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vec Whispers of Nature, la galerie Tanit offre une expérience immersive inégalée en exposant les œuvres de l’artiste Ghassan Zard du jeudi 22 février au 3 avril 2024.

Ghassan Zard, peintre et sculpteur ayant participé à de multiples expositions collectives ou en solo à Beyrouth, Munich, Londres et Paris nous introduit dans la galerie comme dans un sanctuaire. Il nous plonge ainsi dans un espace de silence et de recueillement, nous pousse à tendre l’oreille afin de mieux percevoir les infimes chuchotements de la nature.

Cette dernière s’approprie les lieux, va à notre rencontre, s’invite dans nos cœurs, nous ramène à la source pour un vrai bain de jouvence. En effet, l’artiste en rapporte de précieux éléments pour affûter notre regard, réveiller nos sens, nous faire redécouvrir l’essence des choses. Il nous donne ainsi à admirer toute l’élégance des troncs, le subtil mélange de force et de fragilité des branches qui s’élèvent en prière vers le ciel. L’artiste transforme morceaux d’écorce, champignons ou mottes de terre en sculptures de fer ou d’aluminium. Ces pièces rapportées de végétaux recueillies, polies, colorées ou revisitées sont érigées en œuvres d’art retrouvant ainsi leurs titres de noblesse.

Ghassan Zard nous convie à en redécouvrir l’infinie richesse et délicatesse de tons et de nuances dans une subtile déclinaison de couleur terre brûlée, beige nacré ou doré, brun foncé ou clair. Des champignons en métal aluminium semblables à des amplificateurs de sons s’accrochent aux troncs dans un appel à rester connecté, à instaurer le dialogue, à chercher dans cette écoute une résonance au plus profond de l’être. Une forêt enchantée se dévoile ainsi comme un spectacle de conte de fées pour un retour nostalgique à l’enfance.

À cet effet, des tableaux miroirs incrustés d’éléments empruntés à la nature renvoient au monde du reflet, de la fantaisie et du rêve. Un univers ludique habité par la magie qui ouvre le champ de tous les possibles, propice aux métamorphoses. Par cette nouvelle dimension à la frontière entre l’illusion et la réalité, l’artiste nous pousse à l’introspection, à mesurer les effets pervers du narcissisme et de la vanité. Il nous conduit aussi à dépasser nos individualités réductrices, à repousser les frontières de notre perception pour nous émerveiller devant la richesse infinie de l’univers.

L’artiste introduit aussi le paradoxe qui consiste, d’une part, à réinventer, à revisiter la nature afin de transformer ses éléments en sculptures et œuvres artistiques participant ainsi au processus de création. Et, d’autre part, à asservir la planète à l’instar de ces champignons transformés en coupes ou en tables aux fins d’assouvir les désirs égocentriques d’une société avide de consommation. Cette ambiguïté entretenue interroge sur le sens de toute création, pour lui restituer sa juste valeur spirituelle, artistique et non simplement utilitaire.

Les toiles suspendues viennent aussi faire écho à ce dialogue en sourdine. Elles instaurent, par la pureté de leur abstraction, un silence suspendu pour laisser entendre, dans un souffle, la pulsation de vie, le frémissement des feuilles, la palpitation du vent dessinant des rides sur l’eau, le bruissement de l’air sur les branches. Les tableaux à fond mauve ou bleuté défilent ainsi, semblables à des partitions musicales qui impriment leurs vibrations à l’infini. Cette subtile orchestration de notes vibrantes ou feutrées, entraîne le spectateur dans une immersion contemplative nimbée de poésie afin qu’il puisse y retrouver sa nature première, la part manquante de lui-même.

À la galerie Tanit, une expérience intense à vivre et découvrir jusqu’au 3 avril 2024.

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@jogannepaintings