Au lendemain de la décision "historique" de la Cour international de justice enjoignant Israël d’éviter tout "génocide", la population civile à Gaza, plus particulièrement à Khan Younès, reste prise sous les feux de l’armée israélienne et du Hamas. 

Le sort des civils à Gaza restait samedi une source de préoccupation majeure au lendemain de la décision de la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’ONU, appelant Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" dans le territoire palestinien.

Ces inquiétudes se focalisent notamment sur Khan Younès, principale ville du sud du territoire assiégé qui, depuis plusieurs jours, est le théâtre de combats acharnés entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Ces affrontements, doublés de raids aériens israéliens, ont poussé des milliers de personnes à quitter la ville et ont réduit a minima la capacité des deux principaux hôpitaux locaux, Nasser et Al-Amal.

Dans la nuit, des témoins ont fait état de frappes violentes sur place et le Croissant-Rouge palestinien a dit avoir reçu des morts et traité des blessés à l’hôpital al-Amal.

Quant à l’hôpital Nasser, le plus important de Khan Younès, sa "capacité chirurgicale" est "quasiment inexistante", et les "quelques membres du personnel médical qui sont restés doivent composer avec des stocks de matériel médical très faibles", a déploré Médecins sans frontières (MSF).

"Alors que les combats s’intensifient autour de l’hôpital Nasser (…), des centaines de patients et des membres du personnel de santé ont fui. Il reste actuellement 350 patients et 5.000 personnes déplacées (par les combats) dans l’hôpital", a renchéri sur X Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

"L’hôpital est à court de carburant, de nourriture et de fournitures", a-t-il ajouté, appelant à un "cessez-le-feu immédiat".

Décision historique

Saisie par l’Afrique du Sud, la CIJ a appelé vendredi Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" à Gaza, une accusation jugée "scandaleuse" par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.

Israël, qui contrôle l’entrée de l’aide internationale dans ce territoire assiégé, doit prendre "des mesures immédiates" pour permettre l’accès à l’aide à Gaza, a déclaré la CIJ, qui ne dispose d’aucun levier pour imposer ses décisions.

Or, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira mercredi pour se pencher sur cette décision, à la demande de l’Algérie qui cherche à lui "donner un effet exécutoire".

L’Union européenne a demandé l’application "immédiate" de cette décision, qualifiée de "sans fondement" par Washington, principal allié d’Israël, tandis que la France a souligné que le crime de génocide nécessitait "l’établissement d’une intention". Le Brésil a également demandé le "respect total et immédiat" de la décision, par la voix de son ministère des Affaires étrangères.

La décision de la CIJ a été saluée par la Turquie, l’Iran, l’Espagne et le Qatar, médiateur qui accueille la direction du Hamas. De son côté, l’Arabie saoudite a demandé à ce qu’Israël "rende des comptes" pour ses "violations" du droit international.

Avec AFP