérive autoritaire. En 2018, Khaleda Zia est condamnée à 17 ans de prison pour corruption. Parallèlement, la quasi-totalité des dirigeants du BNP, devenu principal parti d'opposition, ainsi que des milliers de ses partisans ont été arrêtés, tandis que la liberté d'expression a été drastiquement réduite.
Cinq hauts dirigeants islamistes et une personnalité de l'opposition ont par ailleurs été exécutés au cours de la dernière décennie après avoir été condamnés pour des crimes contre l'humanité commis pendant la brutale guerre de libération du pays en 1971.
Loin de panser les plaies de ce conflit, ces procès ont déclenché des affrontements meurtriers, ses opposants les qualifiant de farce visant avant tout à faire taire les dissidents.
En 2021, les États-Unis ont imposé des sanctions à une branche d'élite des forces de l'ordre du Bangladesh, le RAB, en raison de violations répétées des droits humains.
Après le résultat des élections législatives de 2024 qui l'ont réinstallée au pouvoir pour la troisième fois consécutive, Sheikh Hasina qualifie le BNP d'«organisation terroriste». Le parti d'opposition avait appelé une nouvelle fois au boycott du scrutin, après une première en 2019.
L'ONG Human Rights Watch a elle affirmé en novembre avoir des preuves de «disparitions forcées, de torture et d'exécutions extrajudiciaires».
«En 15 ans, j'ai construit ce pays», a déclaré le mois dernier Sheikh Hasina à des journalistes.
«Que n'ai-je pas fait pour ces gens?», a-t-elle ajouté.
Shafiqul Alam, avec AFP
Lundi matin, elle a démissionné et a fui le pays en direction de l'Inde, tandis que des milliers de manifestants antigouvernementaux ont pris d'assaut sa résidence officielle.
Depuis juillet, la Première ministre était confrontée à des manifestations de masse qui ont commencé par des rassemblements contre les quotas d'emploi dans la fonction publique, puis se sont transformées en une crise parmi les plus graves de ses 15 années de mandat, les opposants exigeant sa démission.
La dirigeante de 76 ans, à l'histoire personnelle indissociable des remous du pays, a remporté, en janvier, un cinquième mandat lors d'une élection controversée boycottée par l'opposition.
Ses détracteurs accusent son gouvernement d'une multitude de violations des droits de l'homme, y compris le meurtre d'opposants.
Ascension politique
Fille aînée de Sheikh Mujibur Rahman, le père fondateur du Bangladesh qui a pris son indépendance du Pakistan en 1971, elle a 27 ans et se trouve à l'étranger avec sa sœur quand son père, sa mère et ses trois frères sont assassinés à Dacca lors d'un premier coup d’État militaire.
Elle revient d'exil en Inde en 1981 pour prendre les rênes de l'Awami League, le parti fondé par son père et est soumise à de fréquentes périodes d'assignation à résidence.
Elle s'allie alors à Khaleda Zia, devenue responsable du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) après l'assassinat de son mari Ziaur Rahman, président du Bangladesh, lors d'un autre coup d’État militaire en 1981.
Unies contre la dictature militaire de Hossain Mohammad Ershad, les deux femmes et leurs partis entrent dans une féroce rivalité au retour de la démocratie en 1991, année où Khaleda Zia est élue.
Sheikh Hasina lui succède pour un premier mandat à la tête du pays en 1996, mais doit à nouveau s'incliner face à elle en 2001.
Les rivales sont finalement toutes deux emprisonnées pour «corruption» en 2007, lors d'un nouveau coup de force orchestré par l'armée. Elles bénéficient d'un non-lieu et l'année suivante Sheikh Hasina remporte largement les législatives.
Elle est ensuite réélue en 2014, en 2019 et en 2024.
Sous sa direction, le pays de 170 millions d'habitants, naguère l'un des plus pauvres au monde, a bénéficié d'un net essor économique grâce notamment au développement de son industrie textile.
Le Bangladesh a enregistré une croissance annuelle de plus de 6% en moyenne depuis 2009 et a dépassé l'Inde en revenu par habitant en 2021, malgré la persistance de fortes inégalités. Quelque 95% de la population a désormais accès au réseau d'électricité.
Avec un nouveau mandat, «nous transformerons l'ensemble du Bangladesh en un pays développé et prospère», a promis Sheikh Hasina fin 2023, mais 18 millions de jeunes bangladais sont toujours sans emploi, selon les données du gouvernement.
La communauté internationale avait également salué l'ouverture du pays en 2017, sous sa direction, à des centaines de milliers de réfugiés rohingyas fuyant des massacres en Birmanie voisine.
«Disparitions forcées»
Mais son règne est aussi devenu synonyme de dérive autoritaire. En 2018, Khaleda Zia est condamnée à 17 ans de prison pour corruption. Parallèlement, la quasi-totalité des dirigeants du BNP, devenu principal parti d'opposition, ainsi que des milliers de ses partisans ont été arrêtés, tandis que la liberté d'expression a été drastiquement réduite.
Cinq hauts dirigeants islamistes et une personnalité de l'opposition ont par ailleurs été exécutés au cours de la dernière décennie après avoir été condamnés pour des crimes contre l'humanité commis pendant la brutale guerre de libération du pays en 1971.
Loin de panser les plaies de ce conflit, ces procès ont déclenché des affrontements meurtriers, ses opposants les qualifiant de farce visant avant tout à faire taire les dissidents.
En 2021, les États-Unis ont imposé des sanctions à une branche d'élite des forces de l'ordre du Bangladesh, le RAB, en raison de violations répétées des droits humains.
Après le résultat des élections législatives de 2024 qui l'ont réinstallée au pouvoir pour la troisième fois consécutive, Sheikh Hasina qualifie le BNP d'«organisation terroriste». Le parti d'opposition avait appelé une nouvelle fois au boycott du scrutin, après une première en 2019.
L'ONG Human Rights Watch a elle affirmé en novembre avoir des preuves de «disparitions forcées, de torture et d'exécutions extrajudiciaires».
«En 15 ans, j'ai construit ce pays», a déclaré le mois dernier Sheikh Hasina à des journalistes.
«Que n'ai-je pas fait pour ces gens?», a-t-elle ajouté.
Shafiqul Alam, avec AFP
Commentaires