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L’âge de la retraite serait porté à 68 ans pour les fonctionnaires. Les raisons justifiant cette mesure sont multiples. Les députés n’y vont pas de main morte. 

Le recul de l’âge de la retraite des fonctionnaires fait l’objet de deux propositions de loi, l’une présentée par le bloc parlementaire de "la Rencontre démocratique", et l’autre par trois députés du groupe "Changement", à savoir Waddah Sadek, Michel Doueihy, et Marc Daou.

Selon la législation libanaise en vigueur, l’âge de départ à la retraite est actuellement fixé à 64 ans pour les hommes et les femmes, avec la possibilité pour ces dernières de partir dès l’âge de 60 ans, si elles le désirent.

Toutefois, il existe une exception pour les juges et les militaires. Conformément à une loi sur l’organisation judiciaire au Liban, l’âge de départ à la retraite des juges est fixé à 68 ans. Quant aux militaires, l’âge de départ à la retraite varie en fonction de leur grade, avec un départ plus tardif pour les grades les plus élevés.

Un temps de crise

En temps de crise économique et financière, les États recourent souvent à une réforme des retraites en retardant l’âge de départ des fonctionnaires, ce qui pourrait potentiellement réduire les coûts pour le système de retraite en prolongeant la période de cotisation tout en réduisant la période de perception des pensions.

Au Liban, une telle mesure pourrait apporter un soulagement aux fonctionnaires, dont la valeur de l’indemnité de fin de service a considérablement diminué. Elle permettrait également à l’État de reconstituer les fonds de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et de trouver une solution équitable à la question de la dévaluation des salaires dans le secteur public.

Il est à noter que les salaires des fonctionnaires n’ont pas été révisés à la hausse malgré une dévaluation de la livre de 98%. Par conséquent, leurs indemnités de fin de service sont toujours calculées sur la base d’un taux de change de 1507,5 livres pour un dollar, ce qui entraîne souvent des indemnités d’environ 6000 dollars après 25 ans de service, selon le taux actuel de 88000 livres pour un dollar.

Quant à la CNSS, elle a investi ses fonds dans des bons du Trésor. Cependant, depuis que le Liban a annoncé son défaut de paiement, ces titres ne valent plus grand-chose.

La diversité des âges

Le bloc parlementaire de "la Rencontre démocratique" propose une diversité des âges de départ à la retraite en se basant sur les régimes de retraite des juges et des militaires ainsi que sur d’autres régimes en vigueur dans certains pays de la région. Il propose les amendements suivants:

  • Les fonctionnaires de la quatrième et cinquième catégorie seraient mis à la retraite à l’âge de 66 ans;
  • Les fonctionnaires de la troisième et deuxième catégorie seraient mis à la retraite à l’âge de 68 ans;
  • Dans tous les cas, les fonctionnaires resteraient libres de faire valoir leurs droits à la retraite à 64 ans.

Dans les motifs, le bloc parlementaire de "la Rencontre démocratique" insiste sur l’importance de "l’expérience" des cadres pour un meilleur rendement de la fonction publique. Il souligne également les économies que l’État réaliserait sur sa trésorerie ainsi que l’impossibilité pour les responsables de procéder à des nominations de fonctionnaires dans le contexte politique actuel du pays.

Les enseignants de l’UL

Quant à la proposition de loi des trois députés du "Changement", elle concerne les enseignants de l’Université libanaise (UL). Cette proposition prévoit un régime de retraite particulier pour ces enseignants au nom de "l’égalité de traitement entre les fonctionnaires". Étant donné les qualifications requises pour être nommé enseignant à l’UL, les membres du corps professoral ont rarement l’opportunité d’accumuler vingt-cinq années de service pour bénéficier d’une pension de retraite, selon les lois en vigueur.

Dans leur proposition, les trois députés mentionnent la tendance observée dans les universités à travers le monde ainsi que le règlement intérieur de l’AUB, amendé en 2016, stipulant que les enseignants peuvent rester en poste tant qu’ils sont capables de donner des cours et de mener des recherches académiques. Ils font également référence au règlement intérieur de l’Université arabe, où l’âge de la retraite pour les professeurs est fixé à 72 ans.

Espérance de vie

Il est désormais crucial d’ajuster l’âge de la retraite en fonction de l’espérance de vie au Liban. Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’espérance de vie des Libanais est passée de 61 ans en 1964 à 67 ans en 1976, puis à 78 ans en 2014. Relever l’âge de départ à la retraite pourrait réduire le nombre de retraités et ralentir la détérioration de leur taux de dépendance.

Idée controversée

Le relèvement de l’âge de départ à la retraite est sans aucun doute une idée controversée. Le ministre sortant de la Jeunesse et des Sports, Georges Kallas, s’est déjà exprimé contre cette recommandation, affirmant qu’elle réduit les opportunités d’emploi pour les jeunes diplômés. Certes, le secteur public a besoin de ses seniors, mais il doit également être assaini en éliminant les "emplois fantômes".

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