cinéma-Liban " Memory Box ", film rescapé d’un Liban à la mémoire brisée Par Deborah COLE et François BECKER à Paris =(Photo Archives)=
Paris, 14 jan 2022 (AFP) – Entre pandémie et explosion au port de Beyrouth, leur film fait figure de rescapé: un couple de réalisateurs libanais sort mercredi " Memory Box ", plongée façon puzzle dans la mémoire d’une famille de la diaspora libanaise installée à Montréal (Canada). Le troisième film de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, artistes contemporains exposés dans le monde entier (Tate Modern de Londres, Centre Pompidou à Paris, MoMa à New York…), qui ont reçu en 2017 le prix Marcel-Duchamp, aurait bien pu ne pas voir le jour. Le tournage s’est terminé juste avant l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, et détruit sous leurs yeux des quartiers de la capitale libanaise. L’appartement, la société de production et une bonne partie des oeuvres du couple, stockées près du port, se sont volatilisés ce jour-là. Le film " fait un écho incroyable au présent ", avait expliqué Khalil Joreige à l’AFP durant la dernière Berlinale, où le film était sélectionné. Le temps de retrouver ses esprits, le couple s’est demandé s’il fallait conserver la fin du film, et une scène-clé de retrouvailles familiales, justement au port de Beyrouth, baigné de lumière. Le désastre donne un nouveau poids au film, ce qui est " à la fois troublant et attristant ", poursuit Joana Hadjithomas, qui veut croire qu’au final, " après les catastrophes, il y aura des régénérations ". Dans ce film, blessures et secrets intimes vont ressurgir lorsque la petite-fille de la famille, Alex, ouvre un volumineux colis de papier kraft expédié depuis Beyrouth. A l’intérieur, cahiers, cassettes et photos témoignent d’une vie d’avant dont on lui a si peu parlé: ces années de guerre civile, à Beyrouth, vécues par sa mère Maia, avant l’exil. Ce passé figé sur pellicule argentique, que Maia veut oublier, sa fille Alex, smartphone à la main, va l’exhumer. " Tout a commencé quand j’ai retrouvé des cahiers que j’avais écrits pendant six ans dans les années 1980 à ma meilleure amie partie vivre à Paris ", raconte Joana Hadjithomas. Ces souvenirs d’un pays dont les habitants " ont le sentiment de ne pas partager une histoire commune " selon elle, sont " tricotés " avec des milliers de photographies prises par son compagnon Khalil Joreige à la même époque au Liban, pour raconter l’histoire – inventée – du film. Le résultat est un mélange riche et inventif de scènes de cinéma, de montages, et de madeleines de Proust des années 1980: pantalons " pattes d’eph " et tubes de Blondie. fbe/mch/dch

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