Au 91ᵉ jour de la guerre entre le Hamas et Israël, les bombardements et les opérations au sol se poursuivent dans l’enclave. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a présenté pour la première fois un plan pour l’après-guerre à Gaza.

Le calvaire se poursuivait, vendredi, pour les quelque 2,4 millions de Gazaouis, dont environ 1,9 million déplacés par la guerre, déclenchée par l’attaque sanglante menée par le Hamas contre l’État hébreu, le 7 octobre, et qui a fait à ce jour 22.600 morts, majoritairement des femmes et des mineurs, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé à Gaza. La population gazaouie manque d’eau, de nourriture, de médicaments et de soins. Les hôpitaux ne fonctionnent plus ou très difficilement.

Gaza est "tout simplement devenue inhabitable", s’est alarmé, à cet égard, le chef des affaires humanitaires des Nations unies, Martin Griffiths. "Trois mois après les atroces attaques du 7 octobre, Gaza est devenue un lieu de mort et de désespoir" et ses habitants "font face à des menaces quotidiennes sous les yeux du monde", a-t-il ajouté dans un communiqué publié vendredi.

Pour Martin Griffiths, "il est temps que les parties remplissent toutes leurs obligations en vertu du droit international – y compris de protéger les civils et de subvenir à leurs besoins de base – et de libérer immédiatement tous les otages". "Nous continuons de demander une fin immédiate au conflit, non pas seulement pour la population de Gaza et ses voisins menacés, mais pour les générations à venir qui n’oublieront jamais les 90 jours d’enfer et d’attaques sur les principes les plus fondamentaux de l’humanité", a-t-il lancé.

Sept tonnes d’aide

Dans ce contexte, la France et la Jordanie ont largué sept tonnes d’aide humanitaire et sanitaire sur la bande de Gaza, "une première" depuis le début de la guerre, a annoncé vendredi le président français Emmanuel Macron. "La situation humanitaire reste critique" dans l’enclave, a-t-il fait savoir sur son compte X. "Dans un contexte difficile, la France et la Jordanie ont livré par les airs de l’aide à la population et à ceux qui lui portent secours", a-t-il poursuivi.

D’après l’Élysée, l’opération a été conduite dans la nuit de jeudi à vendredi par deux C-130, des avions de transport militaire, l’un français et l’autre jordanien, "avec des équipes mixtes à la fois jordaniennes et françaises dans les deux aéronefs".

Les provisions de secours humanitaire et médical étaient disposées en piles sur des palettes, puis larguées à l’aide d’un système de guidage qui assurait leur descente vers des zones sécurisées, en proximité immédiate de la cible, à savoir l’hôpital de campagne jordanien situé dans la bande de Gaza, d’après les informations fournies par la présidence française.

Cette "opération complexe", conduite "en étroite collaboration et coordination avec l’armée de l’air jordanienne, a été couronnée de succès", ajoute-t-on de même source.

"Il ne reste plus rien"

Sur le terrain, les bombardements et les opérations de sol israéliens se poursuivaient vendredi, l’armée israélienne ayant annoncé "l’élimination d’une cellule terroriste" à Bureij dans le centre de la bande de Gaza et la destruction de sites de lancement de roquettes vers Israël à Khan Younès, la grande ville du sud, épicentre des combats.

À Rafah, la dernière ville dans le sud du petit territoire assiégé, "environ 500.000 personnes déplacées vivent autour des abris, dans les rues ou sur les routes", a expliqué à l’AFP Adnan Abou Hasna, un porte-parole à Gaza de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

Dans l’espoir d’y trouver refuge, les familles y affluent, leurs biens entassés sur le plateau de camionnettes, le toit de voitures surchargées, ou sur des charrettes tirées par des ânes ou accrochées à des tracteurs.

Plan israélien d’après-guerre

Pour la première fois depuis le début de la guerre, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a présenté un plan pour l’après-guerre. Celui-ci, qui doit encore recevoir l’aval d’un gouvernement divisé, prévoit la poursuite des opérations à Gaza jusqu’au "retour des otages", le "démantèlement des capacités militaires et de gouvernance du Hamas" et "l’élimination des menaces militaires".

Pour l’après-guerre, M. Gallant prône une solution excluant le Hamas et refusant la présence civile israélienne. Il rejette les appels de deux ministres d’extrême droite en faveur du retour de colons juifs à Gaza et de "l’émigration" des Palestiniens. Ces propos ont suscité une indignation sur le plan international, notamment de la part de l’allié américain et de l’Union européenne.

"Il n’y aura pas de présence civile israélienne dans la bande de Gaza après l’atteinte des objectifs de la guerre", a déclaré M. Gallant, précisant toutefois que l’armée garderait "sa liberté d’action" dans ce territoire pour y juguler toute "menace" éventuelle.

"Les habitants de Gaza sont Palestiniens. Par conséquent, des entités palestiniennes seront en charge (de la gestion) à condition qu’il n’y ait aucune action hostile ou menace contre l’État d’Israël", a-t-il souligné, sans donner plus de précisions.