Des milliers de Palestiniens déplacés, fuyant leurs maisons et leurs abris, se réfugient dans le camp de fortune de Rafah, dans des conditions désastreuses aggravées par la pluie, alors que l’armée israélienne continue de cibler la zone.

Après avoir fui leurs maisons au nord, puis leurs abris dans la grande ville de Khan Younes, des dizaines de milliers de Palestiniens cherchent désormais refuge à Rafah, plus au sud, près de la frontière égyptienne. Cette zone s’est transformée en un immense camp avec des centaines de tentes de fortune fabriquées à partir de morceaux de bois ou de draps.

Les personnes déplacées à Rafah, cherchant refuge sous des bâches en plastique improvisées, font face à des difficultés accrues en raison des précipitations actuelles. " Toutes les tentes sont inondées. Nous ne savons pas quoi faire. Comme vous pouvez le constater, nous utilisons cette planche pour préserver le four des dommages, en plus de la bâche que nous avons installée au-dessus. Je jure devant Dieu que les conditions ici sont extrêmement difficiles ", a déclaré Ihab Abu Jof, un Palestinien de 23 ans, qui a protégé son fourneau de fortune à l’aide d’une feuille de métal et d’une bâche.

Des Palestiniens marchent sous la pluie dans un camp de personnes déplacées à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. (Photo MAHMUD HAMS / AFP)

Selon les Nations unies, environ 1,9 million des 2,4 millions d’habitants de Gaza ont été contraints de se déplacer en raison du conflit, dont la moitié sont des enfants. Les organisations humanitaires alertent sur le risque imminent de famine et de maladies qui pourraient submerger le territoire, et elles appellent Israël à intensifier ses efforts pour protéger les civils.

D’après le bureau de l’ONU pour la coordination humanitaire (Ocha), la surpopulation et la malnutrition sont des facteurs qui favorisent la propagation de maladies telles que la diarrhée, la grippe et la variole. Cette situation exerce une pression supplémentaire sur un système de santé déjà débordé et augmente le risque de décès. À cela s’ajoute la pluie qui tombe sur Rafah, où les déplacés s’abritent tant bien que mal sous des bâches en plastique.

Un Palestinien traîne des briques dans un camp de personnes déplacées à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. (Photo MAHMUD HAMS / AFP)

Jack Khoury, journaliste du Haaretz à Gaza, a publié sur son compte X: " L’attention est principalement dirigée vers les batailles, les pertes, les cibles, les déclarations et le débat sur l’après-guerre, mais pour des centaines de milliers de personnes, obtenir une tente ordinaire équivaut à l’obtention d’une villa.

La plupart du temps, aucune tente n’existe, et par une journée pluvieuse comme celle-ci, la situation est déplorable. À Gaza, il y a aussi des files d’attente et des gens qui restent debout pendant des heures pour obtenir une pita ou un sac de farine, ou même pour recharger leur téléphone. "

Malgré la présence de ces personnes déplacées, l’armée israélienne continue de cibler Rafah, où des frappes sur deux maisons ont fait 24 morts mardi, selon le ministère de la Santé à Gaza.

Maria Chami, avec AFP