La guerre entre Israël et le Hamas est entrée dans son 113ᵉ jour, samedi 27 janvier. Tandis qu’à Gaza, Khan Younès demeure l’épicentre des combats, le gouvernement israélien s’acharne désormais contre l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

Des combats meurtriers entre l’armée israélienne et le Hamas ont fait rage samedi dans le sud de la bande de Gaza, où des centaines de milliers de civils pris au piège survivent dans des "conditions de désespoir" selon l’ONU.

Dans ce contexte, Israël a promis samedi d’en finir avec l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont sept pays ont jusque-là suspendu le financement, après des accusations israéliennes selon lesquelles des employés auraient été impliqués dans l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre. Il s’agit de l’Australie, le Canada, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l’Italie, l’Allemagne et la Suisse, emboîtant le pas aux États-Unis.

Israël veut "s’assurer" que l’Unrwa ne joue plus aucun rôle à Gaza après la guerre, a déclaré samedi son chef de la diplomatie, Israël Katz, le Hamas dénonçant des "menaces" à l’encontre de cette agence.

L’Unrwa a "besoin de soutien", pas qu’"on lui coupe" les vivres, a réagi l’Autorité palestinienne.

L’attaque du Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, a entraîné la mort d’environ 1.140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

En riposte, Israël a juré " d’anéantir " le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une vaste opération militaire qui a fait 26.257 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan samedi du ministère de la Santé de Gaza.

Khan Younès sous les feux

La grande ville de Khan Younès, dans le sud de Gaza, considérée par Israël comme une place forte du mouvement islamiste palestinien, est désormais au cœur de la guerre déclenchée par cette attaque.

Les combats s’y sont poursuivis samedi, selon des témoins, notamment aux abords des deux principaux hôpitaux, Nasser et al-Amal, qui ne fonctionnent plus qu’au ralenti.

Un déplacé de 28 ans a été tué samedi à l’entrée des urgences d’al-Amal par des tirs israéliens, selon le Croissant-Rouge palestinien.

À l’hôpital Nasser, "à court de carburant, nourriture et fournitures", il reste "actuellement 350 patients et 5.000 personnes déplacées", a décrit Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), appelant de nouveau à un "cessez-le-feu immédiat".

"Aucun endroit sûr"

Une dizaine de kilomètres au sud de Khan Younès, plus de 1,3 million de Gazaouis déplacés sont massés à Rafah, acculés, dans des "conditions de désespoir", contre la frontière fermée avec l’Égypte, selon l’ONU.

Les rues jonchées de déchets où s’écoulent les eaux usées sont remplies de centaines de milliers de tentes, abris dérisoires contre des pluies diluviennes, selon un journaliste de l’AFP.

Au bord des routes, des dizaines de commerçants vendent l’aide acheminée dans le territoire assiégé au double du prix, notamment conserves, matelas et couvertures.

La ville n’est pas non plus épargnée par les bombes. "Il n’y a aucun endroit sûr dans la bande de Gaza. Tout ce qui est dit est faux", témoigne Mohammed al-Chaer, un habitant de la ville, dans son quartier dévasté.

Tentative de médiation

La Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l’ONU, saisie par l’Afrique du Sud, avait appelé vendredi Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" à Gaza et permettre l’entrée de l’aide humanitaire. La CIJ ne dispose cependant d’aucun moyen pour faire appliquer ses décisions.

Alors que la guerre ne connaît aucun répit, le Qatar, l’Égypte et les États-Unis tentent une médiation pour parvenir à une nouvelle trêve, qui inclurait la libération d’otages et de prisonniers palestiniens.

Quelque 250 personnes ont été enlevées en Israël pendant l’attaque du 7 octobre et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre durant une trêve. Selon les autorités israéliennes, 132 otages sont toujours détenus dans la bande de Gaza, dont 28 présumés morts.

Le directeur de la CIA, le service de renseignement américain, va rencontrer "dans les tout prochains jours à Paris" ses homologues israélien et égyptien, ainsi que le Premier ministre qatari, pour tenter de conclure un accord de trêve, selon une source sécuritaire.

Plusieurs milliers de personnes ont par ailleurs participé samedi soir à des rassemblements en Israël, notamment dans le centre de Tel-Aviv, pour demander le retour des otages et la démission du gouvernement en vue de la tenue d’élections.

Mais dans une allocution télévisée, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a de nouveau martelé: "Si nous n’éliminons pas les terroristes du Hamas (…) le prochain massacre n’est qu’une question de temps."

Avec AFP