Dans un contexte marqué par une vive polémique, les autorités françaises ont pris la décision d’interdire les concerts du rappeur Freeze Corleone, prévus à Lille et Lyon, invoquant des motifs graves tels que l’admiration exprimée pour Adolf Hitler, la tenue de propos antisémites et complotistes, ainsi que l’apologie du terrorisme. Cette mesure intervient alors que Freeze Corleone, de son vrai nom Issa Lorenzo Diakhaté, est visé par une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nice pour apologie du terrorisme, à la suite de ses paroles controversées dans la chanson Haaland, en collaboration avec le rappeur allemand Luciano.

La décision des préfectures du Nord et du Rhône a suscité une vive réaction de la part de l’artiste et de son équipe juridique, menée par l’avocat Me Sanjay Mirabeau, qui conteste ces interdictions en justice. Les audiences sont prévues peu de temps avant les concerts, soulignant l’urgence et la tension entourant ces événements. Malgré l’absence de condamnations pénales antérieures et le déroulement pacifique de ses précédents concerts, les préfectures maintiennent leurs décisions, appuyées par des extraits de chansons jugés problématiques.

Les autorités pointent du doigt des paroles faisant référence à des idéologies extrémistes et à des événements tragiques comme l’attentat de Nice du 14 juillet 2016, soulignant le danger que pourraient potentiellement poser ces concerts pour l’ordre public. Ces décisions s’inscrivent dans un contexte plus large où plusieurs concerts de Freeze Corleone ont été interdits ces derniers mois, bien que certains aient été autorisés par la justice administrative, comme à Paris. Néanmoins, la préfecture du Rhône évoque des incidents lors d’un concert à Rennes, où l’artiste aurait enfreint ses engagements en interprétant des titres problématiques.

L’avocat de Freeze Corleone compte souligner que les chansons incriminées ne font pas partie de la setlist actuelle de l’artiste, arguant que certaines sont anciennes ou appartiennent à d’autres artistes. Cette défense met en lumière la complexité de juger des œuvres artistiques et leur impact sur l’ordre public.

L’affaire a également suscité des réactions politiques marquées, notamment de la part du maire de Nice, Christian Estrosi et du député Eric Ciotti, qui ont vivement critiqué les paroles de la chanson Haaland. La polémique s’est étendue au-delà de la sphère musicale, touchant même l’émission sur Twitch DVM Show, critiquée par Jordan Bardella, président du Rassemblement national, après la participation de la ministre de la Culture, Rachida Dati.

Freeze Corleone, suivi par 600.000 personnes sur Instagram, se trouve ainsi au cœur d’un débat qui dépasse le cadre de ses concerts, touchant à des questions de liberté d’expression, de responsabilité artistique et de limite entre art et incitation à la haine. L’équipe du rappeur se défend en mettant en avant une interprétation erronée de ses paroles, soulignant la distinction entre l’expression artistique et l’incitation directe à la violence ou à la haine.

Cet épisode révèle les tensions existantes en France autour de la liberté artistique et des limites à poser en matière de discours de haine et d’apologie du terrorisme. Il pose également la question de la réaction des institutions et du public face à des œuvres jugées controversées, dans un contexte où la vigilance face à l’extrémisme et à l’antisémitisme reste une priorité nationale.

Avec AFP

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