La guerre entre le Hamas et Israël est entrée dimanche dans son 4ᵉ mois sans aucun signe de répit, l’armée israélienne menant de nouvelles frappes meurtrières à Gaza et le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, s’activant pour éviter un embrasement régional.

L’offensive israélienne a fait 22.835 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon le dernier bilan du Hamas. Les bombardements y ont rasé des quartiers entiers, déplacé 85% de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique, selon l’ONU.

Durant la nuit, l’armée israélienne a mené plusieurs frappes, dont au moins six à Rafah, proche de la frontière égyptienne, a constaté un correspondant de l’AFP. Selon le ministre de la Santé à Gaza, au moins 64 personnes ont été tuées dans ces bombardements.

D’après des témoins, Khan Younès, principale ville du sud de Gaza et nouvel épicentre des combats, a aussi été bombardée.

Les dirigeants du mouvement islamiste Hamas ont en outre déclaré dimanche, lors de leur conférence de presse quotidienne à Beyrouth, qu’ils répondront à l’assassinat par Israël du chef du mouvement, Saleh Al-Arouri, survenue mardi dans la banlieue sud de Beyrouth.

Deux journalistes tués

Al-Jazeera a annoncé la mort de deux journalistes palestiniens travaillant pour elle à Gaza, Moustafa Thuraya, un vidéaste pigiste collaborant aussi avec l’AFP, et Hamza Waël Dahdouh, tués selon elle dimanche par une frappe israélienne sur leur voiture.

La chaîne qatarie a accusé l’armée israélienne de "cibler" les journalistes palestiniens à Gaza, après les décès des deux reporters, parmi lesquels le fils du chef de son bureau dans le territoire palestinien, Wael Dahdouh. Celui-ci avait déjà perdu son épouse et deux de ses enfants, fin octobre, dans une frappe israélienne.

"Le monde devrait voir avec deux yeux, pas avec un œil israélien, il devrait voir tout ce qui arrive au peuple palestinien (…) mais le monde ferme les yeux sur ce qui se passe dans la bande de Gaza", a dénoncé ce dernier, en pleurs, après les obsèques de son fils à Rafah.

Tensions en Cisjordanie

En Cisjordanie occupée, huit Palestiniens ont été tués dimanche, dont sept dans un nouveau raid israélien à Jénine, bastion des factions armées palestiniennes dans ce territoire. Les violences y ont également fait deux morts israéliens, une policière et un civil, ont indiqué des sources palestiniennes et israéliennes.

La police israélienne a annoncé dimanche avoir tiré sur une enfant palestinienne à un poste de contrôle en tentant d’arrêter une attaque à la voiture-bélier en Cisjordanie occupée. Les médecins ont ensuite déclaré qu’une fillette de trois ans était décédée.

"Après avoir tiré sur les terroristes, une fillette qui se trouvait dans un autre véhicule au poste de contrôle a été blessée", a déclaré la police israélienne. Les services d’urgence israéliens, Magen David Adom, ont dit qu’une enfant de trois ans "a été déclarée décédée" après avoir été examinée.

"Victoire totale"

Malgré les pressions internationales et les appels au cessez-le-feu, Israël reste inflexible.

"J’ai un message clair à nos ennemis: ce qui s’est passé le 7 octobre ne se reproduira plus jamais", a déclaré dimanche le Premier ministre, Benjamin Netanyahou. "C’est l’engagement de mon gouvernement (…) Nous devons continuer jusqu’à la victoire totale", a-t-il poursuivi.

Selon plusieurs responsables américains ayant parlé au Washington Post, un rapport de l’Agence de renseignement de la Défense (DIA)  met en avant le risque que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, tente par tous les moyens d’élargir le front au Liban, dans le but d’assurer sa survie politique.

Blinken poursuit sa tournée régionale

Antony Blinken, dont le pays est le premier soutien politique et militaire d’Israël, s’est entretenu près de Doha avec l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani.

"Les négociations entre les Qataris, Israël et le Hamas concernant la libération des otages à Gaza se poursuivent", a indiqué une source bien informée à l’AFP. Concernant la mort de journalistes d’Al-Jazeera, Antony Blinken a évoqué une "tragédie inimaginable". Il a également affirmé que les Palestiniens déplacés de Gaza doivent pouvoir "rentrer chez eux" dès que possible.

Le conflit "pourrait aisément se métastaser, causant encore plus d’insécurité et de souffrance", a-t-il aussi mis en garde, assurant que les États-Unis œuvraient à "empêcher le conflit de se propager" dans la région.

M. Blinken, qui entame une nouvelle tournée dans des pays arabes et en Israël, avait auparavant rencontré à Amman le roi Abdallah II de Jordanie.

Selon un communiqué du Palais royal, le souverain hachémite a appelé les États-Unis à faire pression sur Israël pour un "cessez-le-feu immédiat", mettant en garde contre les "répercussions catastrophiques" d’une poursuite des hostilités.

Il a martelé "le rejet total par la Jordanie du déplacement forcé des Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza", après les déclarations de ministres israéliens préconisant un retour de colons juifs à Gaza.

Antony Blinken a réaffirmé l’opposition des États-Unis à un tel dessein, selon un communiqué du département d’État américain.

Visant un centre du Programme alimentaire mondial en Jordanie, il a par ailleurs souligné qu’il était "impératif de maximiser l’aide humanitaire à Gaza".