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L’objectif du projet de budget 2025 est de préserver un équilibre relatif entre les recettes et les dépenses, pour que le déficit global reste inférieur à 4,1%, soit environ 190 millions de dollars.

L’avant-projet de budget soumis en août par le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, au gouvernement, anticipe également une augmentation significative des recettes par rapport à celui de 2024, dépassant 101 trillions de livres libanaises (1,1 milliard de dollars). Celles-ci proviennent principalement des impôts, pour atteindre un total de 410 trillions de livres libanaises (4,6 milliards de dollars).

Chiffres estimés et chiffres réalisés

Il est tout à fait légitime de s’interroger sur les chiffres et les statistiques utilisés par le ministère des Finances pour concevoir la mouture du projet de budget 2025, surtout après que l’agence de notation Standard & Poor’s a récemment critiqué le manque et l’irrégularité de la publication de ces données.

En effet, nous ne disposons d’aucune information concernant les performances réelles des finances publiques, ni des chiffres réalisés ni des estimations, ce qui rend impossible toute comparaison entre les indicateurs du projet de budget 2025 et ceux de la loi de finances de 2024. Il est important de rappeler que, théoriquement, le budget 2024 prévoyait un déficit de 14% des dépenses, tandis que celui de 2025 affiche un objectif de 4,1%.  

Les mêmes orientations

Les grandes orientations de l’avant-projet de budget 2025 ne diffèrent pas de celles des budgets 2023 et 2024 concernant la répartition des recettes et des dépenses. En effet, 90% des dépenses sont des dépenses courantes, tandis que les dépenses d’investissement n’en représentent que 10%.

Du côté des recettes, 80% proviennent de la fiscalité et 20% de revenus non fiscaux.

De plus, à l’instar de la loi de finances de 2024, la mouture du projet de budget 2025 est dénuée de toute vision économique claire.

Le ministre sortant des Finances s’est limité lors de ses échanges avec les représentants des organismes économiques à exprimer son intention d’élargir l’assiette des contribuables et de promouvoir la conformité fiscale des assujettis. Il a également souligné sa volonté de renforcer la coordination entre la direction des finances publiques et l’administration des douanes.

Le déficit réduit

La baisse estimée du déficit à 4,1% des dépenses ne résulte pas d’une quelconque prouesse des auteurs du projet de budget 2025. Elle s’explique par le fait que le Trésor s’est allégé du fardeau des intérêts sur la dette intérieure et extérieure. Ces intérêts, qui avaient atteint un sommet en 2019 avec 5,4 milliards de dollars, ne devraient pas dépasser 350 millions de dollars en 2025.                  

Cela dit, pour les dépenses, l’avant-projet de budget prévoit une augmentation de 39% par rapport aux dépenses approuvées dans le budget 2024, atteignant 4,78 milliards de dollars (environ 428 trillions de livres). Cependant, celles-ci ne représentent qu’environ 30% des dépenses de l’État en 2019, qui s’élevaient à environ 15,7 milliards de dollars.

Quant aux recettes prévues, elles restent bien en deçà de leur niveau d’avant la crise, ne représentant que 43% des recettes réelles du budget de 2019.

Des bons du Trésor

Ce qui est choquant dans la mouture du projet de budget 2025, c’est qu’il prévoit un déficit d’approximativement 196 millions de dollars et sollicite l’autorisation de le financer par l’émission de bons du Trésor. La grande inconnue reste de savoir qui achètera ces bons. Depuis le défaut de paiement sur les eurobonds, les banques locales ne sont plus de toute évidence intéressées, et la Banque centrale a cessé de financer le déficit de l’État depuis 2023.

Il reste que sur la forme, M. Khalil a présenté dans les délais l’avant-projet de budget 2025 au gouvernement. Cependant, comme son nom l’indique, ce texte pourrait encore subir des modifications importantes avant d’être adopté par le Parlement, une fois passé le cap du Conseil des ministres et promulgué comme loi de finances. Le processus de son élaboration ne fait que commencer.