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La tournée de Wassim Mansouri, gouverneur par intérim de la Banque du Liban, auprès des banques correspondantes à Londres, s’est conclue avec succès.

M. Mansouri est rentré à Beyrouth avec des garanties que ces banques continueront à collaborer avec le pays, malgré une éventuelle décision imminente du Groupe d’action financière (Gafi) prévue pour le 24 octobre, d’inscrire le Liban sur sa liste grise. Cette liste, rappelle-t-on, regroupe les pays présentant des failles dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

D’après des sources proches de M. Mansouri, les réunions à Londres ont été constructives, directes et franches. Les banques correspondantes fondent leur confiance sur le fait que la banque centrale respecte les normes internationales et mette en œuvre les mesures requises en matière de transparence monétaire.

M. Mansouri avait exposé aux responsables des banques correspondantes à Londres les diverses actions entreprises par le Liban, notamment par la BDL, pour réduire l’économie du cash, surveiller les opérations bancaires et se conformer aux exigences du marché monétaire international.

Il a également fourni des réponses détaillées aux points soulevés dans le dernier rapport du Groupe d’action financière (Gafi), qui recommande de reclasser le Liban sur sa liste grise. Le Gafi voulait classer le Liban sur sa liste grise, en 2023, mais il avait fini par accorder un sursis d’un an au pays, à la demande de la banque centrale, pour qu’il mène des réformes allant dans le sens d’une lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Pour la seconde fois en un an, le gouverneur a donc entrepris des démarches pour protéger le secteur bancaire et la BDL des répercussions potentielles d’un classement du Liban sur la liste grise du Gafi.

Avec l’assurance obtenue que les transferts via les banques correspondantes ne seront pas affectés, le secteur bancaire libanais devrait ainsi échapper aux conséquences d’un éventuel classement.

Il faut dire que le vice-gouverneur de la BDL ne pouvait pas à lui seul inverser une décision qui sera annoncée le 24 octobre. Les informations recueillies lors des réunions qu’il a tenues à Londres et à Washington l’ont incité à tout mettre en œuvre pour protéger le secteur bancaire ainsi que la BDL, notamment leurs relations avec les banques correspondantes.

Le dernier rapport du Gafi a d’ailleurs salué les efforts déployés par le secteur bancaire et la BDL pour appliquer les mesures correctives demandées, notamment en matière de réduction de l’économie de liquidités et de lutte contre le blanchiment d’argent.

Selon les chiffres officiels, la masse monétaire en livres libanaises continue de diminuer, atteignant près de 58.000 milliards de livres libanaises au début du mois de septembre. Parallèlement, la BDL a réussi à augmenter ses réserves en devises étrangères de près de 2 milliards de dollars, les portant à environ 10,4 milliards de dollars.

La banque centrale poursuit d’ailleurs ses efforts pour réguler la masse monétaire en livres libanaises, tout en encourageant les moyens de paiement électronique pour réduire la dépendance à l’argent liquide sur le marché.

Ces initiatives sont alignées sur les normes internationales, notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Par ailleurs, la BDL a émis la circulaire intermédiaire n° 692, qui prévoit la création de deux divisions au sein de l’unité de vérification qui a pour mission de vérifier le respect des procédures et des textes applicables en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Ces divisions seront chargées de superviser les activités du siège central ainsi que les agences des banques, en plus de s’assurer du respect des normes requises en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la corruption.

Pour améliorer le classement du Liban, surtout s’il va être inscrit sur la liste grise du Gafi dans les semaines à venir, il est crucial de développer un plan d’action coordonné impliquant toutes les parties prenantes locales, avec le soutien actif des autorités législatives et des décideurs politiques. Ce plan devra combler les lacunes identifiées et renforcer l’efficacité des mécanismes de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Il est également important d’adopter une approche gouvernementale unifiée pour mettre en œuvre les mesures correctives demandées. Cela est d’autant plus nécessaire en raison du manque de coopération entre le Parlement, le gouvernement d’expédition des affaires courantes et la BDL pour adopter les réformes demandées par le Gafi. Les efforts devraient porter sur les réformes judiciaires, la lutte contre la corruption, la poursuite des responsables de pratiques corruptives, ainsi que le contrôle de l’économie informelle.

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