Le débat télévisé
Un moment clé des deux semaines de la nouvelle campagne qui commence sera le 20 avril lors du traditionnel débat télévisé de l’entre-deux tours.
En 2017, le phénomène Emmanuel Macron dynamitant la gauche et la droite par le centre, avait nettement dominé Marine Le Pen.
En 2022, la fille de l’ancien et sulfureux tribun Jean-Marie Le Pen, qui avait été le premier à conduire l’extrême-droite au deuxième tour en 2002, semble nettement mieux préparée.
Elle a conduit une campagne de terrain, axée sur le pouvoir d’achat, principale préoccupation des électeurs, tandis qu’Emmanuel Macron, accaparé par la guerre en Ukraine et peut-être trop mis en confiance par les sondages, s’est peu impliqué dans ce premier tour.
La campagne électorale a été inédite, car complètement perturbée par la pandémie de Covid 19 et par la guerre.
Déboussolé ou lassés, de très nombreux Français se sont abstenus ou ont hésité jusqu’au dernier moment avant de choisir leur candidat parmi les douze prétendants.
Comme Françoise Reynaud, une électrice de 55 ans à Marseille (sud): " Sur les 12, j’en avais sélectionné quatre hier soir, et je me suis décidée ce matin ".
A Pantin, en région parisienne, Blandine Lehout, comédienne de 32 ans, expliquait qu’elle n’irait pas voter: " C’est la première fois de ma vie ", " mais là je les déteste tous. On est à un stade où ils me font peur ", explique-t-elle.
L’abstention sera aussi un des enjeux principaux du second tour, ainsi que les reports de voix.
Certains candidats ont déjà annoncé qu’ils appeleraient à faire barrage à Mme Le Pen, comme le communiste Fabien Roussel.
Mais la stratégie du " Front républicain ", employé depuis des décennies par les partis de gouvernement pour tenter d’enrayer la progression de l’extrême droite semble désormais à bout de souffle tant la défiance des électeurs est grande.
Dans l’entourage de M. Macron, on admet que ce réflexe, dont il avait bénéficié lors de son élection en 2017, n’est plus une évidence.
Sentant la menace, le président candidat avait accéléré sa campagne en fin de semaine et multiplié les attaques contre une extrême droite " banalisée ".
La gauche se retrouve ainsi éjectée du deuxième tour pour la deuxième fois de suite après 2017, ce qui n’était jamais arrivé sous la Ve République (depuis 1958).
Le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième mais loin derrière a vainement appelé au " vote utile " sur son nom.
Il avait annoncé avant l’élection qu’il consulterait sa base avant de se prononcer sur une éventuelle consigne de vote.
La droite traditionnelle a aussi enregistré un mauvais score inédit, avec Valérie Pécresse aux alentours de 5%.
Le vote des candidats
La candidate socialiste Anne Hidalgo a déposé la première son bulletin dans l’urne à Paris, suivie par Jean-Luc Mélenchon à Marseille, Philippe Poutou à Bordeaux, Valérie Pécresse à Vélizy-Villacoublay (Yvelines), Jean Lassalle à Lourdios-Ichère (Pyrénées-Atlantiques), Fabien Roussel à Saint-Amand-les-Eaux (Nord) et Marine Le Pen à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). M. Macron et son épouse Brigitte ont voté peu après 12H30 dans le même département, au Touquet.