Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken en Turquie, première étape de sa tournée au Moyen-Orient qui doit le conduire, outre en Israël, dans cinq pays arabes, ainsi qu’en Cisjordanie.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est arrivé vendredi en Turquie, première étape de sa quatrième tournée au Moyen-Orient depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, le 7 octobre dernier. M. Blinken entend plaider pour une aide accrue à Gaza et discuter des moyens d’éviter l’embrasement dans un contexte régional à cran.

M. Blinken s’attend à des discussions difficiles lors de cette nouvelle tournée qui l’amènera, outre en Israël en début de semaine prochaine, dans cinq pays arabes – Jordanie, Qatar, Émirats, Arabie saoudite et Égypte – ainsi qu’en Cisjordanie, siège de l’Autorité palestinienne, a indiqué à la presse son porte-parole, Matthew Miller.

Dans cette tournée prévue jusqu’au 10 janvier, le secrétaire d’État américain discutera de "mesures immédiates visant à accroître considérablement l’aide humanitaire à Gaza", où la situation humanitaire est qualifiée par l’ONU et les ONG de "catastrophique".

"Nous ne nous attendons pas à ce que tous les pourparlers de ce voyage soient faciles. Il est évident que la région est confrontée à des problèmes ardus et que des choix difficiles s’imposent", a affirmé M. Miller. "Mais le secrétaire d’État estime qu’il est de la responsabilité des États-Unis de mener des efforts diplomatiques pour s’attaquer de front à ces défis", a-t-il ajouté.

La position américaine est délicate: les États-Unis sont le premier soutien militaire d’Israël et ils rejettent un cessez-le-feu réclamé avec force par les pays arabes notamment. Washington n’est pas opposé, en revanche, à des pauses humanitaires comme celle qui a eu lieu en novembre, permettant la libération d’otages retenus par le Hamas.

En dépêchant une nouvelle fois le secrétaire d’État américain dans la région – ce sera son quatrième déplacement officiel en Israël depuis l’attaque du Hamas, le 7 octobre –, les États-Unis entendent ainsi maintenir la pression sur les autorités israéliennes.

Malgré une marge de manœuvre limitée, les responsables de l’administration américaine répètent que les pressions exercées en coulisses sur Israël portent leurs fruits. Cependant, ils ne cachent pas leur frustration vis-à-vis du gouvernement du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, et de sa conduite de la guerre.

Les États-Unis dénoncent aussi les positions extrêmes de ministres israéliens appelant au retour de colons juifs à Gaza, après la guerre en cours, et "encourageant" la population palestinienne à émigrer.

Les craintes de voir la guerre embraser tout le Moyen-Orient se sont encore accrues depuis la frappe, mardi, contre le numéro deux du Hamas au Liban, Saleh al-Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth, et la double explosion qui a fait 89 morts mercredi en Iran, revendiquée par le groupe État islamique.

La communauté internationale s’inquiète aussi de la multiplication des attaques de navires marchands par les Houthis du Yémen en mer Rouge, et exhorte ces derniers à cesser "immédiatement leurs attaques illégales", faute de quoi ces rebelles, proches de l’Iran, en assumeront les "conséquences".

M. Blinken s’en est d’ailleurs entretenu mercredi avec son homologue française, Catherine Colonna. Les deux responsables ont discuté de mesures visant à "éviter l’escalade au Liban et en Iran", a fait savoir jeudi le département d’État américain.

Les deux ministres ont également discuté au téléphone de "mesures visant à faire baisser la tension en Cisjordanie", selon un communiqué.

En Turquie, la situation à Gaza sera évoquée avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, soutien traditionnel de la cause palestinienne, qui a multiplié depuis le début du conflit les invectives à l’égard d’Israël, dénonçant aussi le soutien des États-Unis au gouvernement israélien.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP