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L’Agenda Culturel et le comité de Beirut Art Days s’associent pour lancer la toute première édition de Beirut Art Days, un festival culturel et artistique d’envergure nationale qui se tiendra du 3 au 6 juillet 2024 au Liban. Cet événement gratuit et ouvert à tous rassemblera une pléthore d’artistes et d’intellectuels libanais autour de 130 manifestations couvrant l’ensemble des disciplines artistiques, réparties sur les 4 jours du festival et dans tout le pays. Dans une interview accordée à Ici Beyrouth, Myriam Nasr Shuman, directrice de l’Agenda Culturel, présente cette initiative culturelle sans précédent qui s’adresse à un peuple  qui refuse d’abdiquer ou de sacrifier son identité.


Myriam Nasr Schuman, passionnée de découvertes et de voyages, obtient à vingt-deux ans un DESS en économie du tourisme en France. Elle décide alors de partir sillonner l’Inde, seule avec son sac à dos. Ce périple initiatique marquera le début d’une série de voyages qu’elle entreprendra avec sa complice et alter ego Sana Tawil. Pendant trente ans, les deux amies organiseront des voyages guidés dans ce pays de spiritualité aux centaines de langues parlées, "où les couleurs, les saveurs et les odeurs se répondent".

Suite au décès de son père Émile Nasr, fondateur de l’Agenda Culturel, Myriam reprend le flambeau en 2018 et devient directrice et éditorialiste de l’institution. Dans les locaux de l’Agenda Culturel, l’amour est le maître-mot. Myriam Nasr Shuman semble avoir fait sienne cette philosophie de Camus, l’érigeant en devise: "Je ne connais qu’un devoir, celui d’aimer."

Avec son équipe, qu’elle aime comparer à une ruche d’abeilles, composée de Linda Nahed, Amanda Moktar, Nadine Fardon et elle-même, Myriam devra faire preuve de beaucoup de sagesse pour surmonter les tempêtes qui ébranlent le pays depuis 2019. Telles des navigatrices embarquées sur un navire bravant une mer en furie, elles ont appris à ne jamais capituler, restant fidèles à leur port d’attache.

Encore une fois l’Agenda Culturel contribue au lancement d’activités culturelles gratuites, cette fois-ci avec le comité de Beirut Art Days.

Beirut Art Days est un festival d’art et de culture qui s’étend sur quatre jours. Le comité organisateur a fait appel à l’Agenda culturel et nous avons contacté les acteurs de la vie culturelle pour réaliser ensemble un événement culturel gratuit, chacun dans son lieu de travail, sa galerie, son théâtre, sa bibliothèque ou sa librairie, son lieu de projection, son studio, son atelier entre le 3 et le 6 juillet. On peut trouver tous les détails du programme de Beirut Art Days sur le site web de l’Agenda Culturel.

Quelles sont les régions du Liban qui accueillent le Beirut Art Days?

Essentiellement, la capitale Beyrouth, qui comprend beaucoup de galeries et de lieux culturels, mais un peu partout au Liban aussi. À titre d’exemple, le musée Gibran à Bécharré, le musée du savon, le palais Debbané et le Khan Sacy, à Sidon. À Batroun, la villa Paradiso et le musée Henri BB, conçu en hommage à la vieille architecture beyrouthine. Les gens verront un artiste ouvrir son atelier et son cœur aux visiteurs et les entraîner dans le monde de son inspiration et les étapes de sa création. Plus de 70 acteurs de l’art et de la culture se sont empressés de concevoir plus de 130 programmes culturels uniques pour célébrer cet événement. Beyrouth sera toujours une ville de beauté et de créativité, et l’art restera toujours notre plus grand capital.

Comment convaincre un public libanais aigri, épuisé ou intimidé par l’art de participer à Beirut Art Days?

Il est important de souligner qu’au Liban, il existe 90 galeries et fondations d’art, 110 lieux culturels et, avec l’ouverture récente d’un nouveau musée, 103 musées. Durant ces quatre jours de Beirut Art Days, j’encourage chacun à franchir le seuil d’un musée, d’une galerie ou d’un théâtre, et pour certains, à se lancer dans une expérience inédite. Il est temps de ne plus se contenter d’Instagram! Ce festival se veut une contribution à la démocratisation de la culture et des arts, avec une offre variée qui ne se limite pas nécessairement au classique. Le Macam à Jbeil, par exemple, situé sur les hauteurs de Kartaba, est un fabuleux musée d’art moderne. À l’Agenda Culturel, nous organisons des visites guidées gratuites. Nous en sommes à la 193e visite et je peux vous assurer que les non-initiés s’attardent souvent sur le lieu visité, dépassant même la durée prévue. Pour le musée Mim, nous accueillons au moins 50 personnes à chaque visite. Quant à la visite guidée pour admirer la collection privée de Philippe Jabre à Beit Chabab, les places se sont envolées avant même l’annonce officielle.

Pour découvrir le programme complet, consultez le PDF ci-dessous.

DIGITAL BROSHURE-BEIRUT ART DAYS

La newsletter hebdomadaire est une des plateformes phares de l’Agenda Culturel.

En effet, tous les jeudis, elle est envoyée à 14.000 lecteurs ciblés et elle est très attendue! Elle diffuse les articles publiés durant les 7 derniers jours ainsi que les événements à ne pas manquer. Elle met aussi, en avant, des événements culturels dans la région du Moyen-Orient. Elle est gratuite et il suffit de s’inscrire dans l’onglet "Newsletter" sur la page d’accueil du site web. Les gens inscrits reçoivent des invitations et c’est moi qui les reçois, sur le lieu visité avant que le galeriste ou la directrice du musée ne fassent leur présentation ou que l’artiste ne relate la genèse de son œuvre. Les gens sortent une heure plus tard, de leurs propres aveux, apaisés, émerveillés, ayant entrepris un voyage libérateur dans le monde de la beauté.

Passionnée d’Inde, de spiritualité hindoue et de philosophie védique, qu’est-ce qui vous a poussée à faire de la francophonie votre cheval de bataille? Par ailleurs, comment expliquez-vous le choix de l’anglais pour le titre "Beirut Art Days" et le programme du festival, alors que vous défendez ardemment la langue française?

Dans mon ouvrage sur l’Inde, je déclare que "je meurs au Liban et en français". La langue française, c’est une partie de notre culture levantine qui est en train de disparaitre et qu’il faut absolument protéger. Ça fait partie de notre ADN, de notre spécificité. Par ailleurs, ma mère est française de souche et les valeurs véhiculées par la francophonie défendent la culture dans sa diversité. Malheureusement, un événement aussi global, qui touche tout le pays comme le Beirut Art Days, devrait être proposé en anglais, sinon ça fait élitiste et crée des barrières.

https://www.agendaculturel.com/beirut-art-days