Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a été tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth, a annoncé samedi le mouvement pro-iranien, un coup dur qui plonge le Liban et le Moyen-Orient dans l’inconnu. La mort de celui qui était considéré comme l’homme le plus puissant du Liban, risque de déstabiliser non seulement son parti, mais aussi l’ensemble du pays. Surtout, cela constitue une victoire majeure pour Israël face à l’Iran et ses alliés dans la région.

" Sayyed Hassan Nasrallah a rejoint ses compagnons martyrs (..) dont il a conduit la marche pendant près de trente ans ", a annoncé un communiqué du Hezbollah, plus proche allié de l’Iran et ennemi juré d’Israël.

Le chef de la formation pro-iranienne a été tué dans un raid israélien dévastateur vendredi, en fin d’après-midi, sur la banlieue sud de Beyrouth, où Tel-Aviv a dit avoir ciblé le QG du mouvement islamiste.

" Hassan Nasrallah est mort ", avait déclaré plus tôt un porte-parole de l’armée israélienne, Nadav Shoshani, dans une réaction lapidaire sur X.

" Ordre nouveau "

A la tête du Hezbollah depuis 1992, Hassan Nasrallah, 64 ans, était avant tout un leader religieux qui faisait l’objet d’un véritable culte de la personnalité au sein de la communauté chiite au Liban. Depuis des années, il vivait dans la clandestinité, sa dernière apparition publique remontant à 2016.

" Le message est simple: quiconque menace les citoyens d’Israël, nous saurons comment l’atteindre ", a averti le chef d’état-major israélien, le général Herzi Halevi, après la mort de Nasrallah.

Selon un communiqué militaire israélien, Ali Karaké, présenté comme le commandant du front sud du Hezbollah, ainsi que d’autres responsables de l’aile militaire du mouvement, ont été tués au côté de Hassan Nasrallah dans une opération baptisée " Ordre nouveau " par l’Etat-major de Tel-Aviv.

Celui-ci a ensuite affirmé que la " plupart " des hauts dirigeants du Hezbollah avaient été " éliminés " lors de ses opérations, au cours des derniers mois.

Infiltration israélienne

L’attaque contre Nasrallah " était très sophistiquée. Cela démontre non seulement des capacités technologiques énormes mais aussi à quel point Israël a infiltré le Hezbollah ", estime James Dorsey, chercheur à l’Institut du Moyen-Orient de l’Université nationale de Singapour.

" Il y a encore du chemin à faire ", a déclaré le porte-parole de l’armée, Nadav Shoshani, estimant à " des dizaines de milliers de roquettes " l’arsenal du mouvement et disant que le Hezbollah a toujours " la capacité d’en tirer plusieurs simultanément " sur Israël.

La frappe dans la banlieue sud a détruit des dizaines d’immeubles selon un photographe de l’AFP et poussé à la fuite des milliers d’habitants, dont plusieurs familles ont dormi dans la rue. Selon un bilan provisoire des autorités libanaises, au moins six personnes ont péri.

Plusieurs heures après la frappe, des colonnes de fumée s’élèvent encore des décombres.

" Politique stupide "

Financé et armé par l’Iran, le Hezbollah avait été créé en 1982 à l’initiative du Corps des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de Téhéran.

Sans mentionner le nom de Hassan Nasrallah, le guide suprême d’Iran, Ali Khamenei, a déclaré samedi que " le massacre de personnes sans défense au Liban " " a prouvé la politique à courte vue et stupide des dirigeants du régime usurpateur ".

Le prédécesseur de Hassan Nasrallah, Abbas Moussaoui, avait été tué en février 1992 par un raid israélien sur son convoi dans le sud du Liban. Sa femme et un de ses fils comptaient aussi parmi les victimes.

Malgré les coups portés par Israël, qui bombarde sans cesse les bastions du Hezbollah, le mouvement a annoncé samedi avoir tiré des roquettes contre le nord d’Israël. Avec un succès néanmoins très relatif, puisque la plupar des projectiles ont été interceptés.

Lundi, l’armée israélienne a lancé une campagne de bombardements particulièrement violents contre le Hezbollah sur l’ensemble du territoire libanais, après un an d’échanges de tirs transfrontaliers avec la formation pro-iranienne.

Celle-ci avait ouvert un front contre Israël au lendemain de l’attaque déclenchée par le Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, en soutien au groupe armé palestinien, qu’elle considère comme son allié.

Israël affirme avoir agi pour faire cesser les tirs du Hezbollah vers le nord de son territoire, frontalier du Liban-sud, et permettre ainsi le retour de dizaines de milliers d’habitants déplacés par les combats

" 140 cibles "

L’armée israélienne a annoncé avoir mené des frappes sur " 140 cibles du Hezbollah " dans la nuit de vendredi à samedi soir, affirmant avoir éliminé l’un de ses commandants lors d’un raid dans le sud du Liban.

Une nouvelle frappe israélienne a également visé la banlieue sud de Beyrouth, touchant un immeuble, selon une source sécuritaire.

En réaction à " la dégradation de la situation sécuritaire ", la Commission européenne et l’Agence européenne de la sécurité aérienne ont recommandé aux compagnies aériennes d’éviter les espaces aériens libanais et israéliens, une mesure en vigueur jusqu’au 31 octobre. Plusieurs compagnies ont déjà suspendu leurs vols vers Beyrouth et Tel-Aviv.

Le ministère libanais de la Santé fait état de plus de 700 morts, dont une majorité de civils. Après quasi une année d’affrontements, le bilan dépasse les 1 500 morts ; en 2006, la guerre des 33 jours entre Israël et le Hezbollah avait coûté la vie à quelques 1200 personnes.