Israël a annoncé lundi une interdiction de visa à l’encontre du rapporteur spécial des Nations unies pour les territoires palestiniens en raison de ses récents commentaires niant le caractère " antisémite " de l’attaque du Hamas.

L’experte indépendante nommée par l’ONU, Francesca Albanese, a déclaré la semaine dernière qu’elle n’était pas d’accord avec la description faite par le président français Emmanuel Macron de l’attaque, qui a déclenché une véritable guerre à Gaza, comme étant " le plus grand massacre antisémite de notre siècle ".

Les ministres israéliens des Affaires étrangères, Israël Katz, et de l’Intérieur, Moshe Arbel, ont qualifié sa remarque en ligne de " scandaleuse " et ont déclaré dans un communiqué qu’elle était désormais " interdite d’entrée dans l’État d’Israël ".

Les liens d’Israël avec plusieurs organes et représentants des Nations unies se sont détériorés depuis le début de sa guerre contre les militants du Hamas dans la bande de Gaza.

Les ministres ont déclaré dans leur communiqué que " si l’ONU veut redevenir un organe pertinent, ses dirigeants doivent désavouer publiquement les propos antisémites de l' "envoyée spéciale " – et la renvoyer immédiatement ".

Contactée par l’AFP, Mme Albanese n’a pas commenté la décision israélienne, qui lui interdirait également l’accès à la Cisjordanie.

Mais sur son compte X, elle a déclaré : " Je refuse d’être intimidée par les Israéliens. Je refuse d’être intimidée par ceux qui sont complices de la perpétuation de la Nakba ", le déplacement massif de Palestiniens au moment de la création d’Israël en 1948.

Mme Albanese s’est déjà déclarée " déçue " que la réaction aux commentaires de M. Macron ait été interprétée comme une " justification " de l’attaque du Hamas, soulignant qu’elle l’avait condamnée à plusieurs reprises.

" Expliquer ces crimes par l’antisémitisme masque leur véritable cause ", a-t-elle déclaré, qualifiant l’antisémitisme de " menace mondiale ".

Les rapporteurs spéciaux des Nations unies sont des experts indépendants non rémunérés mandatés par le Conseil des droits de l’homme.

Ils ne parlent pas au nom des Nations unies, mais font part de leurs conclusions aux mécanismes d’établissement des faits et de surveillance du Conseil.

Israël a déjà critiqué Mme Albanese après que celle-ci et d’autres experts des droits de l’homme mandatés par l’ONU ont déclaré en novembre que les Palestiniens de la bande de Gaza, ravagée par la guerre, étaient " exposés à un risque grave de génocide ".

Elle a également critiqué la décision de plusieurs pays donateurs de suspendre le financement de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, à la suite d’allégations israéliennes selon lesquelles 12 membres du personnel étaient impliqués dans l’attaque.

Avec AFP