Avalanche de morts et de blessés, monceau d’équipements détruits, exode massif de réfugiés: deux semaines après le début de l’invasion russe en Ukraine, le bilan humain et matériel du plus grave conflit militaire en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale donne le vertige.

 

Des millions de réfugiés
Le conflit déclenché le 24 février a provoqué l’une des plus graves crises humanitaires du continent. Plus de 2 millions de personnes ont déjà fui pour se réfugier à l’étranger, essentiellement en Pologne, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L’Europe s’attend à recevoir cinq millions de réfugiés.Sur le terrain, l’intensification des bombardements contre plusieurs villes ukrainiennes promet de faire grossir le nombre de tués parmi la population civile prise au piège. Depuis le début de la guerre, au moins 474 civils ont été tués et 861 blessés, d’après le dernier décompte de l’ONU, qui souligne que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité.

Selon le directeur de la CIA, William Burns, il est " probable " que le président russe Vladimir Poutine " redouble d’efforts et tente d’écraser l’armée ukrainienne sans se soucier des pertes civiles ".

Pour ce qui est des réfugiés, la barre des deux millions a été franchie seulement 12 jours après le début du conflit, faisant dire à Filippo Grandi, le Haut-commissaire aux réfugiés, que c’est le flux le plus rapide sur le continent européen depuis la Deuxième guerre mondiale. Les autorités et l’ONU s’attendent à ce que le flot s’intensifie encore. Plusieurs tentatives d’ouvertures de couloirs humanitaires ont échoué depuis le début de la guerre, mais un nouvel accord a été annoncé dans la matinée de mercredi.

Selon l’ONU, quatre millions de personnes pourraient vouloir quitter le pays pour échapper à la guerre. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a de son côté estimé que l’Europe pouvait s’attendre à recevoir cinq millions d’exilés, si le conflit se poursuit. Avant ce conflit, l’Ukraine était peuplée de plus de 37 millions de personnes dans les territoires contrôlés par Kiev – qui n’incluent donc pas la Crimée annexée par la Russie, ni les zones sous contrôle des séparatistes pro-russes.

La Pologne accueille à elle seule plus de la moitié de tous les réfugiés qui ont fui depuis le début de l’invasion russe. Au total, 1.294.903 sont présents dans ce pays, selon le décompte du HCR arrêté au 8 mars. Depuis le 24 février, 1.330.000 personnes fuyant le conflit en Ukraine sont entrées en Pologne, dont 93% de citoyens ukrainiens, ont annoncé mercredi matin les garde-frontières polonais. La veille, mardi, ils ont enregistré 142.400 voyageurs. Avant cette crise, la Pologne abritait déjà environ 1,5 million d’Ukrainiens venus, pour la plupart, travailler dans ce pays membre de l’Union européenne.

Militaires tués par milliers

Le lourd bilan qui s’esquisse après 14 jours de conflit témoigne de l’intensité des combats. Si les données disponibles sont sujettes à caution, la Russie, qui a engagé plus de 150.000 soldats dans la bataille, essuie indéniablement de grosses pertes. Dans le seul bilan officiel russe disponible, publié le 2 mars, Moscou a fait état de près de 500 militaires tués et 1.600 blessés dans ses rangs, soit une moyenne quotidienne d’environ 80 soldats tués et de plus de 260 blessés. Des chiffres très vraisemblablement minorés.

Mardi, le Pentagone évoquait pour sa part une estimation comprise entre 2.000 et 4.000 morts russes en 14 jours de conflit, soit entre 153 et 307 morts par jour. Avec le ratio de trois blessés pour un mort annoncé par Moscou, l’armée russe compterait entre 6.000 et 12.000 blessés. A titre de comparaison, quelque 4.000 militaires américains ont été tués en Irak entre 2003 et 2021. En Afghanistan, conflit qui a duré vingt ans face aux Talibans, 2.500 soldats américains ne sont pas rentrés. La France, qui lutte contre les groupes jihadistes au Sahel depuis 2013, y a perdu pour sa part 53 militaires en huit ans.

Haute intensité

Avec le conflit en Ukraine, " le monde redécouvre le combat de haute intensité ", commente Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES). Il rappelle que l’attrition atteignait les mêmes proportions pendant la guerre en Tchétchénie (1994-1996), où la guerre israélo-arabe du Kippour (1973), durant laquelle " en trois semaines les Israéliens ont eu 3.000 morts et 9.000 blessés ".  " Durant la guerre Iran-Irak, les chiffres atteignaient même les 1.000 morts par jour durant les grandes offensives ", note-t-il.

En Ukraine, le bilan promet de s’alourdir si les Russes se lancent à l’assaut des grandes villes où les forces ukrainiennes, retranchées, disposeront davantage tactiques majeurs.  " Si les forces ukrainiennes continuent à faire subir des pertes aux militaires russes au rythme actuel, Poutine devra commencer à penser à une stratégie de sortie viable ", estime le chercheur Gustav Gressel, dans une note du centre de recherche European Council on Foreign relations (ECFR).  De son côté, Kiev n’a pas donné de bilan de ses pertes. Moscou prétendait début mars que 2.800 soldats ukrainiens avaient été tués.

Des centaines de blindés détruits

Chars en flammes, blindés détruits, camions abandonnés au bord des routes…. Les images témoignent de lourds dommages en matière d’équipement militaire.

Le bilan des pertes russes avancé par le ministère ukrainien de la Défense, probablement gonflé, fait état de 81 hélicoptères, 317 chars, un millier de véhicules blindés, 120 canons d’artillerie, 28 véhicules de défense aérienne, 56 véhicules lance-roquettes (type Grad), 60 camions citernes, 7 drones opérationnels et tactiques et trois navires.

Le site oryxspioenkop.com, qui recense uniquement les pertes matérielles ukrainiennes et russes visuellement documentées sur le champ de bataille (photo ou vidéo à l’appui), faisait notamment état mercredi de 151 chars perdus pour la Russie, près de 300 véhicules blindés, 10 avions de chasse et 11 hélicoptères, contre 46 chars perdus par les Ukrainiens, moins d’une centaine de blindés, 5 avions de chasse et deux navires.

 

AFP

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