Écoutez l’article

La cérémonie des Victoires de la musique 2024 a marqué un tournant dans le paysage musical français, mettant en lumière une diversité de genres longtemps sous-représentés. Le quadruplé historique de Zaho de Sagazan, l’essor du rap/r’n’b et les moments émouvants ont captivé l’audience.

Le triomphe était inévitable. Zaho de Sagazan, âgée de 24 ans, a dominé la soirée en remportant quatre des cinq catégories dans lesquelles elle était nommée, notamment l’album, la chanson originale, la révélation scénique et la révélation féminine. Son premier album, La symphonie des éclairs, a été acclamé, et l’artiste, anciennement aide-soignante, a ému le public en rendant hommage à cette période de sa vie.

L’univers électro et émotionnel de Zaho de Sagazan, évoquant des légendes telles que Brel et Barbara, a captivé les fans, lui assurant une tournée à guichets fermés dans des salles de renom telles que le Zénith de Paris, avec des destinations internationales prévues au Québec, en Suisse et en Belgique.

Un autre aspect marquant de la soirée a été la reconnaissance accrue du rap et du r’n’b. Gazo et Vianney ont été récompensés ex æquo dans la catégorie artiste masculin, tandis qu’Aya Nakamura était couronnée artiste féminine, marquant ainsi une évolution notable dans la reconnaissance de ces genres musicaux par les Victoires.

Gazo, issu d’un parcours difficile, a trouvé sa voie à travers le rap, reflétant l’importance de la musique comme vecteur d’espoir et de rédemption. La diversité du rap francophone a été mise en lumière avec des artistes comme Damso, qui ont remporté des prix pour leurs contributions exceptionnelles.

L’introduction des Flammes, une cérémonie dédiée au rap et à ses dérivés, a contribué à élargir le champ des nommés aux Victoires, reflétant ainsi la richesse et la variété de la scène musicale française.

Vincent Frèrebeau, président des Victoires, a joué un rôle clé dans cette évolution, en ramenant la cérémonie à ses racines tout en la modernisant pour mieux refléter les tendances actuelles de la musique française.

La soirée a également été marquée par des moments émouvants, notamment avec Bernard Lavilliers recevant une Victoire d’honneur pour sa carrière exceptionnelle. Son interprétation poignante de ses succès passés a rappelé l’importance intemporelle de la musique dans nos vies.

Comme un symbole, la première Victoire de la soirée, celle du clip, a été remise à une rappeuse, Shay (pour la vidéo de Commando). Et c’est le rappeur Damso qui a remporté la Victoire du concert, alors que Yamê, au croisement rap-r’n’b-chanson, était désigné révélation masculine.

Zoom sur Aya Nakamura

Aya Nakamura est la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde depuis son tube Djadja. Sa consécration aux Victoires vient corriger un oubli fâcheux, puisque jusqu’à présent, la cérémonie ne lui avait attribué qu’un titre honorifique d’artiste la plus streamée. Toutefois, cette reconnaissance était déjà apparue en filigrane lors des Flammes, première édition d’une cérémonie dédiée au rap et à ses courants, où elle avait été sacrée artiste féminine de l’année en 2023.

Djadja, sorti en 2018, a marqué les esprits avec ses 950 millions de vues sur YouTube, et même les enfants de Madonna ont été vus dansant sur ce titre emblématique. Originaire de Bamako, au Mali, et ayant grandi à Aulnay-sous-Bois, en banlieue parisienne, Aya Nakamura a conquis un public international. À 28 ans, avec la sortie de son quatrième album DNK, elle est désormais une figure incontournable de la scène musicale.

Son ascension vers le sommet s’est poursuivie avec des performances remarquables comme son spectacle interactif, fin 2022, dans le jeu vidéo Fortnite, une plateforme généralement réservée aux stars mondiales telles que Travis Scott ou Neymar. Angelo Gopee, patron de Live Nation France, a souligné son rayonnement international croissant, mettant en lumière son influence grandissante dans l’industrie musicale mondiale.

Cependant, son succès n’a pas été sans heurts, comme en témoigne sa comparution devant un tribunal pour des accusations de violences conjugales. Malgré ces turbulences, son album DNK continue de briller avec des chansons qui explorent les hauts et les bas des relations amoureuses, reflétant son vécu personnel. Dans une démarche de transparence, elle a utilisé son nom de famille, Danioko, dans le titre de l’album, tandis que "Nakamura" est un hommage à un personnage de la série Heroes.

Aya Nakamura a toujours revendiqué sa double culture et sa liberté artistique, mélangeant habilement des influences variées dans sa musique, des sonorités zouk au rythme portoricain. Malgré les critiques et les stéréotypes, elle reste fidèle à son univers musical, affirmant son identité avec assurance et détermination.

Avec AFP