Les interrogations et les spéculations sur la politique étrangère iranienne continuent de croître, alors que l’on se demande quelles transformations pourraient encore découler du départ soudain du président Ebrahim Raïssi, décédé en mai dans un accident d’hélicoptère. Le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, qui l’accompagnait, était également victime de l’accident. Très actif sur le plan diplomatique et politique, ce dernier possédait une grande expérience des dossiers régionaux et internationaux.
Dans ce contexte de bouleversement, la victoire du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, début juillet dernier, n’a pas été totalement prévue, surtout parmi les cercles conservateurs. Il reste à voir s’il saura concrétiser ses promesses réformistes à l’intérieur du pays et ses politiques d’ouverture à l’étranger durant son mandat de quatre ans, ou s’il se heurtera à des difficultés pour y parvenir.
Certains qualifient le système iranien d’unique. Les mécanismes «démocratiques» en place ne sont pas toujours parfaitement définis, notamment parce que l'organe chargé de valider les candidatures présidentielles ne se base pas toujours sur des critères uniformes. Ainsi, d'anciens présidents iraniens ont parfois été écartés de la course présidentielle lors d'élections distinctes, comme ce fut le cas pour les présidents Akbar Hachémi Rafsandjani et Mahmoud Ahmadinejad.
Comment un ancien président de la République pourrait-il ne pas remplir à nouveau les conditions nécessaires?
Quoi qu'il en soit, la question de savoir si la politique étrangère iranienne va évoluer est étroitement liée à la manière dont elle est élaborée et aux autorités responsables de cette formulation. L'influence prépondérante du Guide suprême, Ali Khamenei, sur cette politique est évidente. Il est clair que c'est lui, et non le président de la République ou le ministre des Affaires étrangères, qui détermine la direction de la politique étrangère. Cette politique peut évoluer entre escalade et apaisement, en fonction des circonstances et des pressions exercées.
Il a été précédemment mentionné que la structure politique en Iran rend les mécanismes de changement difficiles à appliquer, même s'ils existent. En effet, le président élu est sous l'autorité d'un Guide suprême non élu, de rang supérieur et naturellement non tenu de rendre des comptes. Ainsi, les intentions réformatrices d'un nouveau président ne sont pas suffisantes pour véritablement engager un processus de changement.
Dans le septième plan de développement de l'Iran (2024-2029), plusieurs axes ont été définis pour promouvoir la croissance économique, culturelle et sociale. Ces axes incluent le développement économique, le progrès culturel et social, les sciences et la technologie, la politique étrangère, la défense et la sécurité, ainsi que les réformes administratives.
Trois organismes officiels ont reçu des pouvoirs supplémentaires dans le cadre de ce plan: le ministère du Renseignement, les forces armées et l'Organisation de l'énergie atomique. Le ministère des Affaires étrangères ne faisant pas partie de ces entités, il ne pourra pas élaborer de nouvelles orientations de manière autonome, à moins que celles-ci ne soient pleinement alignées avec les grandes lignes définies par la direction suprême.
Cette situation soulève une question centrale pour la politique étrangère iranienne: devons-nous nous tourner vers l'est ou vers l'ouest? En 2021, lorsque Téhéran a signé un accord stratégique avec Pékin, il semblait que l'orientation principale était vers l'est. Mais l'Iran signe-t-il ces accords avec l'est pour mieux négocier avec l'ouest? Le retour de Mohammad Javad Zarif, ancien ministre des Affaires étrangères, ne montre-t-il pas une volonté de l'Iran de renouer avec un accord nucléaire avec l'ouest, un accord qui avait échoué après la décision unilatérale de l'ancien président américain Donald Trump de se retirer?
Aujourd'hui, l'Iran entre dans une nouvelle phase, influencée par la guerre à Gaza, ce qui impose une réévaluation de certaines idées telles que l'unité des fronts. Les événements ont montré les grandes difficultés de ces concepts face aux réalités militaires régionales et au soutien occidental, notamment américain, accordé à Israël.
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