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Le peintre Jamil Molaeb fait son grand retour à la galerie Janine Rubeiz du 9 janvier au 23 février, un retour en beauté avec son exposition intitulée Jamilat où le nu féminin est mis à l’honneur.

Le corps féminin est planté dans un décor naturel au centre de la toile comme au milieu de l’univers, devenant le terrain d’exploration de Jamil Moaleb qui tente d’en dévoiler l’infini mystère.

Chaque nu est représenté tout seul à l’exception de deux tableaux plus anciens de l’artiste où les corps de femmes se transforment en éléments graphiques et stylisés pour couvrir l’ensemble de l’œuvre.

Le féminin dans tous ses états défile ainsi de toile en toile et se décline en diverses attitudes: debout ou couché, de dos, de face ou sur le côté, à l’abandon ou sur la défensive, discret ou provocateur, triomphant ou en repli, corps de jouissance et de plaisir ou barricadé par les contraintes.

La figure féminine dévoile aussi l’être intérieur à travers les multiples expressions du visage: serein et rayonnant, pensif ou apeuré, yeux ouverts ou fermés, scrutateurs ou interrogateurs. Le corps est ainsi mis à nu, ausculté, palpé, caressé par les pinceaux de l’artiste qui en sculpte les moindres recoins pour en déceler secrets ou infimes nuances. Un corps brut au caractère primitif rappelant les nus de Braque ou de Picasso d’avant le cubisme, présenté par l’artiste sans fioriture dans un rapport concret à la matière. On est bien loin de l’idéalisation de la période grecque hellénistique ou de la période classique avec La Grande Odalisque d’Ingres, bien loin encore de la sensualité de la chair présente dans l’œuvre de Rubens et loin aussi du réalisme provocateur de Manet avec son Déjeuner sur l’herbe.

En s’éloignant de toute quête esthétique ou érotique, Jamil Molaeb met le corps féminin au cœur de son observation afin de transcender la matière pour mettre à jour la vérité toute nue, pour qu’à travers la simple apparence puisse transparaître le moi profond. Le peintre tente surtout de dépouiller le corps de tous les tabous ou préjugés sociaux qui viennent le souiller ou l’avilir afin de lui rendre son innocence première, animale et spirituelle, lui redonner ses lettres de noblesse, l’ériger en icône ou temple sacré, un réceptacle de l’âme.

Le corps devient ainsi cette contrée inconnue et lointaine chargée de tous les mystères, un corps abstrait libéré de toute contrainte spatiale ou temporelle qui retrouve enfin sa pureté: originelle édénique. Un corps aux formes généreuses fondu dans la nature pour en partager l’essence et la richesse, pour puiser dans la terre féconde force et substance, y retrouver sa vocation de mère nourricière. Un corps vivant qui palpite et évolue au rythme des saisons ou des cycles de la vie, un corps à dimension universelle déposé sur un autel en offrande ou en prière qui s’offre à nos yeux comme un reflet de notre propre nudité. Ce corps ancré solidement au sol semble s’en détacher toutefois par le regard qui s’envole vers un ailleurs, en dehors des limites de la toile, cherchant à se connecter au spectateur pour un dialogue sans fin.

Un lien artistique absolument inédit à la galerie Janine Rubeiz jusqu’au 23 février 2024.

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