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Le musée Picasso à Paris, dépositaire de la collection publique la plus conséquente des œuvres de l’illustre artiste, dévoile dès mardi 12 mars 2024 une exposition entièrement renouvelée. L’accrochage est marqué par un hommage inédit à Françoise Gilot, ex-compagne de Picasso et peintre de renom.

Durant ces dernières années, notamment en 2023, année commémorant le cinquantenaire de la disparition de l’artiste espagnol Picasso, un nombre significatif d’œuvres du musée Picasso avait été prêté. " C’est donc un peu son retour à la maison ", confie à l’AFP Cécile Debray, directrice du musée.

La nouvelle exposition permanente regroupe 400 œuvres, agencées dans 22 salles réparties sur trois étages d’un hôtel particulier, dont une salle est entièrement consacrée à Françoise Gilot, Franco-Américaine décédée à l’âge de 101 ans en juin. Françoise Gilot, qui vécut dix ans aux côtés de Picasso (1943-1953) et lui donna deux enfants, Claude (né en 1947 et décédé en 2023) et Paloma (née en 1949), est la seule de ses compagnes à s’être émancipée pleinement pour s’affirmer en tant qu’artiste, avec des œuvres exposées au Metropolitan Museum of Art et au MoMA de New York. Une sélection d’une dizaine de ses toiles, oscillant entre figuration structurée et abstraction colorée, ainsi que plusieurs de ses dessins sont présentés au public.

Dès 1965, avec la publication de Vivre avec Picasso, ouvrage dans lequel elle le décrit comme étant tyrannique, superstitieux et égoïste, créant une onde de choc en France, Françoise Gilot s’éloigne du milieu artistique français pour s’établir aux États-Unis en 1970. En 2016, elle expliquait à l’AFP que leur relation avait été " un dialogue pictural " avec celui qu’elle avait " aimé " pour son " intelligence remarquable " et son " sens de l’humour ", évoquant sans amertume " l’importance de la créativité "picassienne" sur tout le XXe siècle, qu’on le connaisse personnellement ou pas ".

Le nouvel accrochage offre un panorama complet de l’œuvre de Picasso " depuis ses débuts, avant son arrivée à Paris au tournant du XXe siècle, jusqu’en 1973, l’année de sa mort, une exclusivité que nous revendiquons ", précise Mme Debray. Toutefois, deux chefs-d’œuvre, Guernica et Les Demoiselles d’Avignon, sont absents, étant respectivement hébergés à Madrid, au Musée national de la Reine Sofia, et à New York, au MoMA. Les nombreuses expérimentations de l’artiste, utilisant carton, métal, bois et boîtes à cigares, sont valorisées dans une section nommée " laboratoire ", en harmonie avec ses dessins et tableaux.

Inventeur du cubisme et figure majeure du surréalisme, Picasso, également peintre figuratif engagé, n’a cessé d’innover, explorant continuellement de nouvelles formes et manières de représenter le réel. " La peinture est plus forte que moi, elle me fait faire ce qu’elle veut. " Cette citation inaugure le parcours d’un " peintre de l’absolu ", selon Mme Debray. La présence d’œuvres d’Henri Matisse ou de Paul Cézanne, ainsi que de sculptures d’artistes anonymes d’Afrique ou d’Océanie appartenant à Picasso, témoigne du dialogue permanent qu’il entretenait avec d’autres créateurs. Les textes accompagnant les œuvres proposent un " regard renouvelé sur Picasso, dans une approche plus culturelle que spécialisée ", affirme Mme Debray. L’exposition, à la fois chronologique et thématique, consacre son troisième étage à la guerre et au rôle de l’artiste pendant l’occupation.

Une salle dédiée à la sculpture L’Homme au mouton, symbole de résistance, évoque l’expérience de Picasso face à l’exposition d’Arno Breker, sculpteur officiel du Troisième Reich : " il en ressort effondré et va exprimer à travers cette œuvre l’héritage classique, refusant de le céder aux fascistes ", ajoute-t-elle. Un centre de recherche dédié à Picasso est prévu pour ouvrir ses portes à proximité du musée à l’automne.

Les archives du musée renferment environ 200.000 documents. Picasso, dont la carrière s’étend sur près de 80 ans, a conservé une grande partie de son œuvre dans ses ateliers tout au long de sa vie, incluant plus de 2.000 peintures, plus de 11.000 dessins, ainsi que des milliers de sculptures, céramiques et gravures. Ces œuvres, dont une partie significative a rejoint la collection en 1979, constituent le cœur du musée inauguré en 1985.

Ce renouvellement d’accrochage au musée Picasso marque une recontextualisation de l’œuvre picassienne, offrant aux visiteurs une expérience immersive au sein du génie créatif de Picasso. Ce parcours, équilibrant entre l’héritage artistique et les influences croisées, souligne l’importance de l’échange culturel dans l’évolution de l’art moderne.

Avec AFP

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