Alors que la communauté internationale reste divisée quant à la solution à apporter au conflit, les combats font rage au sud de l’enclave. Sous les bombardements nourris de l’aviation israélienne, près de 20.000 nourrissons sont nés "en enfer" selon la porte-parole de l’Unicef, Tess Ingram.

Les négociations se poursuivent entre Israël et le Hamas pour parvenir à une nouvelle trêve durant laquelle de nouveaux otages et prisonniers devraient être libérés des deux côtés, selon le quotidien Asharq Al-Awsat, rapportant des sources égyptiennes. Selon ces sources, "cette nouvelle trêve ne constitue pas une alternative au plan proposé par l’Égypte pour aboutir à un arrêt des combats à Gaza".

Fin décembre, l’Égypte avait proposé un nouveau en trois étapes. La première consistait en une trêve renouvelable de deux semaines en échange de la libération de plusieurs otages et prisonniers des deux côtés. La deuxième étape était la mise en place d’un "dialogue national palestinien" sous l’égide de l’Égypte afin d’unifier Gaza et la Cisjordanie. Le troisième consistait en un cessez-le-feu total et le retrait d’Israël de Gaza.

Sur le terrain, les bombardements israéliens se sont poursuivis vendredi dans la bande de Gaza. L’armée israélienne concentre ses combats au sol dans la ville de Khan Younès, où se cachent, selon l’État hébreu, de nombreux membres du Hamas.

Selon le ministère de la Santé de Gaza, les frappes israéliennes avaient tué à la mi-journée 77 personnes dans le petit territoire assiégé.

Le Croissant-Rouge palestinien a fait état d’habitants blessés par des drones israéliens "visant des citoyens à l’hôpital al-Amal" et son siège à Khan Younès.

Entrées le 27 octobre à Gaza, les troupes israéliennes continuent de progresser vers le Sud, où des centaines de milliers de Gazaouis étaient venus chercher refuge aux premières semaines du conflit.

L’armée, qui a annoncé vendredi un bilan de 194 soldats tués à Gaza, dit toutefois rester confrontée à des combattants isolés du Hamas dans le Nord.

En soirée, les brigades Al-Nasser Salah al-Din, branche armée des Comités de résistance populaire et alliés du Hamas, ont diffusé la vidéo d’un otage israélien affirmant qu’il avait été tué dans un bombardement de l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Cette vidéo montre un homme blessé recevant des soins. Elle s’achève sur un message affirmant que "l’ennemi l’a tué (…) dans une frappe aérienne il y a quelques jours".

Cette vidéo reçue par des journalistes de l’AFP dans la bande de Gaza n’est pas datée et ne peut être authentifiée de manière indépendante. Contrairement à une vidéo précédente diffusée par le Hamas, les images ne montrent pas de corps.

Par ailleurs, les sirènes d’alarme ont retenti pour la première fois à Haïfa depuis le début de la guerre et une explosion y a été entendue.

"Enfer"

Commentant la guerre à Gaza, le patron de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déploré des "conditions de vie inhumaines". Les quelque 2,4 millions d’habitants y manquent de tout; ils sont en outre privés de téléphone et d’Internet depuis une semaine, la plus longue coupure depuis le début du conflit. En soirée, l’opérateur palestinien Paltel a annoncé à cet égard un "retour progressif des télécommunications".

De son côté, la porte-parole de l’Unicef, Tess Ingram, a souligné que près de 20.000 nourrissons sont nés "en enfer" depuis le 7 octobre dans des conditions "dépassant l’entendement".

L’ONU a aussi pointé du doigt l’arrestation par Israël de milliers d’hommes gazaouis depuis le début de la guerre. Ces derniers ont souvent été soumis à de mauvais traitements qui pourraient s’apparenter à de la torture, a dénoncé l’ONU. L’armée israélienne a toutefois affirmé à l’AFP que les détenus sont traités "conformément au droit international".

Entretien Biden-Netanyahou

Pour la première fois depuis le 23 décembre, le président américain, Joe Biden, s’est, selon ses services, entretenu vendredi du conflit avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.

Joe Biden "croit toujours (…) à la possibilité" d’un État palestinien, mais "reconnaît qu’il faudra beaucoup de travail pour en arriver là", a dit vendredi un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, après l’entretien des deux dirigeants.

La Maison Blanche s’est aussi dite "très préoccupée" par des informations de l’agence palestinienne Wafa sur la mort d’un Palestinien de 17 ans. Celui-ci, détenteur, selon son père, d’un passeport américain, a été abattu par des tirs israéliens près de Ramallah en Cisjordanie.

Vendredi, la diplomatie russe a de son côté, lors de pourparlers à Moscou, appelé le Hamas à libérer ses otages, jugeant "catastrophique" la crise humanitaire à Gaza.

"La partie russe a insisté sur la nécessité de libérer rapidement les civils capturés lors des attaques du 7 octobre 2023 et détenus par les factions palestiniennes", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères après une rencontre entre le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, et Moussa Abou Marzouk, membre du bureau politique du Hamas.

Ces discussions avaient notamment pour objet de "clarifier la position (du Hamas) et sa politique sur la question" des otages, selon un communiqué du mouvement islamiste palestinien publié après la rencontre.

Elles ont également porté sur "les moyens d’obtenir un cessez-le-feu" dans la bande de Gaza, selon le Hamas, qui assure avoir reçu le soutien de la Russie "sur les droits du peuple palestinien".

La Maison Blanche a, par ailleurs, annoncé qu’Israël va permettre à des cargaisons de farine d’être livrées dans la bande de Gaza via le port d’Ashdod, près du territoire palestinien assiégé.