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Un nouvel ouvrage sur les icônes, ça sert à quoi? Quel message cet art sacré peut-il encore nous porter aujourd’hui? L’architecte Nabil Najm, auteur du Trésor iconographique arabo-melkite-byzantin au Liban, paru aux éditions Saer al-Mashrek, partage avec Ici Beyrouth les secrets de cette ancienne passion qu’il a transformée en étude scientifique.

Architecture et icônes? Oui, Nabil Najm est architecte de profession mais il aime l’art depuis toujours. Ayant un diplôme d’études approfondies en archéologie et histoire de l’art, son travail se situe au carrefour entre art, histoire, liturgie et théologie.

Le Trésor iconographique arabo-melkite-byzantin au Liban, paru aux éditions Saer al-Mashrek, est un livre bilingue français-arabe. Il met en lumière les icônes conservées au couvent de l’Annonciation des sœurs basiliennes choueirites, à Zouk Mikaël.

"Cette collection constitue un héritage à préserver, notamment parce que l’écriture de ces icônes melkites s’est éteinte à la fin du 19e siècle, explique Nabil, il n’y a plus eu de continuation artistique."

Une longue histoire qui nous ramène… en Alexandrie

L’histoire de Nabil avec les icônes remonte à son enfance passée en Alexandrie.

"Je servais la messe presque tous les dimanches, à l’église grecque catholique, raconte-t-il. Debout devant l’iconostase, avec ma grande bougie, je contemplais les icônes accrochées à l’intérieur. Je n’y comprenais rien mais je sentais toujours une chaleur intérieure."

Déraciné de son pays natal à 14 ans, il arrive au Liban, dans la ville de Zouk Mikaël. Passionné de peinture et de dessin, Nabil retrouve son amour pour les icônes dans les édifices religieux de Zouk: le couvent de l’Annonciation et l’église Saint Georges, au vieux souk.

En 1999, il entame des études approfondies en archéologie et histoire de l’art à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, puis rédige un mémoire sur les églises maronites anciennes.

C’est ce travail académique, entre recherche et enseignement, qui a ravivé en lui la passion des icônes.

En 2015, Nabil décide d’approfondir ses études sur l’icône melkite arabo-byzantine.

Ce projet s’étend sur plusieurs années et se voit publié en 2024.

Pas de rose sans épines

Comme pour toute étude scientifique, ce parcours n’a pas manqué d’embûches.

Nabil a dû faire face à deux obstacles principaux, l’un d’ordre académique et l’autre d’ordre financier.

D’une part, le manque de références scientifiques sur les icônes melkites a incité le chercheur à innover dans son approche.

"J’ai dû utiliser des études sur les icônes byzantines et faire un parallélisme entre les styles et les caractéristiques, étant donné que l’icône melkite a des bases byzantines, tout en ayant son propre style", précise Nabil.

L’apport de l’auteur réside également dans l’élaboration d’une analyse personnelle pour chaque icône présentée dans l’ouvrage.

D’autre part, le financement constitue un enjeu principal, surtout pour l’impression d’images de haute qualité.

"J’ai financé tout le projet, confie Nabil, j’ai juste reçu une contribution pour les frais d’impression".

Heureusement, il n’y a pas non plus d’épines sans rose.

Pour écrire sur des thèmes religieux, Nabil explique qu’il s’est à nouveau tourné vers les livres saints, la Bible, le Nouveau Testament et d’autres.

"Ces relectures ainsi que les visites fréquentes à l’église du couvent m’ont ramené, tout simplement, aux bases chrétiennes desquelles je m’étais éloigné en raison des occupations de la vie. Le bonheur spirituel est le plus grand gain que j’ai tiré de cette recherche", révèle-t-il.

"J’ai réalisé que l’icône n’est que l’Évangile écrit par les lignes et les couleurs, à condition de bien les méditer et les comprendre."

Une suite en perspective

Le présent ouvrage est le premier volume d’une série de trois.

Le deuxième portera sur les icônes conservées à l’église paroissiale de Saint Georges pour les grecs-catholiques, située dans le vieux souk de Zouk Mikaël.

Le troisième proposera une étude sur les icônes du couvent Saint Michel des sœurs basiliennes alépines, également à Zouk Mikaël.

L’objectif est de mettre en lumière le trésor iconographique qu’abrite la ville.

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