La fougue de l’espoir
Plus d’un demi-siècle… Un peu plus de 50 ans – en se limitant à la période post indépendance – que le Liban est otage de puissances et forces régionales, qu’il subit le rôle d’abcès de fixation des conflits moyen-orientaux. Cela a commencé avec le funeste accord du Caire de 1969 qui a pratiquement permis aux organisations palestiniennes armées de rogner les ailes de l’État central, entraînant le pays dans la guerre. Viendront ensuite les Syriens puis les Israéliens pour qui la scène libanaise devait être un champ de manœuvres périphérique leur permettant d’éviter tout clash frontal bilatéral à leurs frontières. Une fois les Syriens partis en avril 2005, les Iraniens prendront la relève par le biais du Hezbollah, leur bras armé, pour poursuivre cette entreprise de déconstruction et de paralysie programmée de l’appareil d’État.

Plus d’un demi-siècle que cela dure – sans compter l’épisode de l’intrusion nassérienne de 1958. Mais un tel sort n’est pas une fatalité. Aucune puissance de la région n’a réussi à travers les siècles à annihiler le pays du Cèdre. Il suffit pour s’en convaincre de faire un petit détour par Nahr el-Kalb ou aussi de visiter la Vallée Sainte de la Kadicha qui diffuse dans son recueillement un profond esprit de liberté, solidement ancré dans l’histoire millénaire du pays.

Non, le fait accompli imposé aujourd’hui aux Libanais n’est pas une fatalité. Oui, nous tous, résidents et expatriés, continuerons contre vents et marées à crier haut et fort, aux quatre coins de la planète, notre ferme attachement aux spécificités libanaises, au visage véritable du Liban, celui d’un pays fondé sur le pluralisme, le vivre-ensemble, l’ouverture sur le monde, le droit à la différence, la sauvegarde des libertés, le respect de l’individu dans toute sa dimension humaine. Un pays respectueux de la libre entreprise et capable d’assurer à sa population un bien-être que tentent de lui ôter les rapaces de la région. Un pays véritablement souverain, neutre au plan géopolitique. Un pays se tenant à l’écart des guerres et conflits qui ne le concernent en aucune façon et qui l’empêchent d’œuvrer pour un développement équilibré qui s’est fait suffisamment attendre.

Non, les Libanais ne passeront pas outre à leur soif de liberté, malgré toutes les pressions, menaces, liquidations physiques et tentatives d’intimidation. Ils ne cesseront en aucune circonstance de réaffirmer, encore et toujours, leur détermination à demeurer libres. Libres de s’indigner, de résister, de combattre les multiples atteintes à la souveraineté et à la neutralité du Liban, de lutter contre l’aliénation de l’individu, de stigmatiser toute violation aux droits humains, d’aspirer à une vie digne et sereine, à une prospérité bien méritée après tant d’années d’épreuves et de discordes souvent télécommandées de l’extérieur. Non, les Libanais ne renonceront pas à leur désir d’être libres d’espérer…
Un message d’espoir… De profonde confiance en l’avenir. Telle est la mission que s’est fixée Ici Beyrouth. Une mission de résistance culturelle, de lutte contre une volonté à peine voilée de défigurer le visage du Liban pluraliste et libéral. Ce combat, il est grand temps de le consolider médiatiquement sans compromission, sans louvoiement ou attitude en demi-teinte, en appelant les choses par leur nom, en disant la vérité, aussi dure soit-elle, dans le respect de l’autre et la préservation de sa dignité. Ici Beyrouth ambitionne de fédérer tous ceux – résidents et expatriés – qui partagent ces mêmes valeurs. Son souhait est d’offrir sa tribune libre à tous ceux qui partagent la même vision du Liban et de son rôle dans cette partie du monde en pleine mutation, sans pour autant occulter le point de vue de « l’autre ».
Ce combat, Ici Beyrouth veut le mener avec fougue… La fougue de la jeunesse, mais aussi la fougue de ceux qui souhaitent placer leur longue expérience professionnelle au service des générations montantes. Une fougue boostée par l’espoir et la confiance en soi, et surtout par la passion et le désir insatiable de « donner sans compter et sans souci du retour ».