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L’Autorité des marchés publics a recommandé de relancer l’appel d’offres pour l’achat de carburant au profit d’Électricité du Liban (EDL) afin de permettre le fonctionnement des centrales électriques de Dar Ammar et Zahrani. Le ministre sortant, Walid Fayad, accuse le directeur des adjudications, Jean Ellieh, de commettre une grave erreur et de mener ainsi le pays vers un blackout total.   

Décidément, les appels d’offres et les adjudications sont de plus en plus compliqués au Liban! En effet, l’Autorité des marchés publics a rendu mercredi son rapport relatif à l’appel d’offres public pour l’achat, au mois de décembre, de gazole et de diesel d’une teneur en soufre maximale de 10.000 ppm (en échange de celui envoyé par l’Irak) afin de répondre aux besoins d’EDL et du ministère des Télécoms (nécessaire au fonctionnement des centraux téléphoniques). Elle a recommandé de relancer l’appel d’offres.

Une source proche du dossier explique à Ici Beyrouth, que l’Autorité a recommandé de relancer l’appel d’offres parce qu’elle a constaté "plusieurs anomalies substantielles" dans le dossier.

Elle prie le ministère de l’Énergie et de l’Eau de "respecter les dispositions de la loi sur les marchés publics et de relancer l’appel d’offres, en donnant suffisamment de temps aux soumissionnaires pour proposer leurs offres".

L’Autorité des marchés publics a rappelé au ministre de l’Énergie et de l’Eau "la nécessité d’adhérer au texte de l’article 100, premier alinéa, de la loi sur les marchés publics, concernant l’obligation de la commission des marchés publics d’agir indépendamment de l’acheteur dans tous ses travaux et décisions".

Après examen du dossier de l’appel d’offres précité, il a été constaté que "l’entité acheteuse (le ministère de l’Énergie) a réduit le délai de publication à 15 jours au lieu de 21, ce qui ne laisse pas suffisamment de temps aux soumissionnaires pour préparer leurs offres et obtenir les documents requis conformément au cahier des charges", relève la source précitée.

De plus, le dossier reçu du seul soumissionnaire ne comportait aucun document démontrant les circonstances exceptionnelles sur lesquelles il s’est appuyé pour réduire le délai conformément aux dispositions du deuxième alinéa de l’article 12 de la loi sur les marchés publics.

L’Autorité a estimé que "réduire de cette manière le délai de publication conduirait à réduire la base concurrentielle et augmenterait la réticence des soumissionnaires potentiels à participer à l’appel d’offres".

Toujours selon la même source, la réduction des délais de publication a pour conséquence d’empêcher de nouveaux soumissionnaires "d’entrer sur le marché public de la concurrence et de restreindre ce marché".

Une autre violation de la loi sur les marchés publics a été relevée, de même source: l’offre ne comportait pas de prix.

"Le cahier de charges n’a pas respecté le code des marchés publics quant à la déclaration du bénéficiaire effectif ultime", toujours selon la même source.

Le ministre de l’Énergie, Walid Fayad, aurait, semble-t-il, joué le rôle du représentant commercial de la société qui a présenté l’offre et non celui du ministre du gouvernement libanais.

Ce dernier est monté au créneau, accusant M. Ellieh de vouloir arrêter l’attribution des appels d’offres pour le carburant nécessaire à EDL et de "commettre ainsi une grave erreur".

Selon certaines sources, M. Fayad a envoyé un courrier dans ce sens au Premier ministre sortant, Najib Mikati, et aux ministres réunis jeudi matin en Conseil des ministres.

Le ministre estime que cela retardera l’arrivée du carburant et entraînera donc une diminution de l’approvisionnement en électricité, et pourrait conduire à "un blackout" à la mi-décembre.

Il convient de rappeler que le Liban et l’Irak ont conclu un accord le 23 juillet 2021 en vertu duquel l’Irak fournit du carburant aux centrales électriques libanaises, à des conditions avantageuses pour le pays du Cèdre.

Cet accord est entré en vigueur en septembre 2021, avec une quantité de carburant fixée à 100.000 tonnes par mois (80.000 tonnes utilisables par les centrales électriques en raison du Swap). Le carburant irakien ne pouvant être directement utilisé dans les centrales électriques libanaises à cause de sa teneur élevée en soufre, Beyrouth achète un autre type de carburant compatible auprès d’autres fournisseurs (d’où l’appel d’offres) qui reçoivent en échange le carburant irakien.

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