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Au terme de décennies de collaboration cinématographique étroite, les frères Taviani, inséparables par leurs créations, ont imposé leur signature sur le panorama du cinéma italien à travers des œuvres d’une profondeur incontestable. Parmi celles-ci, Padre padrone, couronné de la Palme d’or à Cannes en 1977, demeure un jalon majeur. Après la disparition de Vittorio en 2018 à l’âge de 88 ans, Paolo, son frère, vient de nous quitter à l’âge de 92 ans.

Les obsèques laïques de Paolo Taviani, qui s’est éteint à Rome le jeudi 29 février, emporté par une maladie fulgurante, sont prévues le lundi 4 mars dans la capitale italienne, selon les sources médiatiques du pays. "La perte de Paolo Taviani marque la disparition d’un pilier du cinéma italien. Avec son frère Vittorio, il a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du cinéma par leurs films emblématiques, empreints d’engagement et de profondeur, qui ont su s’inscrire dans l’imaginaire collectif", a déclaré Roberto Gualtieri, le maire de Rome, via la plateforme X.

Constituant une paire rarissime dans l’histoire du septième art, les frères Taviani ont conjointement réalisé une quinzaine de longs métrages, se distinguant par un style résolument littéraire, où se mêlent histoire, psychanalyse, et poésie. Padre padrone, adaptation de l’œuvre autobiographique de Gavino Ledda, relate le parcours d’un jeune berger s’affranchissant du joug autoritaire de son père. Ce dernier, pour des raisons économiques, l’avait forcé à délaisser l’école, le condamnant à l’analphabétisme jusqu’à l’âge adulte. "Paolo Taviani constituait une moitié d’un duo magique (…). Avec son frère aîné Vittorio, leurs films se distinguaient par une rigueur morale et une poésie sans pareilles", a affirmé Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes.

Après la disparition de Vittorio, Paolo a puisé la force de réaliser seul Leonora Addio, présenté à la Berlinale en 2022. Ce dernier film, un hommage à son frère, révèle que malgré son absence physique, Vittorio demeurait une présence inspirante pour Paolo, comme ce dernier le confiait lors d’une entrevue à Berlin avec l’AFP. Influencés dès leur prime jeunesse par le maestro du néoréalisme Roberto Rossellini, ces fils d’un avocat antifasciste ont dès le début exploré des thématiques sociales à travers leur art.

Leur passion pour le cinéma s’éveilla en Toscane et les conduisit à Rome dans les années 50. Les Subversifs (1967), leur œuvre préfigurant les tumultes de 1968, Sous le signe du scorpion (1969), leur premier succès en couleur, La Nuit de San Lorenzo (1982), couronné à Cannes, et César doit mourir (2012), récompensé de l’Ours d’Or à Berlin, constituent quelques-unes des pierres angulaires de leur filmographie. En 1986, leur contribution au cinéma fut saluée par un Lion d’or d’honneur à la Mostra de Venise, un témoignage éloquent de l’ampleur de leur héritage cinématographique.

Avec AFP

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