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Les gouvernements libanais successifs n’ont de cesse de calculer les dépenses et les recettes de l’État, mais omettent, délibérément ou non, de chiffrer les manques à gagner qui s’élèvent à environ trois milliards de dollars. Ils continuent de réclamer des aides à la communauté internationale, mais restent réfractaires à la mise en œuvre de réformes indispensables à l’assainissement des finances publiques et à un redressement économique du pays.

Les gouvernements libanais successifs n’ont de cesse de calculer les dépenses et les recettes de l’État mais omettent, délibérément ou non, de chiffrer les manques à gagner de l’État qui s’élèvent à environ trois milliards de dollars.

Le problème commun à tous ces gouvernements est de croire qu’augmenter les impôts augmentera de facto les recettes du Trésor, au lieu de s’attaquer au cœur du mal, c’est-à-dire de combattre tout ce qui est illégal et de réformer de fond en comble l’administration publique.

Une fois ces problèmes éradiqués, ce ne sont pas uniquement les recettes de l’État qui augmenteront. L’image du Liban à l’étranger s’améliorera, ce qui est de nature à attirer les investissements et à créer un environnement propice aux affaires.

Ici Beyrouth a tenté de répertorier ces manques à gagner.

Internet illégal: 60 millions de dollars

Les mesures prises pour en finir avec l’Internet illégal devraient permettre de générer quelque 60 millions de dollars au Trésor public, a indiqué le ministre sortant des Télécommunications, Johnny Corm, à Ici Beyrouth. Il a déclaré que l’objectif de la nouvelle loi sur l’Internet illégal est d’empêcher le monopole dans un certain nombre de régions, assurant que les propriétaires de réseaux paieront 550.000 livres libanaises par mois, par abonné.

Evasion fiscale: environ 1 milliard 500 millions de dollars

Selon Nassib Ghobril, économiste en chef de la Byblos Bank, et d’après ses calculs entre 2010 et 2018, l’État libanais perdait entre 1 milliard deux cents millions de dollars et 1 milliard 500 millions de dollars par an à cause de l’évasion fiscale.

Contrebande: 2 milliards de dollars

La contrebande fait perdre au Trésor libanais près de deux milliards de dollars par an. Classé aujourd’hui parmi les pays les plus corrompus de la planète, le Liban n’a toujours rien fait pour enrayer ce fléau qui le ruine littéralement. Aucune réforme ni loi pénalisante n’ont été mises en œuvre. L’aéroport, le port, les frontières terrestres sont autant de passoires où la présence de l’État reste timide.

EDL: 400 millions de dollars

Les déboires d’Électricité du Liban (EDL) sont certes dus à d’énormes pertes d’ordre technique, à cause des infrastructures obsolètes. Ils sont aussi, et surtout, dus aux branchements illicites, à la manipulation de compteurs et à l’absence de collectes dans certaines régions. Vices que l’on constate dans les quartiers pauvres ou ceux contrôlés par les milices, ou encore dans les camps de réfugiés.

Avec les problèmes de non-facturation, par défaut de collecte ou refus de paiement, 40% de l’électricité produite ne génère pas de revenus à EDL, dont 21% en branchements illégaux. Chaque année, Électricité du Liban perd près de 400 millions de dollars en branchements illicites et en non-recouvrement de factures. Sans oublier les arriérés que les administrations publiques libanaises doivent à l’office autonome et qui s’élèvent à 233 millions de dollars.

Cadastre: 36.000 milliards de livres

L’activité dans les services du cadastre du Mont-Liban est au point mort depuis octobre 2022, après un fonctionnement au ralenti qui remonte à début 2020. Plus de 50.000 formalités d’enregistrement de biens-fonds dans ce mohafazat sont en suspens.

Selon le président de la Commission parlementaire des finances et du budget, le député Ibrahim Kanaan, ces 50.000 formalités représentent près de 10.000 milliards de livres de revenus fiscaux dont l’État est privé, en prenant pour référence les recettes de 2022.

Selon les chiffres du budget 2024, les recettes du cadastre sont évaluées à 36.000 milliards de livres libanaises, soit15% des recettes fiscales. Pour M. Ghobril, les pertes dans les services des cadastres s’élèvent, par jour, à 1 million 550.000 dollars, sur base d’un taux de change à 89.500 livres.

Grève du secteur public: 13 millions 300.000 dollars par jour

Une journée de grève ouverte décrétée par les fonctionnaires coûte à l’État libanais près de 400.000 dollars par jour, selon les chiffres d’une étude du ministère du Travail.

Pour Nassib Ghobril, si les administrations publiques demeurent fermées à cause de la grève, le Trésor perdra tous les jours 13 millions 300.000 dollars. Il rappelle que, selon le Fonds monétaire international (FMI), les recettes de l’État sont passées de 21% du PIB en 2018 et 2019 à 8,6% en 2023, surtout à cause de la grève du secteur public qui dure depuis plus de deux ans.

Piratage audiovisuel: pertes encore indéfinies

Le chiffre d’affaires du secteur de l’audiovisuel est estimé à environ 40 millions de dollars par an, sur lesquels l’État ne prélève pratiquement rien. Personne ne paie de droits d’utilisation des infrastructures publiques, et la plupart des usagers n’honorent pas non plus les taxes sur les droits de retransmission, la TVA, ou les impôts sur les bénéfices.

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