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Ajuster le taux de change du dollar face à la livre à 89.500 livres, dans un premier temps, avant de basculer vers le régime du taux de change flottant, n’est pas une mesure superflue.

L’unification du taux de change devient certes un enjeu vital pour relancer l’économie nationale, mais la question fondamentale demeure: cette unification est-elle synonyme de flottement, c’est-à-dire que l’offre et la demande détermineront le taux de change du dollar face à la livre?

Dans un contexte de crise économico-financière prolongée et d’une menace d’extension de la guerre de Gaza, le Liban n’est pas préparé à gérer un régime de change flottant qui laisse la fixation de la parité dollar/livre à l’offre et à la demande. Par ailleurs, malgré une certaine adaptation de l’économie à son environnement aléatoire, le PIB et le niveau des salaires tant dans le secteur privé que dans le secteur public demeurent faibles.

Quant à la Banque du Liban (BDL), bien qu’elle ait pris de multiples mesures pour se libérer de la contrainte d’être l’autorité de référence qui fixe le taux de change, elle n’a pas réussi à s’en décharger entièrement, pour le moment du moins. Le lancement de sa plate-forme de change Bloomberg n’exclura pas son intervention pour contrer tout dérapage de la monnaie nationale et pour renflouer ses réserves en devises. Dans le même temps, elle poursuit sa politique d’assèchement de la masse monétaire en livres en circulation.

Système de prix  

Cela dit, il est impossible de parler de flottement ou d’unification du taux de change de la livre face au dollar sans tenir compte des accumulations socio-économiques des quatre dernières années au cours desquelles le système de prix a été complètement faussé. Ce qui a gravement affecté les secteurs économiques et les valeurs en termes de calcul des tarifs des services et des prix des stocks de marchandises.

Dans ce contexte de sources bancaires concordantes, on met en garde contre les répercussions d’une unification des taux de change sur le double plan macro et micro-économique avant le vote des lois sur le contrôle des capitaux et la restructuration des banques ainsi que la résolution, d’une part, des dettes de l’État et de la BDL envers les banques et, d’autre part, des dettes de la BDL envers l’État.

Autofinancement  

Certes, libéraliser ou laisser flotter le taux de change d’une manière qui corresponde au taux réel du marché augmente les recettes de l’État. Ce processus permettra a priori aux administrations et aux établissement publics de s’assurer un autofinancement et d’arrêter de compter sur les réserves de la BDL et les avances du Trésor. À ce niveau, la BDL a pris une décision stratégique de fermer le robinet face aux institutions. L’exemple de l’état financier d’Électricité du Liban (EDL) est à retenir, dans ce contexte. Depuis que cet établissement public a introduit un tarif flottant de son service, son compte auprès de la BDL est devenu positif. Il s’est élevé à près de trente millions de dollars, et ce, pour la première fois depuis plusieurs décennies.

Plus personne n’accepte que l’État revienne à ses politiques antérieures à la crise, celle du populisme fiscal et des subventions bénéficiant soi-disant aux classes les plus démunies, surtout dans un contexte de frontières poreuses et de foyer de violence au sud du pays. Autant de politiques défaillantes, qui ont sapé les fondements du régime financier et fiscal local, en plus d’engloutir, à long terme, les revenus de l’État, les réserves de la BDL et l’épargne nationale.

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