L’Iran a lancé une vaste opération de recherche et de sauvetage dans une zone montagneuse enveloppée de brouillard après la disparition de l’hélicoptère du président Ebrahim Raisi, dimanche, dans ce que les médias d’État ont qualifié d' "accident ".

Des informations contradictoires  circulaient à propos des intenses recherches qui se poursuivaient dimanche soir dans le nord-ouest de l’Iran pour retrouver l’hélicoptère transportant le président Ebrahim Raïssi. Pour rappel, l’appareil avait subi un " accident " plus tôt dans la journée, selon des responsables et des médias officiels.

 

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Tandis que des médias iraniens ont dans un premier temps annoncé la découverte de la carcasse de l’appareil, le Croissant rouge iranien a rapidement démenti l’information, affirmant que les recherches se poursuivaient.

La perspective de découvrir vivant le président de 63 ans, élu en 2021, diminuait en milieu de soirée en l’absence d’informations sur le sort de l’hélicoptère qui a disparu en début d’après-midi.

Les recherches étaient rendues très difficiles par les " conditions météorologiques défavorables ", a indiqué le ministre de l’Intérieur Ahmed Vahidi à la télévision d’Etat, en évoquant un " atterrissage brutal " de l’appareil sans donner de détails.

Cette séquence vidéo diffusée par la télévision d’État iranienne IRINN le 19 mai 2024 montre des sauveteurs se dirigeant vers le site de l' "accident " impliquant un hélicoptère du convoi du président iranien dans la région de Jolfa, dans la province occidentale de l’Azerbaïdjan oriental. (IRINN / AFP)

Le président Raïssi, âgé de 63 ans, se trouvait à bord de l’appareil en compagnie du ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, du gouverneur de la province et du principal imam de la région, selon l’agence Irna.

" Epais brouillard "

L’appareil faisait partie d’un convoi de trois hélicoptères transportant la délégation présidentielle, dont deux ont atterri sans encombre à Tabriz, la grande ville du nord-ouest, d’où M. Raïssi devait rejoindre Téhéran.

La télévision d’État iranienne diffusait en début de soirée des images de fidèles en train de prier pour la santé du président dans plusieurs mosquées, dont celle de la ville sainte de Mashhad (nord-est).

Elle montrait aussi des images de plusieurs membres du Croissant-Rouge iranien marchant dans un épais brouillard dans la zone de recherches avant la tombée de la nuit.

Cette image tirée d’une vidéo diffusée par le réseau de télévision d’État iranien IRINN le 19 mai 2024 montre le président iranien Ebrahim Raïssi (à gauche) avec un membre non identifié de sa délégation à bord d’un hélicoptère dans la région de Jolfa, dans la province occidentale de l’Azerbaïdjan de l’Est. (IRINN / AFP)

" Plus de 20 équipes de secours dotées d’un équipement complet, notamment de drones et de chiens de sauvetage ", avaient " été envoyées sur place ", selon Irna.

Khamenei appelle à ne pas " s’inquiéter "

Le vice-président, Mohammad Mokhber, a quitté Téhéran en fin d’après-midi pour rejoindre Tabriz en compagnie de plusieurs ministres, selon le porte-parole du gouvernement. C’est lui qui prendrait les fonctions de président en cas de décès de M. Raïssi, en attendant la tenue d’une élection présidentielle dans les 50 jours.

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Le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a appelé les Iraniens à " ne pas s’inquiéter " pour le pays alors que les recherches se poursuivaient dimanche pour retrouver l’hélicoptère du président Ebrahim Raïssi qui a été victime d’un accident dans le nord-ouest de l’Iran.

" Le peuple iranien ne devrait pas s’inquiéter, il n’y aura pas de perturbation " pour le pays, a déclaré le dirigeant, en disant " espérer que Dieu ramènera le président et ses compagnons dans les bras de la nation ". " Priez tous pour la santé de ces serviteurs ", a-t-il ajouté dans un discours devant des familles de membres des Gardiens de la révolution.

Réactions internationales

Toujours incertaine plusieurs heures après la disparition de l’hélicoptère, l’évolution de la situation était suivie avec attention à l’international, notamment aux Etats-Unis, un pays qui n’entretient pas de relations diplomatiques avec l’Iran.

" Nous suivons de près les informations faisant état d’un possible atterrissage brutal d’un hélicoptère transportant le président et le ministre iranien des Affaires étrangères ", a indiqué un porte-parole de la diplomatie à Washington.

Pour sa part, l’Arabie saoudite a exprimé dimanche sa " grande inquiétude " après que les médias d’Etat iraniens ont rapporté qu’un hélicoptère transportant le président Ebrahim Raisi avait disparu, et a proposé d’aider à l’intervention.

Sur cette photo fournie par l’agence de presse de la République islamique IRNA le 19 mai 2024, on voit l’hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi décoller à la frontière iranienne avec l’Azerbaïdjan après l’inauguration du barrage de Qiz Qalasi, à Aras. (Ali Hamed HAGHDOUST / IRNA / AFP)

" Nous affirmons que le Royaume se tient aux côtés de la République islamique d’Iran dans ces circonstances difficiles et qu’il est prêt à fournir toute l’assistance dont les agences iraniennes ont besoin ", a déclaré le ministère des affaires étrangères du royaume du Golfe, rival de longue date de l’Iran, dans un communiqué.

Plusieurs pays voisins ont proposé leur aide à Téhéran pour retrouver les disparus. C’est notamment le cas de l’Arménie, de l’Irak, du Qatar et de la Turquie.

De son côté, l’Union européenne a annoncé activer son service de cartographie pour trouver l’hélicoptère.

Avec le président de l’Azerbaïdjan

Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a aussi proposé son aide. Plus tôt dans la journée, M. Raïssi s’était rendu dans la province de l’Azerbaïdjan orientale, où il a notamment inauguré un barrage en compagnie de M. Aliev, à la frontière entre les deux pays.

Au cours d’une conférence de presse commune, il a de nouveau apporté son soutien aux Palestiniens dans la guerre dans la bande de Gaza entre le Hamas et Israël. " Nous pensons que la Palestine est la première question du monde musulman, et nous sommes convaincus que les peuples d’Iran et d’Azerbaïdjan soutiennent toujours les peuples de Palestine et de Gaza et détestent le régime sioniste ", a-t-il déclaré.

Photo fournie par la présidence iranienne montrant le président iranien Ebrahim Rïssi (G) lors d’une réunion avec son homologue azéri Ilham Aliyev avant la cérémonie d’inauguration de Qiz Qalasi, le troisième barrage construit conjointement par l’Iran et l’Azerbaïdjan sur la rivière Aras. (Présidence iranienne / AFP)

L’Iran a lancé une attaque inédite le 13 avril contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l’aide des Etats-Unis et de plusieurs autres pays alliés.

M. Raïssi, qui a le titre d’ayatollah, est président de la République islamique depuis près de trois ans.

M. Raïssi figure sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour " complicité de graves violations des droits humains ", des accusations balayées comme nulles et non avenues par les autorités de Téhéran.

Agé de 60 ans, Hossein Amir-Abdollahian a été nommé à la tête de la diplomatie iranienne par le président Raïssi en juillet 2021.

Farouche soutien des groupes pro-Iran au Moyen-Orient, ce diplomate a été proche du puissant général Qassem Soleimani, le chef de la force Qods des Gardiens de la Révolution tué en Irak en 2020 par une frappe américaine.

Avec AFP